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Les diaboliques, Henri-Georges Clouzot, 1955
Dans les années cinquante Boileau & Narcejac étaient considérés comme les plus grands auteurs de romans noirs à suspense, et pas seulement en France. Ils étaient la référence en la matière, ils eurent d’ailleurs des disciples, Hubert Monteilhet avec l’excellent Le retour des cendres que Clouzot voulait adapter à l’écran, et qui donnera naissance au film de Jack Lee Thompson, Return from the ashes, ou encore Louis C. Thomas, et bien sûr Frédéric Dard qu’ils aimaient beaucoup et qu’ils firent couronner du Grand prix de la littérature policière pour Le bourreau pleure en 1957[1]. Les diaboliques est tiré d’un roman à succès, Celle qui n’était plus, roman qu’Alfred Hitchcock voulait porter à l’écran. Clouzot ayant été plus rapide que lui pour acquérir les droits, il rabattit ses prétentions sur D’entre les morts qui devint en 1958 Vertigo avec Kim Novak et James Stewart, film devenu un classique du genre[2]. La thématique de ces deux livres présente du reste quelques parentés, notamment celle d’une disparition physique inopinée et la réapparition tout aussi inattendue de la personne décédée. Si Boileau & Narcejac conservait toujours une énigme à résoudre dans leurs histoires, ils avaient un art consommé de trouver des rebondissements inattendus qui intervenaient comme autant de fausses pistes pour le lecteur. Clouzot avait assez largement modifié les lieux et les personnages du roman, mais Boileau & Narcejac ne lui en tinrent pas rigueur. Clouzot à la fin de sa vie avait eu l’idée d’adapter un autre roman de ces auteurs, La lèpre[3]. La maladie ne lui en laissa pas le temps.
Après l’écrasante lourdeur du tournage du Salaire de la peur, Clouzot pensait sans doute se reposer en s’attaquant à un sujet un peu plus simple et mobilisant moins de moyens et moins d’acteurs. C’était sans compter sur son mauvais caractère qui l’amena à s’opposer aussi bien à Simone Signoret qu’à Paul Meurisse[4] sur lesquels il tenta ses techniques violentes de direction d’acteur sans beaucoup de succès. On s’est souvent posé des questions sur cette méthode qui consistait à torturer ses acteurs au prétexte d’en tirer le meilleur, c’est quelque chose de totalement imaginable aujourd’hui. Certains acteurs se félicitaient d’avoir passé cette épreuve, disant même que jamais ils n’avaient été aussi bien dirigés. D’autres ne voulurent plus jamais travailler avec lui, et Jean Gabin refusa plusieurs de ses propositions. Mais on peut supposer que si Clouzot utilisait cette méthode absconse, c’est qu’il ne se sentait pas assez sûr de lui-même et que de rabaisser ses interprètes le grandissait quelque part. Tout mauvais sujet qu’il était, Charles Vanel tournera trois films avec lui et Paul Meurisse deux. Vanel avancera qu’il suffisait de lui tenir tête pour qu’il s’écrase, ce sont les termes qu’il a employés. Notez que le titre du film est emprunté à Barbey D’Aurevilly, il a fallu négocier le droit d’utiliser ce titre avec les ayant-droits, c’est pour cette raison qu’on voit au tout début une citation de cet auteur, citation qui porte sur les rapports entre le crime et la morale. Les diaboliques c’était aussi le nom d’un recueil de six nouvelles qui devaient plaire à Henri-Georges Clouzot, l’une d’entre elles s’intitulant Le bonheur dans le crime. Barbey d’Aurevilly avait été poursuivi et son livre retiré de la vente parce qu’il était jugé trop sulfureux, les femmes y étant représentées sous le jour de leur perversité et de leurs passions.
Michel Delassalle est un tyran. Directeur d’un établissement scolaire privé, c’est sa femme Christina qui a investi et qui paye tous les frais de fonctionnement. Michel Delassalle bat sa maitresse Nicole qui enseigne dans l’école, viole sa femme et martyrise ses employés qui n’osent pas se rebeller. Il est aussi excessivement avare, faisant des économies sur le compte de ses élèves en leur donnant à manger une mauvaise nourriture. Nicole et Christina se rapprochent et décident de le faire disparaitre en le droguant pour pouvoir le noyer. Les enfants partent en vacances et Nicole et Christina se retrouvent toutes les deux à Niort chez Nicole. Celle-ci pousse Christina à appeler son mari pour le prévenir qu’elle va demander le divorce, elles espèrent qu’il va venir et qu’elles pourront lui faire boire un whisky. Cela se passe comme elles avaient prévu, même si Christina est au bord de la crise de nerf et si le voisin du dessus, le grincheux Herboux, menace à tout moment d’intervenir. Delassalle se comporte une fois de plus de façon odieuse, ce qui donne finalement le coup de pouce à Christina pour lui servir le Whisky drogué. Nicole revient de chez Herboux pour parfaire le travail. Tandis que Delassalle est endormi, elle fait couler un bain pour le noyer. Après cela elles l’enveloppent dans une nappe en plastique et le mettent dans une malle en osier. Le lendemain elles emportent la malle chargée du corps du tyrannique directeur, puis elles regagnent le domaine où est installé l’école privée. Elles se débarrassent du corps en le jetant dans la piscine dont l’eau est saturée de feuilles mortes. La vie reprend à l’école, mais le corps de Delassalle ne remonte pas à la surface. Finalement Nicole décide de faire vider la piscine, le corps n’est pas là. Christina commence à avoir peur. Le malaise s’accroit quand le concierge leur apprend que le pressing vient de livrer un costume nettoyé, exactement le même que celui du directeur. Christina découvre ensuite que son mari a loué une chambre à l’hôtel, mais personne ne semble l’avoir vu. Dans le journal les deux complices apprennent qu’un corps a été retrouvé dans la Seine. Christina se rend à la morgue et découvre sans être soulagée pour autant que ce n’est pas Michel. Là elle rencontre Alfred Fichet, un commissaire en retraite qui cherche des clients et qui lui propose son aide pour retrouver son mari. Il ne découvre pas grand-chose, mais Christina de plus en plus malade – elle est cardiaque – fini par avouer à Fichet qu’elle a tué son mari. Mais le commissaire en retraite ne la croit pas. Lorsque les élèves prennent la photo de fin d’année, Nicole semble voir Michel Delassalle derrière une vitre. Christina doit s’aliter, et un cardiologue venu de Paris va lui interdire de bouger, elle doit garder le lit et se ménager. Le soir, elle est réveillée par des bruits saugrenus et va découvrir finalement son mari mort dans la baignoire ! Mais alors qu’elle est très choquée, Delassalle sort de son bain, bien vivant, les yeux révulsés. De la frayeur, Christina meurt sur le coup. Michel et Nicole se rejoignent, se croyant libres et riches, lorsque surgit Fichet qui leur dit qu’ils vont aller en prison.
Les enseignants de l’institution Delassalle s’interrogent dans les couloirs
Si on y réfléchit bien, ce scénario est totalement invraisemblable, du début jusqu’à la fin. En effet la machination montée contre Christina est bien trop compliquée, son résultat trop aléatoire pour que les criminels lui fassent confiance. Christina étant malade du cœur, ils auraient pu imaginer plus simple et plus radical. De même l’intervention finale de Fichet, sortant tel un diable de sa boîte au milieu de la nuit, ne tient pas trop debout. Et pourtant, malgré cela, le film contient une vérité au-delà de la vérité de l’intrigue. En ce sens c’est une grande leçon de cinéma parce qu’au-delà du réalisme immédiat Clouzot dévoile les ressorts de l’âme humaine. Mais pour masquer le peu de réalité de cette histoire, Clouzot a recours à deux moyens, d’abord noyer la présentation du crime et de ses conséquences dans une ambiance très réaliste d’une école privée, puis travailler sur les effets de surprises, et il y en a beaucoup. En apparence c’est l’éternelle histoire d’un trio, le mari et sa maitresse combinant pour assassiner indirectement l’épouse et s’emparer de sa fortune. Mais les rapports entre les deux femmes vont se révéler plus compliqués. Dans la mise en place de l’assassinat de Michel Delassalle, elles vont trouver une réelle complicité, et on verra que lorsque Nicole quitte l’Institution, elle est prise d’une vague mélancolie, comme si elle regrettait d’avoir abusé de la crédulité de Christina.
Michel Delassalle terrorise Christina qui veut divorcer
Je disais dans l’introduction de cette recension que Clouzot avait eu tout à fait raison de placer son film sous le patronage de Barbey d’Aurevilly. Par-delà les péripéties de l’intrigue, c’est une analyse psychologique de la cruauté. Et on peut se demander si les deux amants criminels n’ont pas choisi cette voie scabreuse d’assassinat uniquement parce qu’ils aiment torturer et faire souffrir la pauvre Christina. Leur baiser final, le seul qu’ils s’autorisent dans le film, est au-delà de la réussite de leur plan une manière de se féliciter pour avoir torturer Christina qui a le défaut d’être beaucoup plus riche que son mari et sa maitresse. Car l’élimination de cette malheureuse est aussi le résultat de la volonté de Michel de renverser un sort qui lui est funeste. Tant que Christina possédera l’argent au travers de la propriété de l’Institution, il sera sous sa domination, même s’il la bat et s’il la martyrise à longueur de temps. L’émancipation passe par le crime, parce que nous comprenons que Michel Delassalle est un raté. Faux champion de tennis, il rêve d’être important et se retrouve coincé dans un pensionnat de banlieue vieillotte et délabrée, à l’écart du tumulte de la ville avec seulement un peu de pouvoir sur deux femmes.
Les deux jeunes femmes vont plonger Michel dans la baignoire
Le choix de situer cette histoire le cadre d’un pensionnat privé, fréquenté par des enfants de riches, est personnel à Clouzot, il n’a rien à voir avec le roman. L’ambiance rappelle celle du Corbeau où logeait le docteur Rémy Germain. Clouzot disait que, pensionnaire d’une institution catholique, il avait beaucoup souffert des rapports de domination qui s’étaient exercés sur lui. Mais ces formes ont deux conséquences, d’abord celle de présenter la vie de province ou de banlieue comme une sorte de prison sans horizon dont il faut s’extraire. La seconde est de mettre en garde contre les enfants. Ceux-ci apparaissent, comme dans Le corbeau d’ailleurs, comme sournois et menteurs. Clouzot n’avait pas d’enfant, la vie familiale ne l’intéressait pas. Moinet qui est toujours puni et qui semble le rechercher mélange tellement la réalité à l’affabulation que plus personne ne le croit. Mais cette méfiance manifeste de Clouzot envers eux montrait qu’au fond il regrettait et rejouait son enfance dans ses films comme pour montrer combien le monde de l’enfance et celui des adultes est différent. La forme de l’Institution Delassalle modifie le comportement. Les rapports sont très hiérarchisés. Les enfants craignent les enseignants, mais ceux-ci craignent le directeur qui les fait filer droit. C’est inimaginable aujourd’hui ce genre de rapports. Le concierge Plantiveau n’ose rien dire non plus même quand c’est seulement Nicole qui lui donne des ordres. Cette hiérarchie rigide et ossifiée qu’on retrouve avec plus ou moins d’intensité jusqu’à la fin des années soixante est propre à contenir des secrets et couvre des comportements criminels.
Herboux aide les deux femmes à embarquer la malle en osier
Parmi les raisons de la réussite des meilleurs films de Clouzot, si je mets entre parenthèse Le salaire de la peur, il y a cette capacité à choisir des décors très réalistes qui sont en adéquation avec l’intrigue. Beaucoup de scènes sont tournées en studio bien sûr, mais il y a au moins de décors bien utilisés. D’abord bien sûr cette vaste demeure qui abrite l’Institution Delassalle. Elle est vaste, riche, mais cependant son caractère un peu délabré lui donne un aspect mystérieux et vaguement rêveur. Clouzot usura de la même approche pour Les espions, mais ce sera une clinique. La bâtisse établit un cordon sanitaire entre le monde extérieur et les habitants de cette demeure. Le second décor c’est Niort, en vérité ces scènes ont été filmées à Montfort L’Amaury, mais elles sont typiques de la vie provinciale. Pour figurer la maison où Nicole se réfugie avec Christina Clouzot choisit une rue en pente, avec des maisons vieillottes. On passe de la banlieue à la province, mais l’atmosphère ne change pas beaucoup. Dans les deux cas le calme apparent dissimule le crime. Dans l’Institution Delassalle, il y a aussi une petite chapelle où Christina vient prier pour retrouver un peu d’aide. Clouzot était très hostile à la religion, s’étant senti très tôt abandonné de Dieu. Après la mort de Véra Clouzot qui le marquera terriblement, il tentera bien d’y revenir, mais seulement brièvement, pour s’en éloigner définitivement. Remarquez que dans presque tous les films de Clouzot les églises ont un rôle important, très certainement pour montrer une perte de l’espérance à l’âge moderne
Le pompiste va faire partir le soldat ivre de la fourgonnette
C’est un film d’atmosphère, c’est là que se trouve sa vérité, la réalisation se plie à cette nécessité. Saluons au passage une fois de plus la très belle photographie d’Armand Thirard qui utilise toute la grammaire du film noir, des stores vénitiens, jusqu’aux lumières latérales pour éclairer les couloirs. Il y a d’abord à trouver le rythme parce que celui-ci va faire ou non que le suspense sera réussi. C’est à mon sens le plus difficile parce qu’il y faut un sens de la durée dans les séquences. Je pense ici moins à la noyade de Delassalle qu’à la visite de la morgue par exemple. Clouzot accompagne la recherche du cadavre dans les longs couloirs, et jusque dans l’ascenseur. Cela renforce l’attente du spectateur qui se demande si le corps qu’on va voir est bien celui de Michel ou non. Le cercueil est amené sur des roulettes figurant un glissement feutré. Cette scène est remarquable. Avant d’en arriver au cercueil, on va voir dans le couloir le vieux commissaire Fichet qui attend, assis sur son banc, la tête penchée en avant comme s’il dormait. En vérité il guette le client potentiel à la morgue puisqu’il a la prétention de jouer les détectives privés. La scène de la réapparition de Michel est très bien, mais plus convenue, avec les longues courses de Christina dans les couloirs pour aller à la rencontre de son bourreau. Il y a une scène étonnante quand Fichet sur les indications de l’élève Soudieu va chercher la malle d’osier dans le grenier. On voit Fichet passer la tête par une ouverture, comme s’il changeait de monde et qu’il allait accéder à la vérité. Mais Soudieu le suit, or cet enfant est incarné par Georges Poujouly, et trois ans plus tôt, dans Jeux interdits de René Clément il passait aussi sa tête dans un trou pour communiquer avec la petite Paulette. Je vois cette scène comme un hommage de Clouzot à Clément. Remarquez que le découpage est très serré et c’est ce qui donne aussi ce rythme angoissant.
A la morgue Christina va te ter de reconnaître le cadavre de son mari
Il y a un gros travail avec et sur les acteurs, beaucoup de tête-à-tête où Clouzot va au-delà des dialogues proprement dits. Et les rapports des protagonistes évoluent au fil de l’intrigue. Dans un premier temps nous voyons Nicole mépriser Christina, puis la secouer pour faire avancer leur plan, mais elle va aussi se prendre de pitié, on le verra à un regard, à un geste de la main qui tente de saisir celle de Christina. Ainsi avant de quitter l’institution, c’est Nicole qui est gênée d’annoncer son départ, et on sent bien qu’elle éprouve quelque chose comme de la compassion envers Christina. N’ayant plus rien à dire, elle baissera la tête, comme si quelque part elle admettait sa défaite sur le plan moral. C’est certainement l’ambiguïté du personnage de Nicole qui donne tout son prix au film.
Fichet est venu à l’Institution Delassalle pour enquêter
La direction d’acteurs est excellente. Le film est dominé par Simone Signoret et Véra Clouzot. La première incarne Nicole Hofner, une femme forte et décidée, la seconde, de plus petite taille, est la fragile Christina. Elles sont toutes les deux très bien. On a beaucoup dit que Véra Clouzot était une actrice nulle, mais ce n’est pas vrai, elle est excellente dans ce rôle d’une femme perdue, se raccrochant à n’importe quoi, y compris la religion, pour ne pas sombrer. Elle était malade sur le tournage, du cœur justement, et on a avancé qu’à travers ce film Clouzot transposait ses propres problèmes de couple. Certes son mari la torturait sur le tournage, mais il torturait tout le monde et Simone Signoret a gardé un très mauvais souvenir de ses rapports avec Clouzot. En vérité il semble que Véra Clouzot voulait à toute force tourner et que ce n’était pas son mari qui le désirait[5]. Clouzot utilise très bien les deux jeunes femmes en jouant sur leurs différences physiques, à commencer par leur taille. Simone Signoret trouve là un rôle à sa mesure. Paul Meurisse est bien dans le rôle de Michel Delassalle le tyran domestique doublé d’un assassin, mais je dirais que le rôle le veut. Il passe clairement au second plan. Charles Vanel est formidable dans le rôle du commissaire à la retraite. Mal rasé, vouté, il ne paye pas de mine, mais se révèle finalement rusé et décisif. Il est le deus ex machina qui fait capoter les combines moisies des amants maudits. Pour relativement bref qu’il soit son rôle est finalement plus fort que celui de Paul Meurisse. Derrière on va trouver toute une kyrielle d’acteurs habitués des films de Clouzot. D’abord l’excellent Pierre Larquey dans le rôle du débonnaire Drain, un professeur, il fait la paire avec Raymond, incarné par Michel Serrault qui ici ne cabotine pas. Ils apparaissent comme les commentateurs de cette tragédie, sans y participer. Jean Brochard qui a beaucoup tourné avec Clouzot est le concierge Plantiveau, excellent. Robert Dalban tient un tout petit rôle, celui du propriétaire de la station-service qui sache un militaire ivre incarné par Jean Lefebvre. On retrouve aussi Noël Roquevert dans le rôle d’Herboux, le locataire grincheux de Nicole.
Nicole très émue annonce qu’elle s’en va
C’est un film totalement maitrisé avec deux parties bien distinctes, la première qui va jusqu’au meurtre et qui l’explique, et la seconde qui est faite de rebondissements nombreux et variés, jusqu’à la résurrection de Michel Delassalle. Cette résurrection est à l’image de celle du Christ et s’adapte au caractère très pieux de Christina. La publicité de ce film s’est faite sur l’idée de fermer les portes quelques minutes après le début pour pas dévoiler la fin, et il était demandé aux spectateurs de ne pas vendre la solution de l’énigme. C’est une technique de promotion que reprendront Hitchcock et William Castle. Mais cette promotion bien orchestrée n’explique pas le succès du film qui, sans être aussi important que celui du Salaire de la peur fut excellent en France mais de partout dans le monde. La critique se mit à l’unisson du public et salua le savoir faire de Clouzot. C’est donc un excellent film noir, selon moi meilleur que Le salaire de la peur qui a moins bien vieilli. Les diaboliques rafla encore quelques prix dont le très recherché Louis Delluc. Le film a été restauré en 4K et on le trouve dans le commerce dans un beau Blu ray. Un remake médiocre avec Isabelle Adjani et Sharon Stone a été tourné en 1996. Notez que la dernière réplique dite par Charles Vanel sera réutilisée par Michel Audiard quelques années plus tard dans Le cave se rebiffe.
Fichet est monté au grenier pour voir la malle en osier
Fichet annonce aux deux amants qu’ils vont être arrêtés
L’avis de Thomas Narcejac : Le film de Clouzot ne ressemble pas à notre livre. Non seulement les personnages ne sont pas les nôtres, mais encore et surtout leur psychologie porte une marque dont nous ne sommes pas responsables. En revanche, le déroulement de l’action, le rythme du suspense, l’allure de la tragédie, sont absolument conformes à ce que nous avions voulu. Il n’a pas transformé le roman. Il l’a transposé avec une virtuosité et une intelligence extraordinaires.
Sur le tournage
Clouzot montrant à Paul Meurisse comment manger son beefsteak
[1] Clouzot appréciait les romans noirs de Frédéric Dard et avait envisagé de mettre en scène Le monte-charge.
[2] http://alexandreclement.eklablog.com/sueurs-froides-vertigo-alfred-hitchcock-1958-a114844812
[3] Denoël, 1975.
[4] Dans ses mémoires, Les éperons de la liberté, Robert Laffont, 1979, Clouzot est un des rares réalisateurs, avec Jean Renoir, dont Paul Meurisse commente le travail. Il ne dit rien par exemple de Jean-Pierre Melville avec qui il a tourné pourtant deux chefs-d’œuvre.
[5] Chloé Folens, Les métamorphoses de Clouzot, Vendémiaire, 2017.
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