• Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973

     Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973

    Ce film bénéficie d’une excellente réputation, mais ce n’est pas un chef d’œuvre, et Don Siegel a fait beaucoup mieux. Dans sa filmographie, cet opus arrive juste après Dirty Harry. Mais en réalité il est plus en cohérence avec les petits polars de cette époque qui prennent comme sujet des citoyens apparemment bien tranquilles. De la même manière Don Siegel utilisera les décors d’une Amérique profonde à l’écart si on peut dire du dynamisme des grandes cités.

    Le scénario est adapté d’un livre de John Reese, un auteur qui fut publié aussi par la Série noire. C’est un auteur assez peu connu, mais intéressant, ancien militant syndicaliste, ancien journaliste, il a publié une quantité industrielle de romans sous un grand nombre de pseudonymes. Mais l’ouvrage est très différent du livre dans son esprit.

    Charley Varrick est un pulvérisateur de produits chimiques par avion. Mais n’arrivant guère à faire face à la concurrence des grandes firmes, il se recycle dans l’attaque des banques de province qui, à cause de leur petite taille sont assez mal protégées. Le plus souvent il se contente avec sa bande de petites sommes qui leur permettent de vivoter tranquillement. Sa femme conduit la voiture et Charley opère avec deux complices. Seulement voilà, l’imprévu arrive. Ici il s’agit d’un triple imprévu. D’abord un membre de la bande se fait flinguer, et le vigile qui voulait faire du zèle est abattu. Mais ensuite les policiers ont remarqué la voiture que Charley utilise et en voulant l’arrêter, ils vont tuer la femme de Charley, sa compagne qu’il aimait tant. Enfin, cerise sur le cadeau ils ont dérobé une très grosse somme d’argent qu’ils vont deviner appartenir à la Mafia qui utilise des banques de petite dimension pour blanchir son argent pas très propre.

      Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973

    Le cadre est posé. A partir de ce point, Charley Varrick va être poursuivi à la fois par la police et par le tueur de la Mafia, le cruel Molly. Il va falloir qu’il se débrouille, qu’il évite les pièges de la trahison et qu’il gère le dernier de ses acolytes qui perd un peu les pédales en voyant tout l’argent qu’ils ont soudain à leur disposition. Mais ce n’est pas tout, la Mafia croit qu’elle a été trahie, soit par le directeur d’agence Boyle, soit par son sous-fifre Garfinkle. D’ailleurs le cruel Molly se propose de s’occuper d’eux pour leur faire cracher le morceau. Varrick continue à préparer sa fuite, il dispose en effet d’un avion et espère pouvoir filer ainsi jusqu’au Mexique, mais il lui faut un passeport et ce n’est pas la moindre des galères de s’en procurer un.

     Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973 

    Le hold-up  se passe au mieux 

    Ce film a retenu l’attention, je suppose, parce qu’il est très violent et que cette violence est apparemment portée par des personnes ordinaires. Varrick est un artisan épandeur, Molly fume la pipe tranquillement. Et le marchand d’armes handicapé dont la cupidité n’a d’égale que son goût pour la délation, est un pauvre vieillard cloué dans un fauteuil à roulettes. Boyle, le directeur d’agence, discute paisiblement avec Garfinkle de la façon dont celui-ci pourra échapper à la fois à la Mafia et à la police. Comme on le voit, tout le monde trahi tout le monde, et même la maîtresse de Boyle le trahit aussi à sa manière. Entre temps on aura parcouru des routes arides et des coins paumés de l’Amérique, assisté à des cascades en avion et assisté aux interrogatoires musclés de Molly. A mon sens c’est insuffisant pour faire un grand film, ce qui ne veut pas dire qu’il ne se regarde pas avec plaisir parce que l’action est tout de même assez soutenue. Il y a cependant des incohérences dans le scénario et des effets un peu inutiles. Incohérence, parce que Varrick par exemple se jette dans la gueule du loup en allant chercher un passeport alors que par ailleurs il est extrêmement prudent. La façon dont il se débarrasse de Molly en faisant faire une pirouette à son avion est un peu tirée par les cheveux. Cela fait que pour un film noir, ça manque un peu de sérieux, on ne sait pas si le film va balancer vers la comédie ou vers le drame noir.

    Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973  

    La femme de Charley va mourir 

    Evidemment on peut se dire que ce film vaut d’être vu pour ses interprètes, au premier rang desquels ressort Walter Matthau. C’est un très bon acteur, mais le personnage qu’il campe hésite justement entre la bonhommie et l’homme d’action. Mais on peut apprécier le décalage entre justement ce physique un peu mou et anodin et les pulsions sexuelles et cruelles qu’il peut manifester. Le tueur de la Mafia, c’est Joe Don Baker, un habitué des rôles de brutes épaisses ou des militaires un peu bas du front et cyniques. On retrouve également des habitués des polars de cette époque, John Vernon est Boyle le banquier véreux. Il est très bon ici, alors que souvent il ne fait que passer. Et puis il y a Andrew Robinson dans le rôle d’Harman, il en fait un peu des tonnes, on se souvient qu’il avait été plus convaincant dans le rôle du serial killer qui défie l’inspecteur Harry dans un autre film de Don Siegel. Les femmes n’ont pas beaucoup de place et n’ont rien de charismatique, que ce soit Felicia Farr la     secrétaire de Boyle ou Sheree North la photographe cupide et désinvolte

     Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973

    Molly est sur la piste de Charley 

    Si le rythme est plutôt soutenu, on est surpris par le peu d’attention que Don Siegel accorde au cadre. C’est filmé assez platement, sans profondeur malgré l’écran large. Trop de plans rapprochés nuisent à la qualité. Il faut dire que la photo n’est pas très bonne, hésitant entre documentaire et images touristiques. Il y a même des scènes assez ridicules, Charley Varrick restant planqué derrière une motte de terre tandis que Molly est en train de trucider Harman. La scène initiale du holdup n’est pas très travaillée non plus.

     Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973 

    La police cerne la caravane de Charley

     Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973 

    Molly poursuit un avion 

    On peut conclure en disant que si le film se laisse voir, il ne faudra pas en attendre beaucoup plus. En tous les cas il me semble que sa réputation est un peu surfaite. Mais peut-être est-ce parce qu’en matière de polar ultra-violent on a fait beaucoup plus fort depuis.

     Tuez Charley Varrick, Charley Varrick, Don Siegel, 1973 

    Harman a mal fini

    « La mort du juge Michel, Thierry Colombié, Editions de la Martinière, 2014Pascal Dessaint, Le chemin s’arrêtera là, Rivages, 2015 »
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