• Trafic en haute mer, The breaking point, Michael Curtiz, 1950

     

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    C’est la deuxième adaptation cinématographique de la nouvelle d’Hemingway, To have or have not. Mais elle est bien différente de celle d’Howard Hawks avec Bogart et Bacall que beaucoup jugent surestimée. C’est l’histoire d’un ancien héros, Harry Morgan, de la guerre qui vivrait tranquillement avec sa femme et ses deux filles, s’il n’avait pas autant de difficultés à rembourser les traites de son bateau. Il accepte de conduire un couple jusqu’au Mexique, couple bien mal assorti et un brin louche. La femme fait du gringue et l’homme disparait sans lui avoir payé ce qu’il lui devait. Morgan ne sait trop comment il pourra retourner à San Diego lorsqu’une sorte d’avocat véreux lui propose une affaire louche : il s’agit de faire rentrer clandestinement des Chinois aux Etats-Unis. Morgan accepte mais l’affaire tourne mal, il tue le trafiquant et débarque les clandestins au Mexique. Bien lui en prend puisque arrivé au port les autorités lui confisquent son bateau et pensent qu’il est mêlé au meurtre du Chinois.

    De plus en plus coincé par le fric, il va accepter une affaire encore plus louche, il doit emmener au large de San Diego une bande de malfaiteurs très dangereux qui vont commettre un hold-up. Morgan va exécuter son boulot, mais il va éliminer la totalité de la bande, ce qui, on le suppose lui rapportera une prime qui le mettra à l’abri du besoin et lui redorera son blason.

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    C’est un film noir assez curieux car très ambigu. Morgan qui est joué par Garfield est très amoureux de sa femme, mais en même temps il se pose la question de savoir s’il peut ou non la tromper. Il est vrai qu’il y a un écart important de glamour entre sa gentille femme, mère de famille, dure à la tâche et la très glamour Leona qui est interprétée par Patricia Neal. Mais il hésite aussi  à accepter de convoyer  des gangsters, puis il le fait, tout en se proposant de les trahir.

    La morale de l’histoire est que la nécessité fait loi et les réalités matérielles dépassent nos principes moraux. Cependant Harry Morgan sera bien puni de ses incartades, vis-à-vis de la loi comme vis-à-vis de sa femme, puisqu’il perdra un bras.

    Il y a beaucoup de choses intéressantes à voir dans ce film, à commencer par cette présentation d’une vie familiale qui pourrait être heureuse finalement, si Morgan n’était pas un héros de guerre, car c’est bien de cela dont il souffre. Sa femme s’en aperçoit et quand elle comprend qu’elle a une rivale en Leona elle aussi se lance dans les extravagances en se teignant les cheveux en blond !

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    Ce film bien plus complexe qu’il n’y parait aborde de nombreux thèmes de société, comme les migrations clandestines, ou encore les relations interraciales, à une époque où les noirs ont encore un statut inférieur. La dernière image remarquable du film est celle d’un enfant noir cherchant son père qui n’est autre que l’employé de Morgan quand celui-ci a du travail. Or il est mort au court de la bagarre et personne ne s’en soucie, si ce n’est son fils, Harry Morgan et sa femme ayant bien autre chose à faire puisqu’ils en sont à essayer de se réconcilier. Mais la question de l’adultère est traité aussi d’une manière plutôt curieuse car si bien entendu le marin revient vers sa femme et son devoir – ce qui évite les foudres de la censure – il est évident pour le spectateur que l’adultère n’est pas ce que l’on croit ! De même la boisson est présentée comme quelque chose de très bon et de très viril.

    Ce n’est peut-être pas le meilleur film de Michael Curtiz, réalisateur très sous-estimé, ni même le meilleur film de John Garfield qui à l’époque commençait à avoir de sérieux problèmes avec l’alcool mais aussi la commission des activités anti-américaines. En tous les cas c’est un film qui vaut tout à fait le détour.

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