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Adieu à Catherine Spaak
Le trou, Jacques Becker, 1960
Catherine Spaak vient de nous quitter le 17 avril dernier à l’âge de 77 ans. Actrice oubliée, elle a pourtant fait une carrière excellente en France et surtout en Italie. Elle avait été élevée dans le sérail, puisqu’elle était la fille du scénariste Charles Spaak, un scénariste d’origine belge qui donna des dizaines de chefs-d’œuvre au cinéma français, notamment pour Julien Duvivier. Elle commença par un petit rôle dans Le trou de Jacques Becker en 1960, puis tout de suite elle bifurqua vers le cinéma italien avec un film de Lattuada, I dolci inganni. Elle pouvait tout jouer, aussi douée pour le drame que pour la comédie. Aussi à l’aise dans le film noir que dans le western spaghetti, le cinéma français eut le tort de la délaisser, lui préférant les fadeurs de Catherine Deneuve par exemple. Mais au début des années soixante il y avait pléthore d’actrices délurées en France, tandis que l’Italie manquait clairement de matériel humain, embauchant à tour de bras des Jean Sorel, des Jean-Louis Trintignant et quelques autres.
Il sorpasso, Dino Risi, 1962
En 1962, elle se retrouve aux côtés de Jean-Louis Trintignant et de Vittorio Gassman dans Il sorpasso de Dino Risi qui reste non seulement un modèle du genre dans la comédie grinçante, mais aussi un succès critique et public énorme. Elle a tourné aussi avec Jean-Paul Belmondo sous la direction d’Henri Verneuil dans un des rares bons films de ce réalisateur, Week-end à Zuydcoote, un film grave sur la guerre. Ce fut un autre grand succès.
Avec Jean-Paul Belmondo dans Week-end à Zuydcoote 1964
On la retrouve plus tard dans un film du grand Mauro Bolognini, Madamigella di Maupin. Cette histoire, adaptée de Théophile Gautier est celle d’une jeune fille qui pour s’engager dans l’armée va se travestir en garçon. Elle va semer le trouble dans le cœur et l’esprit du capitaine Alcibiade interprété par Robert Hossein. C’est un superbe film, peu connu, et Catherine Spaak excelle à jouer les innocentes au cœur pur, en contrepoint de son allure délurée.
Madamigella di Maupin de Mauro Bolognini, 1967
Dans les années soixante-dix, elle se retrouvera dans quelques comédies italiennes et des giallo, notamment Il gatto a nove code un des meilleurs films de Dario Argento. Elle avait une grande renommée en Italie. Mais elle tourna encore en France dans le très bon Un meurtre est un meurtre, d’Etienne Périer, où elle retrouva Robert Hossein. Dans un rôle très ambigu, elle passait facilement de la peur au rire, sous une allure décontractée dans un pantalon de cuire noir qui lui allait à merveille !
Il gatto a nove code, Dario Argento, 1971
Parmi les excellents réalisateurs avec qui elle travailla, on peut citer encore Damiano Damiani. Tout au long de sa carrière elle laissa une image de décontraction et de légèreté qui allait très bien avec son physique. Si les Italiens lui ont manifesté un attachement certain, il n’en pas été de même en France et c’est très dommage.
Un meurtre est un meurtre, Etienne Périer, 1972
« Salut les pourris, Il polizioto e’marcio, Fernando Di Leo, 1974Jacques Perrin s’en est allé, lui aussi »
Tags : hommage, Catherine Spaak
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