• Le château de l’angoisse, Castle on the Hudson, Anatole Litvak, 1940

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    C’est un film qui n’a pas une bonne réputation. Et c’est également le remake de 20000 years in Sing Sing réalisé en 1932 par Michael Curtiz et interprété par Spencer Tracy. Ce sont les mêmes scénaristes qui ont travaillé pour les deux films.

    Basé sur le récit de l’ancien directeur de prison de Sing Sing, c’est l’histoire d’un petit voyou qui, condamné à une lourde peine pour un vol commis avec une arme à feu va finir sur la chaise électrique. Tom Gordan travaille pour des gangsters qui ne se mouillent guère. Par contre, lui est une grande gueule qui défie le monde entier et ne prend guère de précaution. Sa vie est toute tracée de sa naissance miséreuse, son absence d’affection familiale, jusqu’à sa capacité de se faire manipuler par de plus malins que lui. Il va donc tomber pour un cambriolage, mais il est soutenu par Kay qui l’aime et qui espère bien qu’il retrouvera le droit chemin. Elle prendra d’ailleurs des risques pour l’aider, mais c’est justement cela qui mènera Tom à sa perte. En effet, en voulant l’aider, elle se met dans les pattes d’un avocat véreux, Crowley, qui va chercher à abuser d’elle. Pour échapper à son emprise, elle sautera en marche d’une voiture.

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    Tom va se rebeller contre la prison et ses règles     

    Cet accident la laisse à l’hosto entre la vie et la mort. Le directeur de la prison autorise Gordan à aller la voir en lui faisant promettre qu’il reviendra. Mais voilà, Gordan tombe sur Crowley, se bat avec lui, et Kay le tue. Personne ne voulant croire que c’est elle qui l’a butté, Gordan est condamné à la chaise électrique.

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    Tom et Rockford préparent une évasion

    C’est un film humaniste, à la fois militant contre la peine de mort, et pointant du doigt l’inconséquence des médias qui attise la haine de la foule en désignant des coupables sans autre forme de procès. On peut le rapprocher du film de Robert Siodmak, La proie tiré du roman de Henry Edward  Helseth, roman qui sera aussi adapté par José Giovanni sous le titre d’Un aller simple. Cependant, il reste assez difficile à juger. S’il comporte de très bonnes séquences, il paraît un peu fait de bric et de broc, hésitant à se centrer sur son sujet, la peine de mort et la prison. Trop de digressions éparpille l’attention du spectateur. Mais si le premier tiers est assez raté, les scènes de prison, la révolte de Tom, la fin vers la chaise électrique, sont extrêmement bien faites et tiennent en haleine.  Il y a même une certaine ambiguïté bien venue dans le personnage du directeur de prison qui cherche à briser Tom, à l’uniformiser, à le fondre dans la masse des prisonniers. Ayant mis Tom à l’isolement pendant plusieurs mois, celui-ci finira par accepter de travailler dans les ateliers de la prison pour échapper à la cruauté de son sort. Mais Tom n’est pas forcément sympathique : arrogant et vicieux, il se croie un peu au-dessus des lois. C’est pourtant un pauvre garçon, rongé par le doute, portant la fatalité de son existence comme un fardeau que seul l’amour de Kay peut l’aider à supporter. 

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    Rockford rate son évasion et mourra

    Cette ambigüité se retrouve dans le comportement de Tom par rapport à Kay, il espère quelque chose d’elle, tout en voulant qu’elle se détache de lui, mais il s’aperçoit bientôt qu’il n’a qu’elle dans la vie. Elle-même n’est pas très nette non plus et ses tentatives pour sauver Tom en se rapprochant de Crowley paraisse aussi ambigües que désespérées.

    Le scénario possède ainsi beaucoup de finesses qui sont peut-être un peu masquées par des dialogues trop abondants et une mise en scène trop directe. Le personnage de Rockford, son ironie, son intelligence, donne un ton décalé au film, il est plus intéressant que celui stéréotypé de Mike. Il mourra d’ailleurs dans des conditions assez bizarres, se suicidant quasiment en se jetant dans le vide.

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    Kay reste fidèle à Tom et vient le voir au parloir

    Si les scènes du début, la rue, le hold-up, le cabaret, sont assez quelconque, bien que traditionnelles pour un film noir, vite expédié – le film est assez court – il n’en est pas de même pour la prison. C’est un peu plus soigné, les décors sont plus travaillés. Bref c’est sur cet aspect que Litvak a fait porter tous ses efforts. L’évasion ratée de Rockford, la façon dont il va grimper dans les étages dans une fuite folle et sans espoir, est tout à fait remarquable. Et bien sûr on remarquera la discrétion avec laquelle est filmée la marche de Tom dans le couloir de la mort.

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    Cette crapule d’avocat pense qu’il va se faire faire un avantage par Kay

    L’interprétation est de first qualité. John Garfield en tête, mais aussi Ann Sheridan, la scène finale où les deux amants se font leurs adieux est tout à fait poignante. Pat O’Brien est toujours égal à lui-même dans ce rôle de cureton patient et obstiné qui veut remettre dans le droit chemin les brebis égarées. Burgess Meredith est très bon dans la peau de Rockford, une sorte d’intellectuel égaré dans un monde d’idiotie.

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    Tom s’en ira dignement vers la mort

    Bref si ce n’est pas un chef d’œuvre, c’est tout de même un film très intéressant, marqué par l’engagement physique, quasi animal de John Garfield.

    « La belle de Paris, Under my skin, Jean Negulesco, 1950New York confidentiel, New York Confidential, Russell Rouse, 1955 »
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