• Les amants du crime, Tomorrow is another day, Felix Feist, 1951

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    Excellent, Tomorrow is another day, croise plusieurs sous-genres qui ont fait la gloire du film noir. C'est à la fois un film sur la difficile réinsertion des anciens prisonniers, également deux amants qui fuient devant la fatalité, mais c'est aussi une opposition violente entre la ville qui pervertit et la campagne qui permet d'accéder à une vie simple et normale par le dur labeur quotidien. 

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    Bill Clark sort de prison

     Bill Clark vient de passer  plus de 18 ans en prison pour avoir assassiné son père alors qu'il avait seulement 13 ans. Il se retrouve donc en liberté sans rien connaître de la vie et de ses pièges. Il se retrouve rapidement à New York où il croise la route de Kay qui est taxi-girl dans un dancing. Il en tombe amoureux d'une façon bien naïve, et Kay est émue par cet empressement, seulement elle est plus ou moins maquée avec un flic Conover qui prend sa liaison avec Clark comme un affront. Une bagarre s'ensuit, Kay blesse mortellement Conover et les deux amants s'enfuient, Kay laissant croire à Bill qu'il est le meurtrier. Cette fuite les amène à rencontrer la famille Dawson qui leur propose de les accompagner à Salinas. Voyant là la possibilité de refaire une vie saine et neuve, ils acceptent. Tout se passerait assez bien, si Dawson ne tombait pas sur une revue à sensation qui offre 1000 $ de récompense pour qui dénoncera Bill Clark. Si la femme est très rétive à pratiquer la délation, le mari y plongerait sans vergogne puisque cela lui permettrait de trouver un peu de confort. Bill sent l'atmosphère s'alourdir et est effrayé par l'idée de retourner en prison : il est toujours persuadé que c'est lui qui a tué Conover. Dawson ayant eu un accident, sa femme, la mort dans l'âme, va finir par dénoncer Bill Clark pour toucher la prime car elle n'a pas les moyens de faire face aux dépenses nouvelles occasionnées par l'accident. Clark va être arrêté, mais cependant tout finira bien car en réalité la police avait abandonné les recherches suite aux aveux mêmes de Conover qui expliquait que Kay avait tiré en légitime défense. 

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    Kay est une taxi girl un peu cynique

     Si ce n'est la fin qui est un peu tirée par les cheveux, le scénario de Guy Endore est excellent. Malheureusement cet auteur talentueux a payé son engagement politique et se fit blacklister, il vendit des scénarios sous le nom de Harry Relis, prenant pour l'occasion le nom de sa femme, mais il travailla aussi sous le nom de Hugo Butler pour Menaces dans la nuit, l'excellent film noir de John Berry avec John Garfield. Après ce film, il resta une dizaine d'années éloigné des studios. A l'évidence le scénario contient des allusions implicites sur la chasse aux sorcières à Hollywood, et les hésitations à la dénonciation constituent un des meilleurs moments de ce film qui en contient beaucoup. 

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    Bill hésite à tirer sur Conover

     Les décors sont ceux de la vie ordinaire, ancré dans le monde du travail et de la vie simple, des difficultés ordinaires de la vie de tous les jours, c'est pour partie ce choix qui fait de ce film une réussite. Certes, ce n'est pas un film sur la condition prolétaire, mais celle-ci est toujours présente, que ce soit quand Kay se rend compte à quel point Bill a été exploité quand il était en prison, ou encore quand ils ramassent les salades en se cassant le dos. la récompense de tous ces efforts c'est une méchante cabane en bois. Mais les amants vont en faire leur intimité en découvrant un véritable amour. 

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    Bill et Kay s'enfuient dans un camion transportant des voitures

     La fuite des deux amants ressemble à beaucoup de films de ce genre, et plus particulièrement à Jenny femme marquée de Douglas Sirk, dont le scénario était de Samuel Fuller. Mais il y a des moments plutôt originaux, comme cette fuite dans un camion transportant des voitures, ou encore ces passages sur la route en train de se faire des confidences. Beaucoup d'idées du film noir sont recyclées : à commencer par le malentendu qui fait que les deux héros croient être chacun le meurtrier de Conover. Ou encore cet égoïsme latent supporté par le besoin de cupidité. Sauf que dans ce dernier cas, il y a une sorte de rationalisation de la dénonciation : la femme acceptera de vendre Clark parce qu'elle y est poussée par la nécessité de soigner son mari, et que les soins justement coutent cher.

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     Une longue errance commence pour les deux amants

     L'interprétation est excellente. Steve Cochran joue Bill Clark. Il est comme à son ordinaire très bien, un mélange de naïveté et de violence. C'est d'ailleurs une figure bien connue des amateurs de films noirs, mais aussi un acteur un peu méconnu dont la filmographie vaut un peu plus que le détour. Ruth Roman, en blonde ou en brune est aussi très bien, passant d'un personnage de garce plus ou moins assumée à celui d'une fille ordinaire, recherchant l'amour à travers une vie ordinaire aussi.

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    Dawson a été blessé 

    Certes la mise en scène de Felix Feist n'est pas toujours très rythmée, mais l'ensemble est soutenu et fait de Tomorrow an another day un excellent film noir dans la tradition.  

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    C'est la mort dans l'âme que Stella va dénoncer Bill Clark à la police

    « Quand la ville dort, The asphalt jungle, John Huston 1950La maison sous les arbres, René Clément, 1971 »
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