• Brigade spéciale, Roma a mano armata, Umberto Lenzi, 1976

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    Le thème est assez traditionnel, un commissaire, Leo Tanzi, est un peu exaspéré par les lenteurs et les entraves de la justice. Etant par nature un peu violent, ses méthodes sont désavouées par sa hiérarchie. Il voudrait avoir les mains plus libres pour lutter contre le crime à armes égales. Il vit une liaison avec une jeune juge qui s’occupe de jeunes délinquants et qui à l’inverse de Leo, leur trouve des excuses. Elle essaie de les comprendre. Son attitude la mène à s’opposer à Tanzi. Lui, est par contre préoccupé par un gang qu’il suppose être, de par ses méthodes un gang de marseillais. Ceux-ci commettent des hold-up, braquent des fourgues. Sans foi ni loi, ils recourent à des procédés très brutaux. Tanzi va finir par les arrêter tous, en tuant un certain nombre, mais surtout il découvrira que le chef du gang est un bossu, véritable psychopathe. Entre temps, il aura aussi tué un fils de famille dégénéré qui, avec ses copains violent des femmes qui s’attardent un peu à l’écart de la ville pour vivre leur aventure avec l’homme de leur choix.

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    Ça commence par l’attaque d’une banque

     

    Le scénario est assez éclaté, suffisamment pour dresser le portrait d’une criminalité de plus en plus violente et de plus en plus difficile à maîtriser. C’est toute la société qui est gangrénée par le crime. Même s’il ne prend pas toujours les allures d’une organisation sophistiquée comme celle du bossu, c’est une société à la dérive qui est décrite. On pourrait dire que c’est un film à message : il dénonce le crime et le retard de la justice italienne face à son explosion. Le film a été tourné à Rome. Mais ce n’est pas la Rome du tourisme qui intéresse Lenzi. Toujours à l’affût des côtés sombres de  l’explosion urbaine, les décors sont plutôt crasseux et montrent l’envers de la prospérité des années soixante-dix. Mais il dénonce aussi la naïveté d’une certaine justice, ici représentée par la jeune juge, qui partant des difficultés bien réelles des jeunes délinquants, en arrive par son laxisme à provoquer leur mort. Elle commencera à changer un peu quand elle se trouvera directement aux prises avec la bande du bossu qui l’enlève et menace de la faire disparaître dans une casse de la périphérie.

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    De jeunes adolescents volent des sacs à main

     

    La mise en scène de Lenzi se veut naturaliste, serrant au plus près la réalité du crime enchâssé dans la vie même de la cité. Le générique est déjà une présentation des nuits romaines, susceptibles d’engendrer des crimes. C’est en général ce qui fait la force des films de Lenzi, cette capacité à se servir d’un décor naturel, à rendre en image le bouillonnement d’une grande cité. La mobilité de sa caméra lui permet de saisir clairement la profondeur de champ et de donner de l’amplitude au mouvement des personnages. Mais il ne faut pas s’y tromper cela reste un film à petit budget, et c’est sans doute une chance pour le producteur que Lenzi maîtrise si bien le tournage dans des décors réels. Il multiplie d’ailleurs les lieux de tournage, la banque, l’abattoir, le jardin public, les longues avenues de la périphérie.

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    La juge pour mineur est pleine de compassion pour ses clients

     

    Tourné avec très peu d’effets de photographie, le film donne une image brute mais vivante de Rome et renforce la « vérité » de l’histoire. Bien entendu, le scénario n’est pas exempt de grandes faiblesses. La mort de Caputo est bien trop attendue, l’opposition entre Paola et Tanzi est un peu caricaturale, le film insiste un peu trop sur l’opposition entre Tanzi et sa hiérarchie.

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    Tanzi est sur la piste d’un bossu qu’il sous-estime

     

    Plusieurs scènes sont empruntées à des films français, on reconnaîtra Mélodie en sous-sol quand Tanzi prend à revers les gangsters enfermés dans la banque en passant par les conduites de la climatisation, ou encore l’opposition entre Tanzi et le jeune fils de famille qui provient directement de Dernier domicile connu de José Giovanni. Mais on ne lui en fera pas le reproche, les films noirs passent leur temps à se plagier, c’est ce qui en renforce d’ailleurs une sorte d’unité stylistique.

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    Le vice-questeur remet en cause les méthodes de Tanzi

     

    L’interprétation n’est pas des plus brillantes, c’est le point faible de cette réalisation. Il est vrai que Maurizio Merli est un acteur peu charismatique qui ne sait guère varier son jeu. Ça tombe bien qu’il soit justement occuper à jouer un personnage brut de décoffrage, à la psychologie étroite, et surtout plus porté sur l’action que sur la réflexion.

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    La jeune juge est enlevée et terrorisée dans une casse

     

    Ces petits films policiers italiens, poliziotteschi, qui jouaient beaucoup sur une violence alors assez inédite à l’écran, avaient presque pour obligation de s’adjoindre une vedette américaine, généralement vieillissante et sur la pente déclinante, pour donner un peu de surface à la distribution. Ici c’est Arthur Kennedy, le grand Arthur Kennedy qui s’y colle. Mais ce n’est pas une réussite. Outre qu’il a peu de scènes, il a vraiment l’air de s’en foutre un peu. Le bossu c’est Thomas Milian. Il aime les rôles extravagants où il peut cabotiner comme il l’entend. Et de fait il donne un côté plutôt hystérique à son rôle. On se dit souvent qu’il en fait un peu trop, mais après tout le personnage est celui d’un psychopathe qui n’a pas tout à fait sa tête.

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    Tanzi retourne voir le bossu, il lui fera avaler une balle

     

    Il y a beaucoup de bonnes scènes dans ce film mené à un train d’enfer, même si les poursuites de voitures ne sont pas filmées de façon très originale. On retiendra la visite des abattoirs, la rencontre entre Tanzi et son indicateur,  ou encore le premier hold-up. Le duel final entre Tanzi et le bossu tient tout à fait ses promesses et fait finalement preuve d’une certaine retenue.

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    De jeunes désœuvrés attaquent un couple d’amoureux

     

    Bref si ce n’est pas le meilleur de Lenzi, c’est tout de même un très bon film noir qui mérite le détour.

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    La bande du bossu est encerclé dans une banque avec ses clients comme otages

     

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    Tanzi affrontera le bossu et le tuera

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