• Les félins, René Clément, 1964

     Les félins, René Clément, 1964

    René Clément fut certainement un des maîtres du film noir français. Les félins est le reflet d’une grande maitrise. Il s’agit d’une adaptation d’un roman de Day Keene, Vive le marié. Même si Day Keene est un auteur remarquable de romans noirs, très sous-estimé, il faut dire que le film de René Clément n’a pas beaucoup de rapport avec le livre. De même on trouve le nom du grand Charles Williams comme coadaptateur. En réalité, selon René Clément lui-même qui le décrit comme un ivrogne très sympathique, il n’a strictement rien fait sur le film. Malgré tout cela c’est une réussite, et cinquante années après, il se laisse voir et revoir avec un grand plaisir.

    Les félins, René Clément, 1964  

    Marc est un play boy inconséquent qui a séduit la femme d’un ponte de la mafia. Sa tête est mise à prix, et il n’échappe à la mort une première fois qu’en quittant les Etats-Unis pour se réfugier sur la Côte d’Azur. Mais les bandits ont de la suite dans les idées, et ils retrouvent sa piste. Un nouvelle fois il leur échappe miraculeusement. Il va alors se réfugier dans une asile pour clodos où il espère se faire oublier. C’est la qu’il va rencontrer Barbara qui, accompagnée de la jeune Melissa fait la tournée des asiles de nuit pour distribuer de l’aide aux nécessiteux. De fil en aiguille, elles vont finir par embaucher Marc comme chauffeur, il faut bien aider les malheureux à se réinserrer. Il logera dans une annexe de la luxueuse propriété. Mais cette situation est louche, et Marc se rend compte qu’il est manipulé. On le drogue, pourtant Melissa semble éprouver de réels sentiments pour lui. En vérité le but des deux femmes est de récupérer le passeport de Marc et de permettre ainsi à son ancien amant qui se cache dans la maison de retrouver une identité et de pouvoir enfin sortir. Les difficultés sont d’autant plus grandes, que les hommers de Loftus n’ont pas renoncé, et repérant Marc au milieu de la circulation dans Nice, ils vont encore le pourchasser. 

    Les félins, René Clément, 1964 

    Marc à New York est malmené par les hommes de Loftus 

    Le film est rythmé, pas de temps mort, il mêle adroitement l’action au pur suspence et à des ombres affaires de jalousie et de rancune. En effet Melissa est jalouse à en mourir de Barbara, mais Vincent est aussi jaloux de Marc. C’est cette jalousie maladive qui entrainera tout le monde vers une fin tragique, une destruction. Il y a un côté neurasthénique qui n’existait pas dans le roman. Le film joue aussi sur cette idée : qui est la dupe de qui ? Tout le monde se méfie de tout le monde, et la personne la plus perverse n’est pas celle qu’on croit. Mais ce qui fait plus encore la particularité du film, c’est son érotisme discret et vénéneux.

    Les félins, René Clément, 1964  

    Marc voit sa dernière heure approcher 

    C’est une coproduction franco-américaine, et le film fut un gros succès des deux côtés de l’Atlantique, comme dans les autres pays européens. Tout est parfait. Des acteurs à la musique de Lalo Schifrin qui sera reprise avec succès par l’organiste de jazz Jimmy Smith. Réglons d’abord la question de l’interprétation. Delon domine la distribution, présent d’un bout à l’autre du film, c’est la troisième fois qu’il travaille avec René Clément, après Plein soleil  et Quelle joie de vivre que Delon lui-même range parmi ses films préférés et qui n’avait pas marché aussi bien que prévu. Delon est impeccable dans ce rôle de voyou. Les deux filles sont très bien, Lola Albright est sûrement la bonne surprise du film, elle joue Barbara, à la fois troublante et troublée par Marc. Jane Fonda est Melissa, en apparence une jeune femme fragile et immature. 

    Les félins, René Clément, 1964

    A l’asile de nuit, Marc est repéré par Melissa 

    Tourné en écran large et en noir et blanc, la photo d’Henri Decae qui a travaillé souvent avec René Clément, mais aussi avec Jean-Pierre Melville notamment sur Le samouraï, et aussi avec Julien Duvivier sur un film très sous-estimé d’Alain Delon, Diaboliquement votre, est excellente. On remarquera une utilisation particulière des décors, des formes baroques, une architecture déroutante. C’est la patte de René Clément qui ne laissait le soin à personne de choisir les objets qui donnaient la vie à un décor singulier. On retiendra encore la scène de la fuite de Marc dans un endroit presque désert de la Côte, alors que le gang veut l’éliminer. Ou la visite de Barbara et Melissa à l’asile de nuit, les deux femmes sont filmées dans une sorte de brouillard, en plan éloigné, s’avançant menaçantes vers les cloches qui peuplent l’asile.

    Les félins, René Clément, 1964  

    Marc est un étrange chauffeur 

    Les félins, René Clément, 1964 

    Une crevaison obligera Marc à se livrer à Melissa 

    Les félins, René Clément, 1964 

    René Clément dirigeant Alain Delon sur Les félins

    « Si ma tante en avait, San-Antonio, 1978Dans la ville en feu, Michael Connelly, Calmann-Lévy, 2015 »
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