• Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

     Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Coppola ne voulait pas faire le premier, et il ne voulait pas plus faire le second. Il avait tort, non pas à cause du succès public que cette suite a connu, mais parce ce que c’est ce qu’il lèguera à l’histoire du cinéma avec Apocalypse Now, comme le plus novateur dans les années soixante-dix qui pourtant ont été foisonnantes. Il a évoqué les problèmes d’argent qu’il avait pour son studio Zoetrope pour expliquer sa participation. Entre le I et le II, du temps avait passé, et Coppola s’était éloigné des affres du tournage titanesque de la première mouture de The Godfather en tournant un film plus personnel, The conversation, film qui obtint la Palme d’or à Cannes. Ce film qui mettait en vedette Gene Hackman utilisait des acteurs comme John Cazale ou Robert Duvall qu’on avait vu dans l’épisode I de The Godfather et qui allaient revenir dans l’épisode II. Le succès critique fut très important, mais le public ne suivit pas vraiment, sans que ce soit un bide pour autant. Comme il avait eu déjà l’Oscar pour The Godfather, on pouvait dire qu’il était un réalisteur reconnu et plus que comblé. Ces succès artistiques et commerciaux allaient lui permettre de tourner la seconde partie de la saga des Corleone avec un budget imposant et sans les tracasseries de la Paramount. L’idée de base était relativement simple, il suffisait de reprendre les éléments de l’ouvrage de Mario Puzo qui n’avaient pas été utilisés dans la première partie, en rajoutant des scènes concernant plus particulièrement Michael Corleone. Il articulerait la jeunesse de Vito Corleone et le développement de l’empire de Michael Corleone avec un simple montage alterné, passant des années 1910 à la fin des années 1950. Qu’un seul roman ait pu donner lieu à deux films d’une telle intensité, c’est assez inédit. Le film est très long, presque trois heures et demi, mais en réalité, il y a deux films en un, deux films qui auraient pu être tout à fait indépendants l’un de l’autre mais qui d’une certaine manière s’éclairent l’un l’autre en étant mêlés. Si le film s’appelle The Godfather, part II, c’est bien parce qu’il s’intègre dans un projet plus global, du moins c’est ainsi que l’ont vu Mario Puzo et Coppola. L’ampleur de cette deuxième partie est telle qu’il dépasse le simple film noir ou de mafia. Sa dimension historique, dans les deux histoires imbriquées d’ailleurs, ses méditations sur la solitude et sur la famille, sa compréhension de la misère, en font une œuvre unique, presqu’universelle aussi. Et bien entendu l’œuvre s’élève sur une interrogation sur ce qui a fait l’Amérique, et notamment sa violence native. Toute la partie sur l’arrivée de Vito à New York et sur son cheminement au cœur de la Little Italy est fascinante, et elle inspirera Sergio Leone pour le malheureux Once upon a time in America qui sera tourné dix ans plus tard, avec Robert De Niro, reprenant le thème d’une bande de jeunes qui grandissent et s’imposent ensemble dans un environnement hostile. Mais le savoir-faire des deux réalisateurs n’est pas tout à fait le même. Voyons les deux histoires qui pourraient être d’ailleurs deux films séparés, tant leur densité est élevée, bien que la narration de la jeunesse de Vito Corleone soit plus brève que celle du développement des affaires de Michael Corleone. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974 

    Don Ciccio ne veut pas épargner le jeune Andolini 

    Vito Andolini qui n’a pourtant que neuf ans, est obligé de fuir la Sicile, la ville de Corleone. En effet son père et son frère ont été assassinés par Don Ciccio, le parrain local, et celui-ci veut exterminer tous les mâles de la famille Andolini car il craint que l’un d’eux ne se venge. Sa mère mourra pour protéger sa fuite. Grâce à quelques complicités, il arrive cependant à échapper aux recherches des hommes de Don Ciccio et à embarquer pour New-York. Arrivé en Amérique, le service de l’immigration l’enregistre sous le nom de Vito Corleone, confondant son patronyme avec sa ville de naissance. Il est quasiment muet, mais il doit être mis en quarantaine parce que sur la bâteau il a attrapé la variole. On le retrouve plus tard dans la petite Italie où il est une sorte de commis dans une épicerie, il s’est marié et a un enfant, il vit difficilement. Il perd son emploi parce que Don Fanucci, le parrain local, demande à son patron d’employer un de ses protégés. Le hasard va lui faire rencontrer un voleur pour qui il cache des armes, c’est le jeune Clemenza. Il va faire équipe avec lui et Tessio. Mais Don Fanucci prétend le racketter et prendre un pourcentage sur leurs vols, il demande 600 $, puis 200 $, et finalement Vito ne lui en donne que 100. Le jour de la fête de la Vierge Marie, tandis que la procession bat son plein, Vito tue de sang froid Don Fanucci, en passant par les toits pour rejoindre l’immeuble où habite son tourmenteur. A la suite de ce meurtre, il va devenir le parrain respecté du quartier, il a investi son argent bien mal acquis sans doute dans un commerce qui fait dans l’exportation de l’huile d’olive. Mais il règle aussi les menus problèmes de la communauté, il a remplacé Don Fanucci, par exemple quand une veuve que connaît sa femme est menacée de se faire expulser de son logement à cause de son petit chien. Par la suite il va retourner en Sicile, à Corleone, avec toute sa petite famille, Il va retrouver des membres éloignés de sa famille, visiter un moulin à huile, mais surtout il va pouvoir approcher le parrain Don Ciccio qui est devenu un peu gâteux, sous le prétexte d’importer de l’huile d’olive, il va l’éventrer pour venger toute sa famille, son père, sa mère, et son frère aîné. Il regagnera ensuite l’Amérique. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Vito arrive à New York

    Michael Corleone fête en grande pompe la communion de son fils Anthony sur le lac Tahoe où il s’est installé. C’est pour lui aussi une occasion de rencontrer des gens avec qui il est en affaire. Le sénateur Geary lui demande beaucoup d’argent pour lui octroyer une licence pour un casino, tout en l’assurant de son mépris pour ceux de sa race. Mais Michael l’envoie promener. Ensuite, c’est Pentangeli, qui à New York a pris la suite de Clemenza qui se plaint de difficultés qu’il rencontre avec les frères Rosato qui sont alliés avec le puissant Hyman Roth. Michael lui demande de temporiser parce qu’il monte un gros coup à Cuba avec le vieux parrain juif qui était dans le temps un allié de son père. Mais le soir de cette fête, Michael et sa femme doivent subir une attaque qui rate. La fusillade ayant eu lieu dans sa propre proproété, Michael est persuadé que quelqu’un le trahit. Il file ensuite à Miami pour discuter avec Hyman Roth sous la conduite de Johnny Ola. Le deal est d’apporter deux millions de dollars à Hyman Roth pour s’associer avec lui sur les casinos et les hôtels de Cuba. Arrivé à la Havane, Michael est surpris par l’atmosphère qui y règne. Même si le préisdent Battista prétend qu’il contrôle la situation, et même si Hyman Roth considère que sur Cuba il a toujours soufflé une atmosphère de rébellion qui n’empêche pas de faire des affaires. A Cuba, Michael est accompagné d’un garde du corps qui est aussi un tueur. Et son frère Fredo le rejoint avec une valise contenant 2 millions de dollars. A Hyman Roth il annonce qu’il va attendre un peu pour se décider. Le soir de la fête du jour de l’an 1959, les révolutionnaires de Castro prennent le pouvoir. Battista s’enfuit. Entre temps Michael a envoyé son tueur exécuter Hyman Roth, mais le hasard fait qu’il est abattu avant d’avoir pu mener à bien sa tache. Michael a compris que c’était son frère Fredo qui l’avait trahi. La commission d’enquête sur les activités de la mafia va tenter de l’accuser. Elle a trouvé en effet une manière de faire pression sur Pentangeli qui a subi une tentative de meurtre de la part des frères Rosato, pour qu’il le dénonce. Mais la seule présence du frère de Pentangeli suffira à le dissuader de parler. Cependant le mariage de Michael bat de l’aile et Kay veut divorcer, mais si elle arrive à partir, il gardera les enfants. Après la mort de sa mère, il se réconcilie avec sa sœur Connie, et en apparence aussi avec Fredo. Mais il poursuit son idée de vengeance. Il fera tuer Hyman Roth, et Tom va décider Pentangeli à se suicider en s’ouvrant les veines dans son bain. Plus tard, il fera exécuter Fredo, son propre frère, et il restera seul face à lui-même et ses désillusions

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Clemenza entraine Vito dans des cambriolages 

    Si la partie décrivant l’évolution de Michael Corleone est dans la lignée du premier opus, la seconde est beaucoup plus originale, non seulement par l’approche de la jeunesse de Vito Corleone, mais par la manière dont celle-ci est filmée. L’histoire de Michael est bien sûr également très bien filmée, mais l’effort a manifestement été fait sur la partie dédiée à la jeunesse de Vito Corleone. L’ensemble brasse un certain nombre de thèmes finalement assez cohérents. D’abord c’est évidemment l’échec du rêve américain, même si on comprend bien que ce désir de puissance s’explique par des frustrations accumulées, Michael Corleone non seulement a dû suivre les traces de son père contre sa volonté initiale, mais il se retrouve seul, complètement seul, et sa famille est un désastre. Toute son histoire est celle d’un homme qui s’endurcit de plus en plus, allant jusqu’à se vider de toute humanité et préoccupé presqu’uniquement de consolider son pouvoir. L’histoire de la famille Andolini-Corleone au fond est celle d’une adaptation impossible, chassé de la Sicile, la seule place qu’elle trouve, c’est dans la grande criminalité. C’est ce qui unit les deux histoires. La logique est tout à fait matérialiste, les circonstances font que Vito Corleone et Michael Corleone sont surdéterminés par leurs conditions d’existence. Vito va devenir vraiment malhonnête quand il va être chassé par Don Fanucci de la place qu’il occupait comme commis dans une épicerie. Avant de s’associer avec Clemenza et Tessio, on le verra en train de compter son argent et se demander comment il va bien pouvoir nourrir sa famille. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Don Fanucci doit se contenter de 100 $ 

    Michael qui a hérité de l’empire de son père, n’a pas les mêmes problèmes que lui. Vito en effet était seul au monde et devait se mesurer avec une société dure et hostile. Son but était d’éviter l’écrasement. Son fils ne se mesure plus à la société, mais seulement à sa famille. Et d’abord il doit démontrer qu’il est à la hauteur des espérances que son père avait mises en lui. Mais Michael a encore la vie plus difficile parce qu’il est un parmi ses frères. Il doit s’affirmer aussi par rapport à eux. Si Santino s’est éliminé de lui-même, il éliminera finalement aussi Fredo qui quelque part lui faisait de l’ombre, malgré sa médiocrité c’était son aîné. On ne choisit pas son destin. La vie de Michael Corleone est sinistre au possible. Il est coupé de la famille qu’il a créée, entre autres chose parce qu’il a choisi de se marier avec une anglo-saxonne qui ne peut pas le comprendre quels que soient les efforts qu’elle fera. Pour les anglo-saxons, le sens de l’honneur n’est pas un concept qu’ils peuvent comprendre. Vito Corleone tue à la fois par nécessité pour s’imposer – Don Fanucci – mais aussi pour ce qu’on pourrait appeler la vengeance. En effet quand il tue Don Ciccio, ce dernier est déjà à moitié gâteux, Vito pourrait attendre qu’il s’éteigne de lui-même. Mais il veut le tuer pour sa satisfaction personnelle, pour ne pas passer pour un moins que rien à ses propres yeux. Le prix à payer de tous ces crimes, c’est la solitude. Si Michael est respecté et craint, il n’a pas d’amis, il en viendra même à se heurter avec le très fidèle Tom Hagen qu’autrefois il considérait comme son propre frère. De même on ne lui connaît aucune vraie passion, sauf celle de consolider son empire, cette tâche ayant absorbé le principal de sa vie. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Pendant la fête de Marie, Vito va assassiner Don Fanucci 

    L’ensemble est enchâssé dans une analyse historique très fine, bien au-delà de la simple reconstitution d’une époque révolue. Dès le début du film la mafia est présentée comme une organisation prédatrice, proto-capitaliste, qui ne vise en rien la protection de ses affidés. L’immigration est présentée comme une phase horrible, un prix élevé à payer. Les migrants sont parqués comme des bestiaux sur Ellis Island, attendant le visa qui leur permettra de se propulser dans la société américaine qui se développe à fond de train. L’immigration c’est aussi la quarantaine due à la variole. Mais ensuite, quand Vito rejoint, Little Italy, les rapports sociaux apparaissent comme très durs, les conditions de vie, difficiles. C’est le contexte du début du XXème siècle. La seconde partie se développe à la toute fin des années cinquante, on y voit la corruption des hommes politiques en la personne du sénateur Geary. Mais aussi c’est le début de la fin de l’empire américain, avec la chute de Cuba. La mafia dans cette période représente le capitalisme impérialiste, on la verra s’acoquiner avec ITT, ATT, et d’autres multinationales qui veulent piller le tiers-monde. Cette logique se heurte à la révolution cubaine, brisant net les rêves d’expansion de la mafia dans l’île. Notez qu’en 1959, ce sont les Corses qui ont vendu les casinos et les hôtels de tourisme à la mafia. Ils ont bien fait, parce qu’après la fin de l’année ça ne valait plus un clou, et les pertes furent énormes pour eux. On verra donc Michael se méfier à la fois d’Hyman Roth, mais aussi des révolutionnaires que Batista prétendra contrôler. Quand Michael demande à ce qu’on tue Hyman Roth qui a été refoulé d’Israël, il fera une allusion au fait qu’on peut tuer même un président si on en a la volonté. C’est bien ce qui arrivera avec Kennedy dont le meurtre sera orchestré par toute une partie de l’Amérique, dont évidemment la mafia de Genovese. Cette image de la mafia signifie que son ambition est de prendre le pouvoir politique. C’est ce qu’elle fera d’ailleurs en Sicile et ce qu’elle tentera de faire en Italie avec un succès mitigé totu de même. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974 

    Vito abat Don Fanucci devant chez lui

    La réalisation est somptueuse. Le budget étant élevé, Coppola peut multiplier les scènes de foule, et elles sont nombreuses. Mais si on oppose les deux parties de ce film, on remarquera d’abord que les couleurs ne sont pas les mêmes. La jeunesse de Vito Corleone baigne dans une lumière ocre, s’inscrivant dans les reflets des décors naturels, absorbant en quelque sorte les personnages. La partie relatant les frasques de Michael est coloriée plus violemment, les couleurs sont plus tranchées. On y trouvera des bleus, des rouges, des blancs avec la neige sur le lac Tahoe. Cette utilisation des couleurs est une manière d’opposer le passé qui s’estompe et le présent qui continue à s’affirmer dans une modernité de plus en plus clinquante. Les reconstitutions historiques au cinéma sont toujours très difficiles, mais ici c’est excellent, le choix des lieux est judicieux – particulièrement en Sicile – tout comme les costumes. Coppola sait donner l’image de la pauvreté, sans pour autant tomber dans le misérabilisme, tout en gardant une distance nécessaire à une œuvre de fiction. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Vito revient en Sicile, officiellement pour acheter de l’huile d’olive 

    Il y a des scènes vraiment marquantes sur le plan cinématographique. Par exemple ce très long travelling avant suivant Robert De Niro à travers la longue avenue qui coupe Little Italy, avec une foule dense et turbulente. C’est magnifique avec des multiples détails qui permettent de saisir le mouvement de la vie du quartier, les étals de fruits et de légumes, les échoppes d’artisan, etc. Et puis il y a le meurtre de Don Fanucci qui nous permet de suivre à travers un découpage savant et lumineux, à la fois la procession pour la Vierge, avec tout le folklore qui va avec, les billets collés ou épinglés sur son effigie, et la progression de Vito à travers les escaliers puis sur les toits, se donnant à lui-même une position élevée qu’il occupera bientôt. Rien que pour ces deux scènes on peut dire que la partie mettant en scène l’histoire de la jeunesse de Vito est bien meilleure que l’autre. Sans doute Coppola s’y est-il plus intéressé. Mais cela ne veut pas dire que les intrigues menées par Michael ou contre lui soient mal filmées ou peu intéressantes. Certainement pas. Il y a des scènes grandioses. Bien sûr la communion d’Anthony, mais aussi les scènes de foule à Cuba. On notera que Coppola dans cette partie s’attarde sur le visage fermé de Michael en gros plan pour l’isoler, en montrer la solitude, ce qu’il ne fait pas pour le jeune Vito. Sans doute que cette multiplication lime un peu l’aspect épique de cette histoire. Les scènes où Michael doit faire face à la commission d’enquête sur la mafia sont excellentes également, et là encore il y a beaucoup de monde. Il y a toujours un sens du rythme, et même quand la scène dure longtemps, comme par exemple la communion d’Anthony, il se greffe tellement de choses tout autour qu’on ne peut pas voir le temps passer. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Michael a donné une grande fête pour la communion de son fils

    Le choix des décors est excellent, notamment en Sicile, répétons le.  On y voit des vieilles pierres, des vieilles maisons qui sont comme endormies, mais cet endormissement cache une violence terrible. Cette poésie semble émaner d’une opposition entre une terre magnifique et un décor somptueux et une violence humaine en décalage avec eux. Comme si Coppola voulait inciter les Siciliens à renouer le fil de leur histoire avec un passé magnifique et solaire. On y verra donc un magnifique moulin à huile, mais aussi la très belle maison de Don Ciccio, cette canaille, envahie de mauvaises herbes, médiocrement entretenue. Les décors dans lesquels se déploie l’histoire de Michael sont moins étonnants, disons plus traditionnels ou attendus. Le lac Tahoe, reste un lac, et même si la demeure des Corleone est somptueuse, elle n’a pas la magie d’un lieu historique. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974 

    Michael est interrogé par la commission anti-mafia 

    Il y a aussi des portraits, c’est-à-dire des personnages qui existent par des détails singuliers. Hyman Roth, plus ou moins malade imaginaire dont le regard s’éclaire dès qu’il s’agit de monter des combines louches. Le tueur qui accompagne Michael à Cuba, tout vêtu de noir, il rappelle un peu l’image de la mort dans Le septième sceau de Bergman. Mais comme elle il échouera ! Pentangeli est aussi un personnage fort, un mélange de ruse et d’intelligence, qui s’est fait à la force du poignet. Un homme qui cherche sa place entre sa loyauté à Michael et sa propre survie. Le sénateur Geary est très intéressant aussi comme personnage, il sourit de toutes ses dents, mais derrière ce sourire hypocrite se cache une cupidité sans fond. Il tombera dans le piège tendu par les hommes de Michael, à cause de ses turpitudes sexuelles, et deviendra leur obligé. Le personnage de Fredo à peine esquissé dans la première partie, devient ici fondamental, en tant qu’il va révéler toute l’ambiguïté de Michael, bien que parce qu’il est un homme faible qui toute sa vie a cherché à exister. Les tourments des frères Corleone c’est bien au fond l’échec de Vito Corleone lui-même. Dans une scène Michael Corleone interroge sa mère sur ce qu’était réellement son père. Elle le décrit comme un homme dur avec qui il était difficile de discuter. Autrement dit les caractères des fils est la révélation de ce qu’était le père dans toute l’incompréhension qui pouvait le caractériser. Mais si Coppola décrit des caractères et des oppositions, il ne s’avance pas dans une approche psychologisante qui l’amènerait à juger. L’opposition entre Michael qui se croit bon et responsable et Fredo qui ne sait pas où il se trouve, rejoue évidemment l’éternelle histoire de Caïn et d’Abel. C’est pourtant non pas le favori des Dieux, mais le délaissé qui perdra la vie. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    A Cuba Michael a été entraîné dans des affaires douteuses 

    L’interprétation est grandiose, sans doute un des meilleurs rôles d’Al Pacino dans la peau de Michael. Il joue parfaitement de ses regards par en dessous, de son flegme apparent et aussi de sa petite taille qui sans doute a été un problème pour lui. Cependant Robert De Niro est encore plus impressionnant dans le rôle du jeune Vito. Pour cette prestation il obtiendra l’Oscar du meilleur second rôle, mais en vérité c’est quasiment un premier rôle à égalité avec Al Pacino. Ce qui signifie que Vito Corleone a reçu deux Oscars d’interprétation, l’un pour Marlon Brando dans le rôle du vieux parrain, et l’autre pour Robert De Niro. Ce qui est unique dans l’histoire du cinéma. D’ailleurs, si dans le I Al Pacino volait la vedette à Marlon Brando, dans le II c’est bien Robert De Niro qui vole la vedette à Al Pacino. Il est vrai que son rôle est moins monolithique que celui d’Al Pacino. Ce dernier adopte la position d’un homme qui n’évolue plus, qui gère une situation déjà là. C’était exactement le cas pour Marlon Brando dans le I. ils défendent une position qu’ils n’ont plus à construire. Robert Duvall est encore bien meilleur que dans le I, il a des scènes qui lui donnent l’occasion de démontrer toute l’étendu de son art. dans son dialogue avec Pentangeli, le poussant au suicide à travers une sorte de contrat qui ne dit pas son nom, et que Pentangeli, enfermé dans une caserne de l’armée ne peut qu’accepter. Ou encore quand il s’affronte avec Michael qui le maltraite et qu’il montre toute sa dignité. Diane Keaton joue toujours le même rôle de l’anglo-saxonne qui ne comprend pas grand-chose et qui n’a plus que comme défense l’idée d’humilier son mari. Elle est assez anodine, sans être mauvaise bien évidemment. Les meilleurs dans cette distribution de grande classe, on les trouve dans des rôles secondaires, Michael Gazzo dans le rôle de Pentangeli qui est époustouflant, et puis Lee Strasberg, le vieux professeur de l’Actor Studio auquel Coppola rend hommage en lui confiant le rôle décisif d’Hyman Roth, et il est très bon. J’aime beaucoup aussi Gastone Moschin qui, dans le rôle du débonnaire Don Fanucci qui est vraiment excellent. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974 

    Michael dit à Fredo qu’il sait qu’il l’a trahi 

    Curieusement si ce film somptueux a eu beaucoup de succès, il en a eu bien moins que le premier opus. Deux raisons peuvent expliquer cela : d’abord le fait que beaucoup de spectateurs ont dû penser que Coppola se répétait un peu trop, ce qui est faux bien sûr, mais ils avaient peut-être peur de voir le même film, ensuite parce que l’histoire étant très enchevêtrée, cela pouvait être un peu déroutant. Mais ce film s’est rattrapé ensuite avec les nombreuses diffusions à la télévision, puis les ventes en K7, DVD puis Blu ray. C’est devenu un classique du genre, et un des films qu’on cite le plus souvent parmi les meilleurs films jamais tournés. En tous les cas c’est un très beau film noir, très noir, mais en même temps un drame flamboyant tout autant que romantique. On peut le voir et le revoir de nombreuses fois sans se lasser, il y a tant de chose à y découvrir et une belle rigueur dans la réalisation. 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Michael ne veut pas divorcer de Kay 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Après la mort de Fredo, Michael est de plus en plus seul 

    Le Parrain II, The Godfather, part II, Françis Ford Coppola, 1974

    Robert De Niro avait auditionné pour le rôle de Santino pour le 1er opus. 

     

     

     

     

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    1
    Jeudi 8 Août à 17:15
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