• Tight spot, Phil Karlson, 1955

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    La trame de ce film reprend celle de La femme à abattre de Richard Brooks. Un procureur et un policier cherchent à confondre un chef de bande pour des crimes divers et variés. Pour cela, et après que leur principal témoin ait été assassiné, ils vont chercher en prison une femme Sherry Conley. C’est leur dernière chance. Mais celle-ci est une « affranchie » et c’est bien difficile de la convaincre de témoigner. C’est donc la peur qui va dominer une garnde partie du film, car les gangsters vont tenter de l’éliminer. Recluse dans une chambre d’hôtel, gardée jour et nuit pas des policiers, le film pourrait ressembler à un huis clos. Ce n’est pourtant pas le cas car Karlson aère le film avec des extérieurs qui non seulement le font sortir du huis clos mais qui en outre permettent d’enchaîner des retournements de situation innattendus.

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    Assassinat du principal témoin

    C’est un film plutôt ambigu de tous les points de vue qu’on le prenne. D’abord parce que c’est une apologie de la délation. Ce qui est assez curieux puisque dans la chasse aux sorcières à Hollywood, Edward G. Robinson avait été inquiété, mais Ginger Rogers, classée à l’extrème droite du spectre politique, avait joué le rôle du procureur réclamant d’étendre cette chasse aux sorcières à toute la société. Mais le scénario est assez subtil, puisque le policier qui s’inquiète du sort réservé au témoin est en réalité corrompu, même s’il se rachétera en sauvant Sherry. De même on peut se poser des questions sur l’obstination du procureur à poursuivre un chef de bande, dans la mesure où la fin justifiant les moyens, il n’hésite pas à sacrifier du matériel humain.

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    Dans la prison pour femmes

    Il serait donc bien diffcile de chercher et de trouver dans ce film des leçons de morale et de politique. Il reste le portrait d’individus broyés par un système social et judiciaire bien aveugle.

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    Sherry refuse de témoigner

     Adapté d’une pièce de théâtre de Leonard Kantor, le film souffre de cette origine. Il est trop saturé de discours sur tout et rien. Et malheureusement il se prête un peu trop aux numéros de cabotinage de Ginger Rogers qui en fait des tonnes dans le rôle de cette pauvre fille marquée par la vie et qui ne comprend pas grand-chose à sa tragique destinée. On suppose que le film a été monté pour elle. Actrice vieillissante, son heure de gloire était déjà passée et appartenait à l’époque dorée d’Hollywood, puisque ses rôles les plus significatifs avaient été développés aux côtés de Fred Astaire. Certes elle a beaucoup d’énergie, mais elle lasse un peu avec ses grimaces qui se veulent le reflet d’une vulgarité populaire.

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     Un procureur obstiné

    Edward G. Robinson est le procureur incorrputible, mais il reste assez effacé et son rôle ne paraît guère décisif dans le développement de l’intrigue. Lui aussi est à cette époque un acteur sur le déclin, depuis que la Commission des activités anti-américaines s’est attaqué à lui. Il n’est guère présent. Bien plus intéressant est Brian Keith dans le rôle du policier corrompu. En effet, il va se trouvé déchiré entre son rôle de corrupteur, payé pour entraver la marche de la justice, et la pitié qu’il manifeste pour Sherry dont on peut penser qu’il est tombé amoureux.

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     Passage à tabac d’un flic corrompu

    Comme on le voit, ce n’est pas un très grand film, mais il est en fait sauvé par la réalisation qui est de très haut niveau et qui montre que sur le plan technique Karlson était bien un des meilleurs. A ce propos on lira dans le dernier numéro de Positif (avril 2013) un dossier sur ce qu’on appelle « les petits maîtres » dans lequel il range aussi bien Phil Karlson que Tay Garnett. Le terme de « petits maîtres » étant réservé à des réalisateurs très doués mais que les circonstances n’ont pas autorisés à faire carrière avec constance et maîtrise.

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    Cas de conscience

     Quoiqu’il en soit, le film de Karlson recèle des scènes excellentes, à commencer par l’entrée en matière nerveuse qui débouche sur l’assassinat du principal témoin sur les marches du palais de justice. Egalement le portrait de Sherry en prison, tourné en longs travellings, utilise la profondeur de champ pour mieux faire sentir cet univers angoissant et claustrophobique. On retiendra encore le passage à tabac de  Vince dans les sous-sols. Il faut dire que la photo de Burnett Guffey qui photographia tant et tant de films noirs est excellente également. Karlson est cependant moins à son aise quand il faut filmer des dialogues trop longs et trop didactiques ou le cabotinage de Ginger Rogers. 

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     Tentative de meurtre contre le dernier témoin

    Au final, et près de soixante années après sa réalisation, le film passe encore très bien et reste très intéressant.

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    Règlement de comptes final



     

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