• Le pays de la violence, I Walk the Line, John Frankenheimer, 1970

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    Le sheriff Tawes exerce dans une petite ville du Tennessee, une bourgade en perdition, pauvre et déglinguée, les ouvriers complètent leurs revenus en faisant les bouilleurs de cru. Tawes s’ennuie, il est las de la vie qu’il mène, de sa femme et de sa famille. Un jour un tombe sur Alam McCain, une jeune fille qu’il arrête parce que son petit frère conduisait une camionnette d’une manière un peu dangereuse. Il la laisse filer, mais il va peu à peu tomber amoureux d’elle. Tawes est un homme un peu vieillissant. Mais c’est aussi le moment que choisissent les fédéraux pour s’en prendre aux fabricants clandestins d’alcool. Il lui faut participer à la chasse, alors qu’il ne rêve que de partir avec Alma. Son adjoint, Hunnicutt, est plutôt jaloux et le surveille. Tout cela finira plutôt mal, Hunnicutt qui essaie de violer Alma sera tué par le père McCain, Tawes dissimulera le corps. Mais Alma préférera partir avec sa famille et le shérif se retrouvera tout seul.

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    Tawes croise la route d’Alma

     John Frankenheimer est un cinéaste sous-estimé, mais sa filmographie est très intéressante et abonde en excellents films, notamment ceux qu’il tourna avec Burt Lancaster. I walk the line est très bon. C’est un film aussi très noir. On n’est guère habitué à voir Gregory Peck tenir le rôle d’un homme rongé par le démon de midi, harcelé par ses propres incertitudes. Assez typique de l’esprit des années soixante-dix, il tente de montrer l’envers de l’Amérique. Non seulement les décors peignent un Tennessee sombre et pluvieux, mais il est aussi peuplé de personnes âgées et perdues qui donnent un cachet d’authenticité à l’ensemble. Même le tribunal apparaît sous un jour assez sordide, et la secrétaire de Tawes est aussi très âgée.  C’est un endroit qui pue la mort et on comprend assez bien que Tawes ne rêve que de s’enfuir. C’est Alma qui lui donne le déclic. Les personnages sont tous très ambigus, à commencer par le shérif qui trompe sa femme. Alma cache aussi qu’elle est mariée et que son mari croupie en prison. La famille McCain aussi, elle se sert manifestement d’Alam pour que celle-ci pousse le shérif à les protéger. Quant à l’adjoint du shérif, qui passe son temps à manger et à espionner son supérieur, c’est probablement le plus glauque de la bande.

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    Alma vient relancer Tawes au tribunal 

    Le FBI représenté par une sorte de clown lubrique, il perd son sens à s’attaquant à des petites gens qui ne font finalement que chercher à survivre. La femme de Tawes, malheureuse et perdue, ne comprend rien de ce qui lui arrive et se réfugie dans la lecture du Reader’s Digest pour trouver des réponses à ses angoisses.

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    L’homme du FBI lance la chasse aux bouilleurs de cru 

    Le titre américain est bien plus juste que le titre français. I walk the line, parle du franchissement de la ligne, mais aussi des hésitations qui l’accompagnent. Et en fait de violence il n’y en a pas beaucoup, même si à la fin l’histoire tourne au cauchemar. Ou plutôt, il faudrait dire que la violence est rentrée. Tawes aura des brusques accès de colère quand il se met à frapper Alma parce qu’elle lui a menti, ou quand il tire sur son père parce qu’il est plutôt désespéré de voir Alam lui échapper.

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    La femme de Tawes ne comprend pas l’éloignement de son mari 

    Le scénario est très bien écrit, il ménage des scènes plutôt mélancolique dans cette Amérique profonde qui s’écroule sur elle-même. C’est le délire du père de Tawes qui veut croire que sa femme et ses filles vont revenir, alors qu’elles sont mortes depuis plus de dix ans. Ou encore c’est ce même Tawes qui médite sur tout ce qu’il a perdu lorsque la propriété familiale a été engloutie sous les eaux d’un barrage.

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    Hunnicutt va tenter de violer Alma 

    L’interprétation est excellente. Gregory Peck joue d’une manière rentrée et sombre cet homme perdu qui s’accroche encore à certaines valeurs. Tuesday Weld, sorte de Lolita, ingénue, joue de son physique encore entre adolescente et femme. Ce sont les principaux personnages du film qui est aussi une histoire d’amour plutôt non-conventionnelle. A leurs côtés on trouve des seconds rôles très intéressants, Ralph Meeker qui joue le père d’Alma et surtout Charles Durning qui incarne le sournois Hunnicutt. Par la suite il se spécialisera un peu dans ce genre de composition.

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    Tawes ne pourra pas empêcher Alma de partir 

    Terminons par la très bonne bande son, presqu’exclusivement faite des chansons de Johnny Cash qui parlent de cette misère de l’existence et des difficultés à la supporter.

    « Marc Dugain, La malédiction d’Edgar, Gallimard, 2005I am Spartacus, Kirk Douglas, Caprici, 2013 »
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