• L’ennemi public, The public enemy, William Wellman, 1931

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    Avec The little Caesar sorti la même ennée, Public enemy est le protoype du film de gangster, ascension et chute d’un caïd. Deux jeunes gens liés par une amitié indéfectible n’ont que mépris pour les conventions sociales et la morale du travail. Préférant la rue à l’école, ils vont rapidement être mêlés à des actions de petite délinquance qui vont les mener à commettre un meurtre. Dès lors l’engrenage est fatal. L’argent facile de la prohibition les entraînera dans une guerre des gangs qui leur sera fatale.

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    Plus de 80 ans après le film reste toujours visible. Il a très peu vieilli. Cela est dû d’abord à la patte de Wellman qui filme avec justesse la vie de la rue et donne ainsi au contexte social une importance décisive. Si le film eut autant de succès à sa sortie, c’est bien sûr à cause de la crise qui avait relativisé les conceptions de l’honnêteté face aux turpitudes des banquiers (déjà !), mais aussi à cause de l’échec patent de la prohibition. Mais bien sûr il y a aussi un scénario subtil qui, malgré les avertissements au début et à la fin du film, ne sombre pas dans le manichéisme. Ainsi les gangsters ne sont pas tous des êtres sans morale et sans cœur, et le frère de Tom qui est censé représenter la morale ordinaire a des allures hallucinés. Certes il a des excuses, il revient de la guerre, mais la façon sadique dont il poursuit son frère cadet pour le faire rentrer dans le rang laisse songeur. De même il y a des allusions nombreuses à l’homosexualité, que ce soit les regards du tailleur de Tom, ou encore le fait que celui-ci s’en aille vers le suicide lorsque son ami est abattu par le gang adverse. Le personnage de Gwenn n’en est pas moins surprenant. Interprété par Jean Harlow, il représente la femme en voie d’émancipation qui n’a pas peur d’affirmer la diversité de ses relations sexuelles dans un monde où la guerre des sexes est plus une nécessité qu’un principe philosophique.

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    C’est le film qui permit à James Cagney de devenir une vedette presque du jour au lendemain. Il dégage une énergie qui ensuite va faire école. C’est le héros de la rue, et c’est à ce titre qu’il révolutionna la manière de jouer. Il est décalé d’ailleuirs par rapport aux autres acteurs qui jouent encore comme au théâtre. Si la prestation de Jean Harlow n’a rien de remarquable, on est heureux de retrouver la sexy Joan Blondell qui a l’époque fit scandale pour ses publicités légèrement dénudées.

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    Il y a des scènes surprenantes, la manière dont James Cagney écrase un pamplemouse sur la figure de sa compagne qui le contrarie. Ou encore la vengeance de Tom sous la pluie et bien sûr son arrivée au domicile familial où il meurt quasiment dans les bras de son frère.

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    Ce fut eut un succès considérable, et à l’évidence il est une des matrices du film noir, même si dans sa manière d’être photographié et mis en scène, il n’en a pas encore toute la technique.

     

     

     

    « Henri ou Henry, le roman de mon père, Didier Decoin, Grasset, 2006Sang et or, Body and soul, Robert Rossen, 1949 »
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