• Le mataf, Serge Leroy, 1973

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    Serge Leroy est un réalisateur bien oublié maintenant, mais dans les années soixante-dix la critique appréciait assez ses films et le public suivait, sans toutefois que le succès fusse extraordinaire. Il s’était donné un style assez goûté en ces temps lointains, entre polar et film noir. Le film qu’il tourna avec Alain Delon à contre-emploi, Attention les enfants regardent, à défaut d’avoir un gros succès public fut considéré comme très original par la critique, justement du fait de sa noirceur.

    Ici les héros de cette histoire sont des truands à l’ancienne si on peut dire, pas vraiment méchants, et soudés encore par l’amitié. Cette amitiés chez les voyous était décidemment un thème à l’honneur en ce temps-là.

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    Bernard immobilise une jeune femme pour accéder au toit

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    Bernard et Basilio voit le train et les diamants leur échapper

    L’histoire est assez traditionnelle. Trois voyous vont tenter de s’emparer d’une valise de diamants dans le train Paris-Anvers. Pour cela, Bernard est chargé de faire diversion en s’introduisant dans un appartement pour accéder aux toits qui surplombent la verrière de la gare. Il attache la fille sur une chaise, et armé d’un fusil il se déplace sur les toits pour atteindre sa cible. Seulement, pendant ce temps, deux voyous sont aussi entrés dans l’appartement et flingue la jeune fille dont le corps va s’écraser au sol. Bernard fait signe à ses deux complices qu’il faut stopper l’affaire. Ils s’évacuent rapidement.

    Quelques mois plus tard, ils vont être tous les trois victimes d’un chantage. Bernard qui suit une étrange jeune femme, est enlevé par des gangsters américains, et un avocat d’affaires lui propose un marché, il doit casser un coffre-fort, et en échange il recevra 200 000 dollars. Mais si les trois amis refusent, ils seront dénoncés à la police et identifiés facilement car Bernard a été photographié sur les toits, en action.

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    Frank découvre le contenu de la mallette

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    Basilio est le technicien perceur de coffres

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    Frank sera tué par les vigiles

    Après une discussion animée, les trois hommes décident de réaliser le coup, l’appât du gain y est pour beaucoup, mais il y a aussi la volonté de comprendre ce qui se cache derrière toute cette salade. Ils reçoivent un acompte de 100 000 dollars dans une mallette. Très professionnels, ils ouvrent le coffre et récupèrent les microfilms, mais à la sortie de l’immeuble ils se font agresser par des voyous qui leur prennent leur butin. Ils s’en sortent difficilement, Basilio est blessé, Frank est tué.

    Quelques temps après Bernard qui cherche la mallette aux cent mille dollars, va tomber sur Cathy, la mystérieuse jeune femme qui a piégé Bernard. Bernard l’interroge, et avec elle est Basilio ils vont s’attaquer à l’avocat. Ils arriveront à leur fins, Bernard et Cathy partiront en bateau et Basilio récupérera la mallette aux billets. Mais entretemps, il aura malheureusement perdu sa femme que les truands américains auront torturée pour la faire parler. 

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    Cathy rejoindra le camp de Basilio et de Bernard 

    Serge Leroy n’est manifestement pas un très grand technicien, il multiplie les plans rapprochés et a du mal à faire le cadre correctement. Cependant, au-delà de ces faiblesses évidentes, il y a tout de même une très bonne utilisation des décors naturels, notamment le port de Saint-Nazaire, et les scènes d’actions sont très bien filmées, souvent tournées en caméra cachée au milieu de la foule.

    En pariant sur la sobriété des dialogues et en privilégiant l’action, il lorgne presque naturellement du côté de Melville. Le parallèle vient facilement, d’autant que certains acteurs comme Michel Constantin, Cathy Rosier, ou Karl Studer, appartiennent à cet univers. Ça ne traîne pas non plus en ce qui concerne le casse proprement dit, et l’attaque ratée du train Paris-Anvers est intéressante.

    On notera une sorte de bataille ente des truands français, bons vivants et finalement très humaines, et les Américains, bêtes et méchants, sans conscience et sans humanité.

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    Desbordes a menti sur tout et ne veut pas payer le travail fait 

    Il n’y a aucun grand nom à l’affiche, bien que Michel Constantin soit tout de même assez coté à cette époque. Il porte le film sur ses larges épaules. Mais le reste de la distribution est tout aussi intéressant, à commencer par le très regretté Georges Géret dans le rôle de Basilio, il amène sa hargne et sa gouaille en incarnant un joueur invétéré, ancien musicien, casseur à ses heures. Cathy Rosier dont le rôle le plus marquant a été la pianiste du Samouraï, a ici un peu plus de place, mais elle n’a guère plus de dialogue à dire. Ce n’est pas important puisqu’elle est une voleuse, un peu voyelle, la maîtresse de l’avocat aussi riche que véreux, et qui se trouve attirée par le taciturne Bernard. Deux autres très bons acteurs complètent la distribution, Adolfo Celi qui a une longue expérience de canaille de cinéma et qui est ici très bon, et Annie Cordy, la femme de Basilio, Nina en patronne de bistrot.

    L’ensemble reste intéressant malgré l’usure du temps et mérite une redécouverte.

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