• Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973

     Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973

    C’est un film tourné dans la foulée du succès de The godfather de Coppola. Il y a tellement d’emprunts, qu’on ne saurait les recenser tous. Mais évidemment, le scénario est basé qur une histoire de Nick Quarry, et non pas sur le livre de Mario Puzzo. C’est déjà une différence énorme, mais il faut rajouter que les deux films n’ont pas les mêmes budgets. Nick Quarry est un des nombreux pseudonymes de Marvin Albert, un écrivain industriel qui fournissait des ouvrages à la chaîne et donc des scénarios pour le cinéma, dans le genre western ou dans le genre policier. C’était un auteur à succès, bien qu’il n’ait pas laisser une œuvre remarquable. En France, sous le nom de Marvin Albert, il créa une série avec un détective américain qui vit et travaille sur la Côte d’Azur. Il a eu beaucoup de succès, et à fournit des scénarios pour des films comme la série des Tony Rome, avec Frank Sinatra, The law and Jake Wade de John Sturges, ou les très excellent westerns, Rought night in Jericho d’Arnold Laven et Duel at Diablo de Ralph Nelson. Richard Fleischer arrive sur ce projet appelé par le producteur vétéran Hal Wallis. Ce film s’inscrit entre deux très bons films de Richard Fleischer, The new centurions[1], et Soylent green.

     Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973 

    Le jeune voyou Frank travaille avec les frères Fargo dans le trafic de drogue. Le soir d’un échange dans un hangar, il est surpris par des voyous qui manifestement étaient au courant de cet échange été voulaient mettre la main à la fois sur la drogue et les billets. Mais les frères Fargo avaient pris leurs précautions, et vont assassiner cette bande. Cependant, Don Paolo, le père de Frank est mort, la commission se réunit et décide de partager les affaires de Don Paolo entre les deux familles restantes. Cela va se faire au détriment de Frank qui est jugé pas assez expérimenté, mais Don Angelo annonce que pour compenser cela, il laissera par la suite toutes ses affaires à Frank. Frank est très amoureux de Ruby qui tente de percer dans le show business, il aimerait qu’elle renonce à sa carrière et l’épouse. Mais Orlando, l’homme qui gère les affaires de Don Bernardo emprisonné, va manipuler l’ambitieuse Ruby et la jeter dans les bras de Don Angelo. Son plan est appuyé par sa femmes, Maria qui le pousse à prendre le contrôle de toute la ville. Frank va découvrir qui est le mouchard, et lui régler son compte avant d’aller monter une seconde opération de trafic de drogue en Italie. A son retour de Naples, Frank rentre dans une colère noire : il casse tout dans la chambre de Ruby et l’envoie à l’hôpital. Cela va déclencher comme l’espérait le fourbe Orlando une guerre entre Don Angelo et Frank qui s’est attaché les services des frères Fargo. Don Angelo se rend compte de son erreur, il s’est enflammé trop vite. Malgré tous ses efforts, Don Angelo n’arrive pas à calmer la guerre, il va en outre être victime d’un AVC qui le laissera paralysé. Le frère de Tony Fargo est tué, Frank également. Mais Don Bernardo, le chef d’Orlando, sort de prison. En reprenant ses affaires en main, il va s’apercevoir de la fourberie d’Orlando et il va le faire tuer, et Maria l’a trahi à son tour. Cela va déboucher sur un nouveau partage du pouvoir entre Tony Fargo et lui.

     Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973 

    L’échange se passe très mal 

    Le scénario proprement dit est dû au fils de Dalton Trumbo, Christopher Trumbo qui a surtout travaillé pour la télévision. On dirait qu’il a été écrit à la hâte tant on a du mal à voir une ligne directrice là-dedans. Le cœur de l’intrigue est bien entendu la trahison de la fiancée de Frank – donc la malignité de la femme – et Orlando arrive facilement à l’entraîner. Ce malentendu entraîne les mafieux dans des règlements de compte qui les dépassent et qu’ils regrettent. L’ensemble est tissé de stéréotypes convenus : le jeune frère Tony calme et raisonnable qui va devenir un boss de la mafia sans vraiment l’avoir voulu, le fils du parrain, impulsif et arrogant, qui se fait manipuler comme Sonny Corleone dans The godfather. La manière de régler leur compte à tous ses ennemis en même temps est aussi emprunter au parrain, jusqu’à la maladie qui va plonger Don Angelo dans l’incapacité de tenir son rôle, ça aussi on l’a vu dans le film de Coppola. De même on retrouve la jeune femme émancipée, Ruby, en opposition avec les prétentions du jeune parrain, Frank, à fonder une famille patriarcale sur des codes anciens. C’est donc un peut un fourre-tout qui essaie de profiter sur l’immense succès l’année précédente de The godfather. Le film va jusqu’à emprunter des figures emblématiques du film de Coppola pour les intégrer à se propre production, Al Lettieri dans le rôle de Vince Fargo, et Abe Vigoda dans celui de Don Talusso qui doit se débarrasser d’un de ses hommes qui a trahi. En filigrane il y a bien sûr l’opposition entre le vieux Don Angelo qui retrouve une nouvelle jeunesse avec Ruby, et le jeune Frank qui veut devenir autonome, donc un conflit de génération. 

    Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973 

    La commission se réunit pour régler la succession de Don Paolo 

    La réalisation pèche d’abord par son manque de moyens. C’est étriqué, beaucoup de scènes sensées se passer dans la rue sont tournées en studio et ça se voit. Même si de temps à autre on retrouve la patte de Richard Fleischer – par exemple dans la scène introductive – il est clair que le cinéaste est sur le déclin. Seul le succès immense de Soylent green masquer cette usure pour un petit moment. Il est vrai qu’avec un scénario aussi décousu, il est difficile de faire des effets de style. Donc on va à l’essentiel en espérant se rattraper au montage. Mais malgré les bons mouvements d’appareil qui donnent un peu de fluidité à l’ensemble, ça reste un peu plan, digne de la télévision des années soixante-dix. Sans doute le temps a dû manquer pour travailler l’esthétique. En dehors de la scène introductive, il y a aussi l’interrogatoire à coups de batte de base-ball dans le désert qui sera reprise plus tard par martin Scorsese dans Casino. Le film est sensé se passer à Las Vegas, mais de cette ville on ne verra rien, sauf le désert, et c’est dommage. Il y a aussi la scène où un mafieux se fait ouvrir la gorge chez le coiffeur qui n’est pas mal du tout. Mais c’est bien peu.

     Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973 

    Frank veut savoir qui est l’informateur 

    L’autre problème, c’est clairement la distribution. Anthony Quinn est acceptable dans un rôle qui copie un peu Marlon Brando dans The godfather, mais les deux autres personnages principaux sont très mauvais. Frank est interprété par le très pâle Robert Forster qui surjoue la colère. Richard Fleischer masque son absence de charisme et de souplesse dans le jeu par des gros plans. Ensuite, il y a l’insipide Frederic Forrest dans le rôle de Tony. Acteur peu gracieux et sans relief, il n’a pas l’air de s’intéresser au rôle qui lui est confié. Certes il doit interpréter un personnage froid, mais là il est carrément absent de lui-même ! C’est gênant. Ruby qui est la fille pour laquelle le vieux et le jeune sont sensés de battre, a un physique tellement fade qu’on se demande qu’est-ce qui peut bien motiver qu’on s’enflamme pour elle. Sans doute que le producteur pensait donner ainsi une allure un peu classieuse à une fille qui au fond n’est qu’un monstre d’opportunisme. Seuls Al Lettieri et Abe Vigoda sortent un peu du lot, mais comme ils restent coincés dans des rôles très convenus, ça ne change pas grand-chose.

    Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973 

    Frank s’allie avec le trouble Orlando dans sa lutte contre Don Angelo 

    Curieusement, même venant après The godfather, ce film a été plutôt bien accueilli, et il a eu un bon succès, toutes proportions gardées avec son budget étriqué. Il n’a pas passé très bien les années. Et certainement il vaut beaucoup moins que The Vallachi’s papers.

    Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973 

    L’équipe de Tony Fargo règle ses comptes 

    Don Angelo est mort, The Don is dead, Richard Fleischer, 1973 

    Orlando prend la fuite



    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/les-flics-ne-dorment-pas-la-nuit-the-new-centurions-richard-fleischer--a130252072 

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