• 3 milliards sans ascenseur, Roger Pigaut, 1973

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    Fort du succès de Compte à rebours¸ Roger Pigaut tourne un nouveau film policier. Il reprend le principe de faire tourner un peu les mêmes acteurs et donne à son entreprise une dimension où l’amitié est le centre de l’intrigue. Mais cette fois il s’agit d’une comédie qui met en scène des déclassés, un peu voyous, un peu prolos qui survivent dans un monde qui est en train d’être englouti. C’est Courbevoie, une banlieue ouvrière qui va être détruite pour laisser de la place à la modernité galopante qui se présente d’abord comme la construction de nouveaux grands ensembles.

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    Ils sont tous réunis autour d’Albert qui a repris ses études d’électronique pour contourner un système d’alarme sophistiqué

    L’histoire est construite autour d’un casse qui doit permettre à des amis de longue date, peu professionnels à vrai dire, de mettre la main sur trois milliards de bijoux. Comme on le sait, chez les truands, il y a plusieurs catégories. Les militaires qui n’hésitent pas à attaquer les fourgons blindés ou les banques, armés jusqu’aux dents, la force physique est leur atout. Il y a aussi les scientifiques, ceux qui possèdent une avance technologique qui permet de percer les secrets des portes blindées et des systèmes d’alarme, et puis il y a les bricoleurs, les manuels qui utilisent le système D pour détourner un peu d’argent. C’est à cette dernière catégorie que nos héros appartiennent. Leur lieu de rassemblement est le bistrot de Lulu cerné par les engins de terrassement qui bientôt l’en chasseront, elle s’est mise à la colle avec Julien qui bricole comme colleur d’affiche. Gus est un brin maquereau sans l’être et vit avec Minouche, une strip-teaseuse. Et puis il y a Albert sa mère avec qui il vit. Celle-ci commerce dans la brocante. Pierrot et José, un salarié dans l’industrie du bâtiment complètent cette fine équipe.

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    Par les futurs égouts des nouveaux bâtiments ils pénètrent dans la tour qui contient les diamants

     

    Ils vont réussir cependant à monter leur coup, mais pour cela, ils devront utiliser les ressources d’un truand de plus grande envergure, Monsieur Raphaël. En fait ce sont les hommes de Raphaël qui appliqueront les idées de notre bande, mais celle-ci lui dérobera le butin qu’ils vont essayer de bazarder directement à leur propriétaire. C’est en fait celui-ci qui se révèlera le plus voleur de tous puisqu’il ne les paiera qu’en faux billets. Néanmoins, ils récupéreront une petite partie de la somme promise finalement sans trop souffrir de cet échec, car l’argent n’est pas le plus important dans la vie.

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    Lulu est chargée de charmer Monsieur Raphaël

     

    Le film de Pigaut cherche d’abord le divertissement et les scènes humoristiques sont abondantes, que ce soit dans la présentation des combines moisies de Pierrot et de Gus, ou dans l’exposé des relations entre Albert et sa mère. Bien sûr il y a aussi un peu de la nostalgie pour cette banlieue parisienne qui se meurt en se transformant au pas de charge, mais cette nostalgie c’est aussi une façon de mettre en avant des valeurs de solidarité et d’amitié qui s’en vont au fur et à mesure que les vieilles maisons sont détruites par les engins de terrassement. Typique des années soixante-dix, il y a un côté choral qu’on retrouve dans des films comme ceux de Claude Sautet, Vincent, François, Paul et les autres ou Max et les ferrailleurs qui datent de la même époque. Evidemment ce n’est pas la peine de la dire Pigaut n’est pas Sautet dont le propos est un peu différent. Il est d’ailleurs assez curieux que ce type d’approche de la réalité sociale fondée sur une logique de groupe autour de notions aussi simples que l’amitié et la solidarité ait complètement disparu aujourd’hui des écrans.

    Manifestement, il y a aussi la volonté de faire une comédie un peu dans le style du Pigeon de Monicelli.

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    Le coffre embarqué, ils tentent de l’ouvrir

     

    Les acteurs sont très nombreux, et il est difficile d’en retenir plus particulièrement un parmi les autres. Michel Bouquet pour une fois ne joue pas un bourgeois ou un flic antipathique, mais un déclassé d’une autre sorte, puisque sa mère l’entretien dans l’idée qu’il est un aristocrate qui doit tenir son rang. Ce fut aussi un des dernières prestations de la charmante Dany Carrel sur grand écran. Ils tiennent tous assez bien leur place et semblent avoir pris du plaisir dans cette entreprise à se retrouver ensemble. Françoise Rosay est la mère de Michel Bouquet, ou plutôt d’Albert. Gabriele Ferzetti incarne Monsieur Raphaël, le truand embourgeoisé et  méprisant pour les plus petits que lui. On reconnaitra dans un rôle très secondaire Victor Lanoux dans une de ses premières apparitions sur le grand écran.

    Il n’y a non plus pas grand-chose à dire sur la manière dont c’est filmé. C’est un peu plat bien sûr, Pigaut n’est pas un technicien, mais c’est compensé par une capacité à se saisir des décors extérieurs et par un enthousiasme communicatif et sans prétention.  3-milliards-6.png

    Ils seront grugés par les bourgeois

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