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Killers of the Flower Moon, Martin Scorsese, 2023
David Grann est un auteur très en vogue aux Etats-Unis, et ses récits ont engendré plusieurs adaptations cinématographiques. C’est lui qui est à l’origine du film de James Gray, The Lost City of Z, qui eut de très bonnes critiques, mais qui fut un bide au box-office. Également il est l’auteur du récit qui a donné The Old Man and the Gun, un très mauvais film, un bide commercial et l’ultime prestation de Robert Redford[1]... C’est un auteur à la mode, et Killers of the Flower Moon, le livre, a été un succès énorme aux Etats-Unis et aussi dans le reste du monde. Le livre, publié par Doubleday en 2017, est excellent. Basé sur une histoire vraie, avec un gros travail de documentation, il correspond bien à cette remise en question des fondements et des valeurs des Etats-Unis. C’est un livre sur la culpabilité de l’Amérique, sur sa violence native et criminelle de ce malheureux pays. Si Scorsese a beaucoup parlé de la criminalité, il ne l’a que rarement présentée comme un des piliers de la société américaine. Sauf peut-être un peu dans Boxcar Bertha, mais sans trop se mouiller[2]. Ces derniers temps les budgets à la disposition de Scorsese ont complètement explosé, passant de 160 millions de dollars pour le très médiocre The Irishman[3], film produit par Netflix même pas sorti en salles, à 200 millions pour Killers of the Flower Moon, produit par la plateforme de VOD Apple, malgré les critiques que Scorsese a déversées sur ce type de financement. Scorsese aurait touché pour la réalisation entre 15 et 20 millions de dollars Mais enfin le film est sorti en salles avant de passer à la VOD. Si les grands films de Scorsese sont maintenant très loin derrière lui, ses dernières œuvres ont beaucoup déçu, particulièrement ses films avec Leonardo Di Caprio. Celui-ci n’est pas en cause, c’est très souvent un bon acteur. Donc une des questions de Killers of the Flower Moon, était de savoir si Scorsese qui a donné beaucoup de bons films avec Robert De Niro, allait finalement redresser la barre et faire quelque chose des énormes moyens mis à sa disposition. Le tournage et la conception de ce film ont pris des années – notamment à cause de la pandémie de COVID – et c’était un projet qui semble-t-il tenait à cœur pour le réalisateur de Taxi Driver. Avant d’arriver sur nos écrans, le film a été présenté à Cannes et a reçu une ovation. Cependant la longueur du film peut rebuter, c’était déjà le défaut de The Irishman. La campagne de lancement a été très coûteuse et en a fait le film de l’année, sous-entendant par-là que ce n’était pas seulement une sorte de distraction, mais aussi un devoir moral que d’aller le voir.
Les indiens Osages sont devenus très riches parce qu’on les a confinés sur des terres qui en réalité contenaient du pétrole. Mais cette richesse est convoitée et attire. Cependant ils sont officiellement protégés par la loi, et personne ne peut racheter ses terres dont la propriété ne peut se transmettre que par l’héritage. Ernst Burkhart revient de la guerre et vient habiter chez son oncle, un gros éleveur qui se dit l’ami des indiens Osages dont il dit apprécier la culture et l’esprit. Celui-ci va lui indiquer comment se comporter, devenir chauffeur de taxi, puis se rapprocher de la belle Mollie à qui il n’est pas indifférent. Des morts brutales et spectaculaires semblent cependant frapper les Indiens. Les démarches des Indiens, notamment celles de Mollie ne font pas avancer les affaires. Entre temps Ernst et ses cousins commettent des petites agressions et volent des passants, derrière leurs cagoules pour aller jouer ensuite leur butin sur les tapis de poker. Ernst va cependant arriver à se marier avec la très riche Mollie. Au cours d’une grande cérémonie qui mêle les Indiens et les Blancs, le couple reçoit la bénédiction de l’oncle King Hale. Ils vont avoir des enfants, et d’abord une fille. Les morts suspectes vont continuer à s’accumuler et touchent de plus en plus la famille de Mollie instillant la peur dans la communauté des Osages. Ernst est aussi de plus en plus complice des manigances de King Hale. Mollie de son côté a engagé un détective pour tâcher de découvrir qui est à l’origine de toutes ces morts.
Les Osages ont trouvé du pétrole sur leur terre
Le détective que Mollie avait engagé, va être battu à mort par les hommes de main de King Hale pour s’être un peu trop approcher de la vérité. Entre temps l’oncle initie Ernst à la Franc Maçonnerie, histoire de faire en sorte qu’il ne dira rien par solidarité sur ses véritables projets. Mollie et les Osages ont fait remonter l’affaire jusqu’au président des Etats-Unis. Celui-ci va envoyer des hommes du BOI – l’ancêtre du FBI – qui a comme avantage de ne pas être lié à des puissances locales. Sous la direction de Tom White les policiers fédéraux avancent assez vite. King Hale décide lui aussi d’accélérer le nettoyage et va tenter d’empoisonner Mollie à l’aide de l’insuline qui lui fournit. Mais Acie Kirby l’homme de main qui a fait exploser la maison de la sœur de Mollie et qui s’est fait prendre los de l’attaque d’une banque, va parler et désigner Ernst comme l’instigateur des mauvais coups. Tout cela perturbe Ernst qui va finir par être arrêter et qui lui aussi va parler. Tandis que le BOI arrête tous ceux qui ont trempés de près ou de loin dans les meurtres, Mollie est en train de mourir, les policiers qui sont venus l’interroger vont arriver à la sauver et l’amener à l’hôpital. King Hale comprenant que c’est foutu va se rendre à son ami le shérif et se dénoncer. Ernst au début n’arrive pas à témoigner contre son oncle, influencé par la communauté blanche. Mais quand sa fille décède, il s’y décide.
Ernst Burkhart, démobilisé vient vivre chez son oncle
C’est un film très touffu, très dense, qui brasse des thèmes très nombreux. Le scénario dû à Éric Roth et sur lequel Martin Scorsese semble s’être investi, est plutôt bien écrit. La première impression est que cette histoire est emblématique de la manière dont les Etats-Unis se sont développés : les Blancs ont volé et tué les autochtones dans un véritable génocide. L’histoire de ce pays est marquée par la violence comme on le sait, mais aussi par une volonté constante de s’approprier en plus des terres, le pétrole. Celle-ci explique au moins pour partie la plupart des guerres que les Etats-Unis ont menées plus ou moins directement, que ce soit au Proche-Orient, plus récemment en Irak, ou encore aujourd’hui contre la Russie par l’intermédiaire des malheureux Ukrainiens. Même l’entrée en guerre contre l’Allemagne a été pour partie motivée, derrière les leçons de morale, par leur volonté de l’empêcher de mettre la main sur les ressources pétrolières russes. Le pétrole est l’obsession constante des Etats-Unis représentés par les Blancs. Corrélativement, cela ne peut être qu’une critique du capitalisme et du profit. Les Osages n’étant là que comme le contre-exemple de cette manière d’exister. Cependant à l’évidence les Indiens sont eux-mêmes directement contaminés par le mode de vie des Blancs. Ils s’habillent comme eux, visent à acheter de belles voitures et Mollie va aussi à l’Église, dialoguant avec le curé, tout en visant de se marier avec un Blanc. Ce segment n’est d’ailleurs pas très développé dans le film, comme s’il allait de soi que les Indiens se doivent d’imiter les Blancs dans leur « éthique ». On ne sait pas ce qu’en pense Martin Scorsese qui se contente de mettre en scènes des mauvais sujets, appuyés sur une communauté qui fait le dos rond, contre des « bons » Indiens.
William King Hale est un gros éleveur, ami des Osages
Plus intéressant est sans doute l’opposition larvée entre la tradition des Osages, faite d’une référence constante à l’opposition entre la Nature, et le « progrès » produit par les Blancs. Le progrès se révèle mauvais, que ce soit les automobiles, les armes à feu dont les Blancs font un usage surabondant ou encore que ce soit les médicaments, l’insuline est non seulement un objet de chantage, mais c’est aussi une possibilité d’empoisonner Mollie parce qu’elle est dépendante de ce médicament qui à l’époque ne se trouve pas facilement. De toute façon le progrès va de pair avec la prise de pouvoir des Blancs sur la terre des Amérindiens. Le progrès c’est cette idée d’uniformiser les cultures. Ainsi les mariages mixtes ne sont pas seulement motivés par la cupidité, mais aussi par la volonté de détruire la culture des Osages. Détruire la culture des Osages c’est abolir le passé, et du même coup on se demande si Scorsese qui n’a jamais fait de western ne règle pas ses contes avec ce genre – même s’il nous a répété qu’il admirait The Searchers de John Ford. L’Amérique s’appelait le Nouveau Monde, comme si avant ce monde n’existait pas.
Hale explique à son neveu comment il doit vivre
Les Blancs – en réalité dans l’esprit de Scorsese il s’agit plutôt des WASP – sont regardés du point de vue de leur fourberie atavique, n’ayant pu obtenir ce qu’ils veulent par la loi, ils vont utiliser les mauvais coups dans le dos. En ce sens le portrait de King Hale est impressionnant de justesse quand il décrit dans un premier temps le paternalisme « antiraciste » du riche éleveur comme un élément de dissimulation de ses intentions perverses. Ça nous rappelle les rodomontades des ONG d’aujourd’hui qui dissimulent trop souvent des intentions cachées derrière leur compassion et leur paternalisme pour le Tiers Monde ou pour les migrants. King Hale s’intéresse à la culture des Indiens pour montrer son esprit ouvert, il encourage son neveu Ernst dans cette voie.
Des Osages meurent mystérieusement
Le second thème est celui d’un potentat local qui se comporte en père autoritaire avec ses neveux qui sont aussi ses instruments de pouvoir. Le débat se centre sur la relation entre Ernst et King Hale. Le premier qui revient de la guerre est complètement traumatisé et s’accroche à son oncle qui représente toute sa famille. En échange de sa protection, il l’assure de sa soumission. Cette relation se dégrade au fur et à mesure que l’oncle entraine le neveu dans le crime, car Ernst participe bel et bien aux crimes, même si cette participation le rend malade et le force à détruire sa propre famille. Tourmenté, il va balancer longtemps entre une soumission sans condition à King Hale et l’amour qu’il porte à Mollie. Car manifestement il aime Mollie et se désole de ce qu’il doive lui faire du mal. Il vit très mal cette ambiguïté des sentiments. Si cet aspect est dominant dans le film, Scorsese, malgré la longueur démesurée, ne s’attarde pas sur la propre ambigüité de Mollie. Manifestement elle est assez intelligente pour comprendre que son mari est louche, plus bête qu’elle, mais comme elle est aspirée par son désir d’épouser un blanc, elle ne renonce pas à lui. Il y avait là pourtant la voie ouverte à cette interrogation qui fait que les Indiens qui comprennent la malignité des Blancs veulent aussi être comme eux. La mère de Mollie est plus claire et comprend que cette aisance matérielle que les Osages ont miraculeusement obtenue se paye d’un effondrement de leur âme. Mais tout cela est masqué par une trop grande attention aux tourments d’Ernst qui n’est pas du tout un personnage intéressant.
Ernst fait la connaissance de Mollie
Les motivations de King Hale ne sont pas claires. C’est un criminel dans l’âme, un fourbe et un sournois. Il est le mal, une sorte de personnage démoniaque. Il est déjà très riche, c’est donc bien au-delà de la cupidité qu’il agit. Les Osages sont ses ennemis. Et pour mieux les combattre, il veut les connaitre, se rapprocher d’eux. Il ne méprise pas du tout ses ennemis, son but est de les détruire. Il représente le mal absolu, celui qui a choisi le crime comme mode d’existence, fier de sa capacité à monter de louches combines. Cependant il a derrière lui l’ensemble de la communauté blanche, que ce soit le shérif ou les médecins. Au passage on notera que le progrès de la médecine conduit l’être humain – ici les Indiens – à remettre sa vie entre les mains de quelqu’un qui n’est pas forcément animé de bonnes intentions. King Hale se sert aussi bien des notables que de la racaille qui gravite autour de la ville, les bouilleurs de cru sont ici identifiés, sans doute un peu bêtement, à des délinquants de basse extraction.
Mollie et Ernst se marient avec la bénédiction de King Hale
Évidemment si la communauté blanche suit King Hale, c’est parce que globalement elle jalouse la richesse des Indiens, elle ne comprend pas que cette richesse soit supérieure à la leur, essentiellement parce que pour eux la richesse est le signe d’une hiérarchie sociale évidente : le meilleur doit être aussi le plus riche ! La jalousie est d’ailleurs un peu le fil rouge de cette histoire, si elle est d’abord le fait de la communauté blanche, elle va ensuite contaminer la famille de Mollie et agir sur elle comme un dissolvant en l’opposant à ses sœurs. Il vient alors que la famille devient une simple fiction, un paravent derrière lequel on cache ses véritébales intentions. C’est très évident pour King Hale, mais c’est aussi le cas d’Ernst qui ne semble pas trop savoir quoi faire de cette famille qu’il a pourtant construite laborieusement avec Mollie.
King Hale console la sœur de Mollie qui avait des vues sur Ernst
La logique du groupe prime sur celle de l’individu. Le groupe impose des solidarités, c’est le sens qu’on peut voir dans cette cérémonie scabreuse de l’initiation d’Ernst à une franc-maçonnerie de pacotille. La communauté blanche tentera de faire pression sur Ernst, en appelant à son sens de la solidarité entre Blancs pour dédouaner King Hale de ses crimes. Mais dès lors qu’il est touché dans sa chair, Ernst va se ressaisir et s’éloigner de cette logique communautaire qui a finalement ruiné sa vie et affirmer son individualité contre le groupe. Même s’il a tout perdu, il va solder ses comptes avec son oncle.
Ernst est initié à la franc-maçonnerie
Avec l’arrivée de Tom White, le film prend un nouveau départ. On revient vers une enquête plus traditionnelle, les policiers faisant pression pour que les suspects parlent, tirant sur le fil pour arriver à leur but. Ils emploient d’ailleurs des méthodes discutables, proches de la torture lorsqu’ils interrogent Ernst. Outre qu’on est déjà vers la fin du film, on ne sait pas trop quoi penser de cet éloge larvé des prémisses du FBI qui à l’époque s’appelait le BOI. Rappelons que Di Caprio avait endossé le costume de J. Edgar Hoover dans le très médiocre film de Clint Eastwood qui avait passé sous silence les canailleries du créateur du FBI, notamment sa collusion avec la mafia. Mais là les policiers du BOI sont intègres et au-dessus des raisons locales pour éviter d’aller jusqu’au bout de leur enquête.
Ernst est étonné que Mollie ne lui fasse pas confiance
Le film est fait de déséquilibres très importants qui amène un rythme assez décousu. Les décors extérieurs pourtant très intéressants sont assez mal utilisés et le film reste un peu trop enfermé. Les lieux où vivent les indiens sont assez mal définis. Il y a une surabondance de scènes tournées dans la pénombre, comme pour dissimuler leur honte. Autrement dit les personnages sont presque toujours mal définis dans leur environnement. C’est d’autant plus dommageable qu’il semble que le film ait été tourné dans les beaux paysages de l’Oklahoma, sur les lieux mêmes de l’histoire. Cette mauvaise utilisation des extérieurs est sans doute la rançon d’un découpage souvent trop saccadé. Peut-être cela vient-il aussi du fait que Scorsese refuse de rattacher son film à un genre bien précis, le western ou le film noir. Du premier il retient les formes révisionnistes qui accusent le pillage d’un pays par les Blancs, et du second, à la fois la quête de la vérité et le déroulement d’une enquête qui se révèle difficile dans un milieu hostile, mais aussi bien entendu l’ambigüité des sentiments.
La mère de Mollie est morte
Pour ce qui concerne la réalisation, elle ne dépend pas vraiment du scénario. Il faut distinguer deux choses, d’une part la technique, et d’autre part le rythme. La technique, c’est cette capacité assez unique que possède Scorsese à trouver des angles de prises de vue incroyables et aussi des déplacements de caméra très sophistiqués. De ce côté-là, c’est parfait. Je pense par exemple à cette course de voitures au milieu d’une rue qui ne semble pas être encore finie. Ou encore l’arrivée d’Ernst Burkhart à la gare, au milieu d’une cohue indescriptible. Il sait allier le déplacement rapide des voitures et le déplacement en arrière de sa caméra. Ça donne de la vitesse. Le rythme par contre n’est pas bon, voire désastreux. La scène du mariage est beaucoup trop longue, même si elle donne lieu à des prouesses techniques que ne renierait pas un Michael Cimino par exemple. Ça traine en longueur et on pourrait facilement enlever une heure, voire une heure et demie sans que cela nuise au récit proprement dit. À partir du moment où King Hale est arrêté, il y a encore une heure pour boucler l’affaire, alors qu’on a compris que tout était consommé, la fin aurait pu durer 10 minutes à partir des aveux de King Hale. Les scènes où on voit King Hale en prison n’apportent strictement rien. En vérité ce défaut dans le rythme vient du fait que Scorsese ne sait pas quelle place il doit donner aux Indiens et à ceux qui leur veulent du mal. Manifestement sa caméra se range du côté du mal, ce qui fait que les Osages deviennent un peu transparents.
Ernst et Mollie ont eu un deuxième enfant
La photo est bonne, disons qu’elle fait joli, surtout que les décors sont très couteux, et sans doute un peu trop pimpants, les costumes aussi qui semblent toujours sortir du pressing, mais c’est souvent le cas dans les reconstitutions historiques au cinéma. C’est passe partout, et il n’y a guère de jeu sur les couleurs contrairement à certains films de Scorsese d’avant sa collaboration avec Di Caprio, il semble ainsi rangé du côté d’un certain conformisme américain ambiant. Les dialogues très abondants, trop abondants, sont filmés assez passivement, des gros plans, champ, contre-champ. Le plus souvent ça manque de souplesse et d’imagination.
Tom White enquête pour le BOI
Contrairement à ce qui a été dit, l’interprétation qui a consommé une large part du budget n’est pas à la hauteur. Di Caprio qui aurait touché 22 millions de dollars pour sa prestation dans le rôle d’Ernst Burkhart, joue les ahuris, le menton en avant, hésitant entre l’imbécile heureux et la crapule, on l’a connu mieux inspiré, même sous la direction de Scorsese. C’est lui qui est le plus longtemps à l’écran. Il devient l’acteur fétiche de Scorsese, puisqu’on prévoit qu’ils vont tourner encore deux films ensemble. Pour ce rôle il s’est transformé, vieilli, les traits marqués, abandonnant son allure de jeune premier. Lily Gladstone dans le rôle de Mollie affiche trop souvent un sourire satisfait, sans qu’on comprenne très bien si elle méprise son futur mari ou si elle l’aime vraiment, ou si encore elle comprend la fourberie des Blancs qui l’entourent. Cependant dans la toute dernière partie du film quand elle est confrontée à l’évidence de la trahison de son époux, elle devient touchante. Robert De Niro, celui qui a tourné le plus de films avec Scorsese, une dizaine, et qui s’est contenté de 5 millions de dollars, est pourtant bien meilleur, plus fin, plus ambigu, oscillant entre le patriarche plein de sincère compassion pour ses amis les indiens et la franche canaillerie de type. Mais ça ne suffira pas pour que ce soit un rôle important dans sa filmographie. La distribution a consommé une grosse partie du budget, pour partie sans doute parce qu’il y a eu de nombreuses interruptions dans le tournage, interruptions liées à la pandémie.
Mollie est de plus en plus souffrante
Il y a aussi de très bons seconds rôles. Jesse Plemons est très dans le rôle du taciturne et obstiné Tom White, l’enquêteur en chef du BOI. Ou encore l’excellent Moe Hendricks dans le rôle du shérif Freass. Curieusement les Indiens ne sont pas beaucoup mis en valeur, sauf un peu Tantoo Cardinal dans le rôle de Lizzie, la mère de Mollie qui voit arriver la mort sous la forme d’un hibou.
White interroge King Hale
Au final ce film est clairement moins mauvais que The Irishman, fiasco artistique complet, mais cependant il n’est pas très bon et n’atteint jamais le niveau des meilleurs Scorsese, loin de là. Ce n’est pas la longueur qui est l’obstacle, c’est plutôt que cette longueur est inutile et dilue le propos, le noie dans des préciosités qui plombe le rythme. On n’ose pas aujourd’hui critiquer Scorsese, on l’a déjà vu avec sa précédente production pour la télévision. Mais l’ensemble manque tout de même d’émotion. Les festivaliers lui ont fait une ovation à Cannes, preuve que Cannes n’est plus ce que c’était.
Ernst est arrêté à son tour
Martin Scorsese semble très content de sa collaboration avec David Grann, il projette de porter à l’écran assez rapidement, The Wager: A Tale of Shipwreck, Mutiny and Murder, son nouveau roman, une histoire réelle de mutinerie qui se passe au XVIIIème siècle. Le livre est déjà un succès aux Etats-Unis et Scorsese en a acquis les droits avec Leonardo Di Caprio. Avec ce dernier, il devrait tourner une biopic du président Theodor Roosevelt, un vieux projet qu’il a remis cent fois sur le métier.
La justice a autorisé les deux époux à se rencontrer
Le vrai King Hale
Calvin Coolidge reçoit les Osages à la Maison Blanche
[1] http://alexandreclement.eklablog.com/the-old-man-and-the-gun-david-lowery-2018-a158447312
[2] http://alexandreclement.eklablog.com/boxcar-bertha-martin-scorsese-1972-a114844718
[3] http://alexandreclement.eklablog.com/the-irishman-martin-scorsese-2019-a177715326
Tags : Martin Scorsese, Leonardo Di Caprio, Robert De Niro, Lily Gladstone, David Grann, film noir, histoire vraie
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