• Le monde de San-Antonio, n° 97, automne/hiver 2022

     Le monde de San-Antonio, n° 97, automne/hiver 2022

    La dernière livraison du Monde de San-Antonio, bulletin de l’association Les amis de San-Antonio, vient d’arriver dans ma boîte aux lettres. C’est un excellent numéro. A côté des nouvelles de l’Association, le déroulement de son assemblée générale, ses comptes, nous avons droit à une très longue et passionnante interview d’Armand de Caro le créateur des éditions Fleuve Noir, interview commentée par Philippe Aurousseau. Il raconte comment cette maison s’est construite presque brique par brique, comment il a été difficile vers la fin des années cinquante de trouver du papier, comment elle a été innovante sur le plan de la distribution des livres et la conception qu’elle avait de faire travailler des auteurs français. Toute une époque donc. Armand de Caro prendra sa retraite en 1986, au moment où le système de production d’une littérature populaire était en voie d’effondrement pour des raisons diverses et variées, notamment parce que la télévision a pris le pouvoir sur la production des fictions populaires. Mais entre temps, cette maison avait fait la fortune de quelques auteurs, et notamment de Frédéric Dard. Tous ces auteurs avaient en commun de travailler et de produire beaucoup pour fidéliser la clientèle. Il revient dans le détail sur la façon dont il ira chercher le créateur de San-Antonio pour qu’il pousse sa carrière dans un sens bien particulier. 

    Le monde de San-Antonio, n° 97, automne/hiver 2022 

    Armand de Caro avec son auteur favori qui était aussi son gendre 

    Armand de Caro décrit le fonctionnement de cette maison dans une sorte de cadre familial, avançant que jusqu’à une certaine époque, il n’avait même pas besoin de contrat entre lui et ses auteurs. On sait que longtemps Frédéric Dard s’est abrité derrière cette idée du contrat pour justifier le fait qu’il produisait des San-Antonio à la chaîne. Cette raison donnée à son stakhanovisme littéraire m’a toujours semblée un peu fausse, parce qu’un contrat ça peut se rompre mais aussi parce qu’on n’a jamais vu un auteur écrire pendant des décennies contre son gré. Le plus étonnant dans l’aventure d’Armand de Caro c’est que cette entreprise qui était gérée comme une petite entreprise familiale, était devenue un mastodonte avant d’être rachetée par Les Presses de la Cité. Et c’est presque naturellement que le meilleur auteur du Fleuve Noir, Frédéric Dard, intégrera à son tour la famille de Caro en épousant sa fille ! Et la première fille de Frédéric Dard, Elisabeth, épousera ensuite le bras droit d’Armand de Caro, Patrick Siry. Ça ne s’arrête pas là puisqu’à son tour Patrice Dard travaillera sous pseudonyme bien entendu pour le Fleuve Noir, sous les nom de Vic Saint-Val et d’Alix Carol. C’est donc une aventure complètement unique dans le petit monde de l’édition dont la réussite suscita bien des jalousies. Cette interview complète très utilement l’ouvrage d’Artiaga et Letourneux dont nous avons parlé il y a quelques jours[1]. Les explications sont un peu curieuses parfois, notamment quand il s’est agi de développer une collection d’espionnage, à laquelle Frédéric Dard contribuera assez mollement. De Caro raconte qu’il s’agissait là de répondre à une demande dans la crainte des conséquences de la Guerre froide, mais c’était aussi une entreprise de propagande anticommuniste. 

    Le monde de San-Antonio, n° 97, automne/hiver 2022  

    Cette livraison du Monde de San-Antonio est complétée par une excellente analyse de l’ouvrage en deux volumes de Fred Hidalgo, Le roman de San-antonio qui vient d’être réédité aux éditions Balzac, ouvrage dont j’ai dit le plus grand bien au mois de juin dernier[2]. Cette réédition, nécessité par l’épuisement du premier tirage, est comme une session de rattrapage pour ceux qui ne l’aurait pas encore lu. Les fêtes de Noël approchant, c’est une bonne idée de cadeau, qu’on peut éventuellement se faire à soi-même !



    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/loic-artiaga-matthieu-letourneux-aux-origines-de-la-pop-culture-le-fle-a213407465

    [2] http://alexandreclement.eklablog.com/fred-hidalgo-san-antonio-passa-la-porte-et-frederic-dard-entra-suivi-d-a212642191

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