• Dans la souricière, The trap, Norman Panama, 1959

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    C’est un film noir, tourné comme un western. C’est d’ailleurs cela qui lui donne un parfum étrange. Ralph Anderson revient dans la petite ville de Tula où son père est shérif et son frère adjoint. Il fait chaud et tout le monde transpire beaucoup. Mais Ralph n’y revient pas par nostalgie, c’est plutôt contraint et forcé qu’il est là, sommé par le chef mafieux Massonetti de négocier avec son shérif de père le libre accès à l’aéroport. Car en effet Massonetti est recherché par le FBI et cherche à s’enfuir. Massonetti est un homme puissant, à la tête d’une organisation dangereuse que Ralph en tant qu’avocat a servi. Cependant, en revenant à Tula, Ralph va réveiller des vieux démons. Son frère Tippy qui a épousé sa fiancée ne voit pas d’un bon œil ce retour. Son père également qui croit que Ralph a été à l’origine d’un accident, lui fait un peu la gueule. Seule Linda semble contente de le revoir. Ralph va cependant convaincre son père de laisser filer cette canaille de Massonetti. Mais à cause de Tippy qui veut se mettre en valeur, le shérif est tué. Dès lors Ralph n’aura plus qu’un seul but, remettre Massonetti dont il s’est emparé à la justice des hommes. Pour cela il va fuir Tula, dans la petite ville il ne se sent pas en sécurité. 

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    Ralph retrouve son ivrogne de frère dans le bureau du shérif 

    A partir de ce moment là le film décrit la poursuite entre les hommes de Massonetti et Ralph. Il s’agit de traverser une région des plus hostiles où les pièges et les embuscades sont nombreux. Massonetti essaie de soudoyer Tippy qui est plutôt du genre rancunier, et ce d’autant qu’il s’est bien rendu compte que sa femme avait un peu plus qu’un penchant pour son frère. Evidemement dans ce genre de poursuite, les survivants ne seront pas très nombreux, et Tippy y laissera la vie, afin de laisser la place à Ralph dans le cœur de Tina. Massonetti sera finalement arrété et on suppose qu’il sera condamné à la chaise électrique puisqu’il est notoirement l’instigateur de plusieurs meurtres. 

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    Ralph, son frère et un adjoitn du shérif essaie d’évacuer leur prisonnier vers Barstow 

    Il y a donc deux films pour le prix d’un. D’une part un film noir, avec le conflit entre les deux frères, ou entre Ralph et son père, et de l’autre la poursuite à travers un paysage désertique où toute enfructuosité est un possible piège. Le personnage de Ralph est complexe, car s’il a fini par collaborer avec la pègre, c’est parce qu’il voulait démontrer à son propre tyran de père ses talents. Pour cette ambition, il a sacrifié son amour pour Tina qui de dépit s’est marié avec le très fade Tippy. On voit qu’il est facile de transposer un tel scénario à la période de la conquête de l’Ouest quand un homme riche et puissant pouvait imposer sa loi aux autorités constituées. Il y a un petit côté Le train sifflera trois fois dans la détermination de Ralph, presque seul contre tous.

    Si la première partie du film flirte un peu avec l’univers de Jim Thompson, la seconde est plus sage et plus héroïque, tout le monde suit la voie de la rédemption, y compris Tippy qui a la bonne idée de se faire tuer. Mais ce conformisme, très américain, n’est pas très génant, plutôt un peu ronronnant. En tous les cas la dureté de l’aventure, de la course dans le désert, est tout à fait prenante.

    La fin est pleine de rebondissements, avec un piège (The trap est le titre) qui paraît se refermer inexorablement sur Ralph Anderson.

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    Le frère de Ralph est prêt à le trahir pour de l’argent

    Bien que Norman Panama ne soit pas très connu, son plus haut fait de gloire est un film avec Danny Kaye, Le bouffon du roi, la mise en scène est excellente. Cette maitrise est surtout évidente dans la première parie, celle qui se passe dans la ville. Le découpage amplifie l’efficacoité des scènes d’action en donnant de la profondeur de champ, en alternant les gros plans et les plans larges, en modifiant les angles de prise de vue au milieu des scènes d’action justement. La seconde partie est moins brillante, certes les paysages désolés sont fort bien utilisés, mais un peu comme dans n’importe quel western. 

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    Ralph reçoit un coup de fil menaçan de la bande de Massonetti 

    L’interprétation pose un peu plus de problème, un peu trop grimaçante à mon goût, mais c’est surtout Lee J. Cobb qui n’a jamais été un modèle de sobriété qui en fait des tonnes. Richard Widmark est très bien, parfois il tord un peu la bouche sur le côté pour se donner un genre, mais c’est bon dans l’ensemble. Le meilleur est sans doute Earl Holliman  qui comme à son ordinaire joue le rôle du mauvais, même si il a quelques excuses pour avoir été un rien négligé par son père. Enfin reste Tina Louise qui est un peu trop statique à mon sens et qui joue plus sur sa plastique pulpeuse que sur son intériorité. Grande, solide, c’était seulement les débuts de sa carrière. Dans le rôle d’un homme de main, on reconnaîtra Lorne Greene qui devait connaître le succès ultérieurement dans la série télévisée, Bonanza. 

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    Ralph sauvera Massonetti afin qu’il soit jugé 

    C’est donc au final une heureuse surprise, un film abouti, même si le déroulement de l’histoire est assez attendu pour les spectateurs d’aujourd’hui qui en ont vu d’autres. 

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    Ralph retrouvera à la fois l’honneur et l’amour de la belle Tina

     

     

    « Milan Kundera, La fête de l’insignifiance, Gallimard, 2014Gone girl, David Fincher, 2014 »
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