• The gambling house, Ted Tetzlaff, 1950

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    Un film étrange et original. Ça commence comme un film noir, et puis cela vire à l’analyse sociale de la prise de conscience d’une identité plus ou moins floue et refoulée. Un joueur de profession, un peu cynique, un peu désinvolte, va couvrir le meurtre d’un autre joueur par son patron, Joe Farrow. Il va être acquitté en invoquant la légitime défense. Mais la justice n’en reste pas là, et va vouloir l’expulser parce qu’il n’est pas en règle : en effet, d’origine italienne, il n’a jamais pris le temps, ni même compris la nécessité de se faire naturaliser américain. Se trouvant en attente d’expulsion, essayant de plaider auprès du tribunal l’indulgence, il va rencontrer Lynn Warren, une jeune femme qui s’occupe justement des immigrants et qui les aides comme elle peu à intégrer la société américaine. Dès lors le film prend un double aspect, d’un côté la lutte de Marc contre son propre patron qui essaie de l’escroquer, et de l’autre la relation de Marc avec Lynn qui va remettre en question le mode de vie de Marc et l’inciter à devenir un citoyen américain normal et responsable. La fin sera plutôt heureuse, le tribunal autorisera Marc a demandé la nationalité américaine, Farrow sera éliminé et notre héros pourra couler des jours heureux avec Lynn.

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    Marc se retrouve à l’hôpital, accusé d’avoir tué 

    Ted Tetzlaff est assez peu connu comme réalisateur, il a eu une carrière beaucoup plus longue de directeur de la photographie, travaillant notamment pour Hitchcock sur Notorious. Mais il a surtout réalisé The window en 1949 d’après une nouvelle de William Irish, qui est en sorte une première mouture de Rear window d’Hitchcock qui sera tourné d’après une autre nouvelle de William Irish.

    C’est un film parfaitement maîtrisé sur le plan technique, avec un beau noir et blanc qui met en valeur les dangers de la grande ville, New York. Le rythme est soutenu, les rebondissements nombreux pour un film durant à peine 1 h 20. Ce n’est tout de même pas un suspense. Ce qui sqemble le plus avoir intéressé Tetzlaff, c’est la prise de conscience de Marc suite à un choc émotionnel important : on menace de l’expulser du pays où il est né et pour lequel il s’est battu pendant la Seconde Guerre mondiale.

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    Acquitté pour la mort de Benheim, il est menacé d’expulsion 

    C’est Victor Mature qui interprète Marc. Ce qui est assez inattendu, c’est que cet acteur, d’habitude plutôt monolithique et fermé, manifeste ici des doutes et une prise de conscience sociale. Il est tout à fait remarquable, oscillant entre dilettante et affranchi, s’imprégnant de la misère des autres quand il pénètre dans cette salle où attendent les immigrants en voie d’expulsion, ou quand il croise ces polonais qui ne seront finalement pas admis sur le territoire américain faute de quelqu’un pour les parrainer.

    A côté de Victor Mature, la jeune Terry Moore ne fait pas beaucoup le poids dans le rôle de Lynn, jeune bourgeoise dévouée à soulager la misère. Elle est très pâlotte. Mais ce n’est pas un problème particulier. Par contre William Bendix qui a joué plus souvent qu’à son tour des rôles de canailles infâme est ici curieusement éteint. C’est bien sûr lui qui va incarner le rusé Farrow. Mais il manque un peu de conviction.

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    Le tribunal met en délibéré la requête de Marc 

    Il y a trois films en un, un film noir, Marc essayant de piéger Farrow avant que celui-ci ne le détruise, Marc face au tribunal pour plaider sa cause et demander son assimilation, et puis toute cette longue dérive à partir du travail de Lynn et qui nous fait visiter aussi bien les lieux de rétention des immigrants en voie d’expulsion, que les difficultés de ceux-ci à s’intégrer dans une société dont ils ne parlent même pas la langue. Ce dernier aspect qui est le meilleur et qui donne lieu à de belles scènes. Mais c’est cependant l’aspect criminel du film qui fait évoluer les personnages et qui les met dans des dispositions nouvelles. Le passage devant un juge plus ou moins compréhensif, qui en a vu d’autres, est de loin le moins intéressant, un peu trop lénifiant par rapport justement au personnage cynique de Marc.

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    Marc cherche à récupérer le carnet de Farrow 

    Il y a aussi quelques belles scènes d’extérieur, justement quand les tueurs de Farrow cherchent à retrouver la piste de Marc pour protéger leur patron. Dans l’ensemble, c’est donc un film noir singulier, original et attachant. 

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    Lynn accepte d’accompagner Marc qui veut récupérer l’argent que lui doit Farrow

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    Marc doit se cacher des tueurs de Farrow

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    Marc va plaider pour ne pas être expulser des Etats-Unis

    « Le fauve en liberté, Kiss tomorrow goodbye, Gordon Douglas, 1950Syndicat du meurtre, P.J., John Guillermin, 1968 »
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