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Le compte à rebours, Roger Pigaut, 1971
Roger Pigaut réalisa un certain nombre de films policiers, un peu noir, qui connurent au début des années soixante-dix un certain succès. Comptes à rebours est le premier de la série. Le scénario est signé, comme pour les deux suivants André-Georges Brunelin qui venait de donner un scénario à Alain Delon, Jeff, un film qui eut peu de succès, mais qui n’en possède pas moins des qualités. Dans la mesure où Brunelin vise un certain naturalisme, il ne s’embarrasse pas de subtilités plus qu’il n’en faut.
C’est une histoire assez traditionnelle d’un voyou, Nolan, qui s’est bloqué 10 ans de cabane pour avoir attaqué un fourgon blindé avec ses complices et son frère qui est resté sur le carreau. Sortant de prison, il veut se venger. Parmi les quatre complices, il ne sait lequel est le donneur, mais à défaut de le savoir, il se propose presque de les tuer tous les quatre. Ce sont maintenant des truands rangés des voitures qui ont une belle position, notamment ils possèdent un cercle de jeux qui semble rapporter gros. Pour apaiser les choses, une réunion est décidée chez Léa et Juliani, un vieux truand qui est aphasique. La réunion tourne court, Jebel tente de tuer Nolan, mais c’est ce dernier qui, bien que blessé, a le dessus. La randonnée vengeresse de Nolan va continuer, suivi qu’il est par Valberg qui est un ancien policier qui a été défiguré dans la confrontation avec les truands et qui a perdu un peu la tête. Bien entendu, une fois qu’il aura tué les quatre truands, Nolan sera mis devant le fait qu’aucun ne l’a vraiment donné. Ultime retournement, Nolan sera piégé par Valberg.
Nolan revient à Paris
C’est un scénario sans beaucoup de surprise, mais assez carré et logique. Roger Pigaut joue sur le fait qu’il a rassemblé une distribution prestigieuse. Même les petits rôles, ceux de Léa et de Juliani, sont tenus par Simone Signoret et Charles Vanel. Nolan c’est Serge Reggiani qui a cette époque était redevenu, grâce à la chanson, une vedette. Bozzufi joue Zampa, un truand madré et solide, comme toujours dans les rôles de truand corse, il est très bon. André Pousse est Gilbert. Le docteur est interprété par Jean Dessailly et Madeleine, l’ancienne maîtresse de Nolan c’est Jeanne Moreau. Amidou complète la distribution. Michel Bouquet joue Valberg, l’ancien flic déjanté, mais ce n’est pas une surprise, à cette époque il y était habitué.
Les truands vont essayer de régler leur différend chez Léa et Juliani
Sur cette trame sans surprise on trouve cependant quelques bonnes idées. Ainsi, Léa et Juliani en essayant d’aider Nolan, en se rangeant ouvertement de son côté vont engendrer l’irréparable. Ils représentent le milieu à qui il reste un peu du sens de l’honneur. Ou encore Macias, le garde du corps de Zampa qui le trahit, au nom d’un code de l’honneur tout autant abstrait. Typique des années soixante-dix, la photo est sans grâce, mais c’est compensé un peu par les choix judicieux des décors, que ce soit les quartiers populaires de Paris, ou que ce soit le repaire de Léa et Juliani. Presque tous les polars français de cette époque sont filmés de la même manière, avec le même générique en lettres rouges, les mêmes maisons isolées dans une zone un peu à l’écart de la ville.
Nolan et Madeleine veulent partir ensemble
Les acteurs font leur numéro. Serge Reggiani joue les mutiques et Michel Bouquet fait du Michel Bouquet avec ses petites lèvres serrées sur une mâchoire tendue et une nuque raide. Simone Signoret cabotine gentiment. A signaler tout de même la musique de Georges Delerue qui donne un petit côté nostalgique à l’ensemble.
« La nuit du lendemain, The night of the following day, Hubert Cornfield, 19683 milliards sans ascenseur, Roger Pigaut, 1973 »
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