• Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

     Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Fort de l’énorme succès de Quai des orfèvres, Clouzot va tenter un sujet un peu plus personnel. Il exécute une transposition de L’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, publié en 1731 par l’Abbé Prévost et dont le côté sulfureux assura son succès sur le très long terme. Cet ouvrage traitait de la prostitution, de l’amour malheureux d’un homme maladivement jaloux et aussi de l’exil. Son côté scandaleux lui attira des condamnations à plusieurs reprises, mais finalement il participa à cette société française d’émancipation par le livre et la lecture des œuvres libertines qui allait mener à la Révolution de 1789. Les amants devront s’exiler en Amérique pour fuir la justice. L’Abbé Prévost n’était pas cependant un simple homme d’Eglise, et il avait de nombreuses aventures avec des femmes de toute catégorie sociale, il est probable qu’il savait de quoi il parlait en dissertant sur les rapports homme-femme. Cet ouvrage sans cesse réédité et étudié a fait l’objet d’une dizaine d’adaptation pour le cinéma et de huit transpositions pour le petit écran. Également elle a été le motif de plusieurs opéras, notamment de Puccini et de Jules Massenet, les héritiers de ce dernier avaient eu l’idée saugrenue de porter plainte contre l’adaptation de Clouzot. Ils furent déboutés fort justement et promptement par la justice. Clouzot, grand amateur de musique classique, n’aimait d’ailleurs pas l’opéra de Massenet. Tout cela montre l’importance que cette œuvre a eu en France et à l’étranger.  

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Outre le fait que Clouzot n’avait pas le goût pour les films en costume, il avait bien des raisons de réaliser cette transposition. En situant cette sombre histoire juste au moment de la Libération et un peu après, Clouzot va non seulement travailler sur des thèmes qui lui sont chers, la jalousie, l’amour passionné et sans espoir, la mort des amants, le crime fatal, mais aussi il va régler ses comptes avec la société d’avant-guerre et le « résistancialisme », terme généralement employé par ceux qui n’ont pas participé à la Résistance, et plus généralement par les anciens pétainistes qui entendent redresser la tête face à leur mise au ban de la société. Il compensera cela en dressant le portrait de migrants juifs qui tentent d’arriver en Palestine. A l’époque l’odyssée de l’Exodus est encore dans toutes les têtes. L’autre aspect de ce film est qu’il est écrit avec Jean Ferry qui a déjà travaillé avec lui, et ensemble ils vont orienter leur choix vers de jeunes acteurs capables de faire vivre cette fièvre de l’immédiat après-guerre où se mêlent les privations et le marché noir, l’angoisse de la misère. 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949 

    Manon sur le bateau tente de s’approcher de Robert 

    Robert Desgrieux s’est engagé dans les FFI pour chasser les Allemands, mais surtout par désœuvrement. Au cours de ces opérations en Normandie, il va trouver Manon Lescaut que les Résistants menacent de tondre pour cause de collaboration horizontale. Dans la confusion il va l’aider à s’évader, abandonnant là ses camarades. Ils semblent tous les deux animés d’une même passion. Mais comme ils sont désargentés, ils vont se tourner vers le frère de Manon, Léon, maquereau et trafiquant du marché noir. Manon est frivole, aime l’argent et le luxe. Elle pousse Robert à faire du marché noir, lui expliquant qu’en travaillant on ne peut pas devenir riche. Puis elle se prostitue pour le compte de son frère. Robert qui est très jaloux la retrouve dans un bordel, mais malgré son désir de la quitter, il n’y arrive pas. Ils se remettent ensemble et achètent un appartement. Elle va ensuite s’acoquiner avec un officier américain ce qui va permettre à Robert de trafiquer la pénicilline. Manon cependant ne se contente pas de cela et veut se marier avec l’Américain de façon à lui piquer encore plus de dollars. Elle dit cependant qu’elle aime toujours Robert et qu’elle lui reviendra. Pour pouvoir partir Léon le frère de Manon va retenir Robert. Mais celui-ci lorsqu’il sera libéré étrangle Léon et s’enfuit à la gare de Lyon pour Marseille. Il téléphone à Manon pour le lui dire. Celle-ci se précipite à la gare, attrape le train bondé juste au moment de son départ et retrouve péniblement Robert. Ils s’embarquent par la suite clandestinement sur un bateau qui doit amener des Juifs dans le nouvel Etat d’Israël. Le commandant les découvre. Robert est mis aux arrêts. Manon vend des bijoux au steward en échange de la possibilité de voir Robert. Mais Bernier est démasqué. Le commandant demande alors à Robert et à Manon de raconter leur histoire. Ce qu’ils font. Les prenant en pitié, le commandant va toutefois les débarquer en Israël avec les Juifs. Ils doivent rejoindre la ville dans un camion, mais celui-ci tombe en panne. Ils doivent continuer à pied dans le désert. C’est un voyage long et éprouvant. Mais le pire advient quand une bande d’Arabes montés sur des chameaux les attaque et leur tire dessus. Manon est mortellement blessée. Robert pleure pour la dernière fois et va l’enterrer dans le sable. 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Robert participe à la chasse aux Allemands 

    Comme on le voit c’est le récit tourmenté des amours passionnées d’un homme faible et d’une jeune femme volage qui ne pense qu’à prendre du plaisir à n’importe quel prix. Mais Manon est une pute, et comme telle elle a la mentalité d’une femme soumise. Elle ne respecte que les hommes forts, les maquereaux, les trafiquants, et a peu de goût pour les pleurnicheries de Robert qui se fait rosser par le garde du corps de Monsieur Paul. Cependant elle ne supporte pas que celui-ci lui échappe et chaque fois qu’il la quitte, lui crache dessus, elle s’arrange pour qu’il lui revienne. Lorsque Robert tente de fuir en prenant le train pour Marseille, elle abandonne ses plans qui étaient de se marier avec un riche américain, et elle revient pour le ramener dans ses filets, ne supportant pas de le voir échapper à son emprise. Et Robert la reprendra. C’est un chemin de croix que cette femme sans morale lui impose et qu’il s’impose. Il faut qu’il souffre pour elle pour lui montrer son attachement. Peu importe qu’il ait tué son propre frère, c’est bien là la preuve de son amour ! Comme les Juifs de l’exode à la recherche de la Terre promise, ils errent vers un but incertain. Il est très probable que cette relation avec les Juifs à la recherche d’une patrie provienne de Jean Ferry qui était d’origine juive. C’est le pendant de l’exil forcé de Manon vers l’Amérique dans l’ouvrage de l’Abbé Prevost, la quête d’un Nouveau Monde. Beaucoup de Juifs avaient d’ailleurs ce sentiment d’être des pionniers dans une terre vierge, c’est bien le sens de la création de Tel Aviv qui se voulait une ville neuve construite dans un espace vierge. Clouzot va mettre beaucoup de soin à décrire la souffrance de ces Juifs. On le verra dans la manière de décrire leurs conditions de vie misérable sur le bateau, leur manière de chanter visant à se redonner espoir, puis la traversée du désert avec la mort comme horizon. Est-ce une manière d’éteindre les critiques qui avaient voulu faire de lui un collaborateur de l’Allemagne nazie ? En filigrane il y a bien un engagement politique. Il dira d’ailleurs par ma suite qu’il était plutôt de gauche, et à l’époque soutenir la création d’Israël était une mission que s’était donné la gauche dans son ensemble. Mais Clouzot n’avait pas besoin d’être philosémite pour mettre en scène des Juifs, il lui suffisait de se les représenter comme des éternels errants, réprouvés, voués au malheur perpétuel. Robert en suivant les Juifs admet qu’il est en quête de leur souffrance. 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Manon a des goûts de luxe

    Le portrait de Manon est quelque part beaucoup plus simple et moins tourmenté que celui de Robert. Elle est prête à tout pour vivre dans le luxe et trouver de l’argent. elle est matérialiste avant toute chose. En même temps elle se moque de Robert et de ses sentiments, tant qu’il lui reste attaché. Mais elle revendique aussi pour elle-même une certaine innocence presqu’enfantine, refusant de voir le mal où elle ne trouve que du plaisir. Elle payera de sa personne d’ailleurs. En moins sinistre, elle ressemble un peu à la Séverine de Belle de jour qui aime son mari, mais qui trouve son plaisir ailleurs, dans un avilissement volontaire qui déborde les notions élémentaires de la morale bourgeoise. Elle joue donc de son plaisir, mais jouit aussi des tourments qu’elle inflige à Robert. Celui-ci est un compliqué car dès le début il se rend compte du manque de fiabilité qu’il peut avoir dans Manon. C’est encore plus évident quand il rencontre son frère et Monsieur Paul. Il sait qu’il ne peut rien attendre en restant dans ce milieu louche. Mais sa nature masochiste le pousse pourtant à continuer sa relation avec elle. Il se veut martyre et saint. Comme Maurice Martineau dans Quai des orfèvres dont le comportement de sa femme Jenny le ronge, ou même comme le docteur Germain dans Le corbeau qui n’arrive pas à se détacher de Denise, Robert est prisonnier de sa passion masochiste. Si Denise est handicapée physiquement, Manon est handicapée moralement. Mais ce sont toutes les deux des femmes amoindries. Clouzot ne se perd jamais en explications de ce qui amène ces femmes à être fourbes et volages. Ce qui veut dire qu’il considère que le mal est une partie inhérente de la personne humaine à plus ou moins de degrés. Après tout, ceux qui veulent tondre Manon ont aussi leur part de mal en eux. Manon assume ses choix et se moque de ce qu’on pense d’elle, même si Robert la juge mal. Elle est tolérante en ce sens qu’elle ne va pas faire la morale ni à son frère, ni à Monsieur Paul qui sont pourtant de vraies crapules. Mais c’est aussi ce qui la perd. 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Au bal Robert se révèle jaloux 

    Robert est très compliqué. Il aime Manon aussi bien parce qu’elle a une âme d’enfant que parce qu’elle le fait souffrir et je crois que ce que montre Clouzot c’est aussi ça : si le bonheur est dans le crime, on peut aussi dire qu’il est dans la souffrance. Il souffre donc tout le temps. D’abord de l’inconduite de Manon, c’est ce qui est le plus visible, mais il souffre aussi de ne pas assumer pleinement cette relation, et donc d’être finalement moins que Léon et Monsieur Paul qui n’ont pas de tels complexes. Mais il souffre aussi de devoir trafiquer la pénicilline, on le voit bien quand le médecin auquel il en procure refuse de lui serrer la main. Il souffre aussi quand Manon le présente à l’officier américain comme son frère. Elle lui donne par substitution le rôle du maquereau dont il ne voulait pas. Tuer Léon est pour lui le premier pas sur le chemin de la rédemption, le premier pas vers la Terre promise. Clouzot avait eu une éducation religieuse stricte, mais il s’en était détaché peu à peu, sauf qu’il y reviendra après le décès de son épouse Véra. Cette éducation n’est pas sans rapport avec le récit concocté par un homme d’église, l’Abbé Prévost, qui mena dans sa jeunesse une vie très dissolue ! 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949 

    Robert retrouve Manon dans un bordel 

    Il est vrai cependant que ces personnages torturés peinent aujourd’hui à nous intéresser, et je ne suis pas certain qu’on lise encore beaucoup Manon Lescaut. Il y a aussi un côté répétitif dans les inconséquences de Manon. Manon le trompe, Robert pardonne et revient vers elle. C’est toujours le même schéma. C’est peut-être ça qui explique que le film aura un succès assez moyen, surtout si on le compare à celui de Quai des orfèvres. Film très personnel finalement de Clouzot, la réalisation est par contre irréprochable et la preuve d’un talent renouvelé. Toujours aidé par l’admirable photographie d’Armand Thirard, Clouzot utilise tous les trucs du film noir américain dont il semble qu’il ait beaucoup appris à cette époque. D’abord la structure en flash-back qui indique la subjectivité du récit. Comme tous les tournages de Clouzot celui-ci fut des plus pénibles. Il ne voulait pas tourner les scènes du désert en studio. Ce qui allait alourdir gravement le budget. Aussi, après avoir cherché longuement en Algérie et en Tunisie les décors adéquats, embarqua-t-il toute son équipe pour le Maroc, mais là où il devait tourner 5 jours, il resta cinq semaines. Les acteurs principaux qui devaient jouer des âmes torturées et malheureuses furent bousculés. Mais il y a dans ce film des scènes excellentes et mémorables. D’abord l’ouverture avec cette caméra qui pénètre à l’intérieur du bateau comme si nous étions à la place de Jonas dans le ventre de la baleine[1]. Les couloirs et les coursives sont filmés de façon à saisir l’étroitesse des lieux et leur donner un effet de tunnel comme si les protagonistes, qu’ils soient Juifs ou qu’il s’agisse de Manon et Robert, cherchaient le chemin de la lumière et de la justice. Il y a ensuite cette scène du bal, avec une caméra en surplomb qui travaille la foule pour laisser apparaitre Manon en train de flirter et Robert en train de paniquer de la voir se vautrer ainsi et prêt à intervenir, il y a un sens du mouvement étonnant qui montre justement cette indifférence de la foule pour les amants. Et puis il y a la longue séquence du train bondé que Manon tente de remonter. Cette scène claustrophobique sera reprise d’ailleurs par René Clément dans Le jour et l’heure dans un autre contexte toutefois puisque l’héroïne sera poursuivie par des membres de la Gestapo. Les scènes du désert vont permettre à Clouzot de tirer des belles diagonales avec cette marche des Juifs épuisés dont on sent toute la vulnérabilité. C’est la première fois qu’il filme des paysages aussi longuement, et il va y prendre goût Clouzot multiplie les plans généraux dans les dialogues comme c’est son habitude ce qui lui permet de multiplier les angles de prise de vue et de donner un rythme rapide à cette histoire. Les cènes de misère alternent avec l’opulence de ceux qui ont fait du marché noir, Monsieur Paul, mais aussi la mère maquerelle qui drive Manon. 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Manon a invité un officier américain 

    Je disais plus haut que René Clément s’était sans doute inspiré de Manon pour Le jour et l’heure, voir la scène du train, mais il semble qu’à l’inverse Clouzot se soit aussi inspiré du film de René Clément, Les maudits, pour les scènes du bateau, ou encore même d’Au-delà des grilles où on voyait un passager clandestin se dissimuler dans les méandres de la mécanique du bateau, faisant apparaitre celui-ci comme un moyen de se déplacer très mystérieux.  Dans l’ensemble sur le plan formel Clouzot franchit ici un pas vers une stylisation accrue. Les décors de l’appartement que Manon et Robert finissent par acheter va dans le sens de ce dépouillement du discours, mais au fond les ruines dans lesquelles se passent la rencontre de Robert et de Manon également. Ces ruines nous apprennent beaucoup sur l’impossibilité de cet amour. On remarquera le soin que Clouzot accorde à l’Eglise en voie d’effondrement mais aussi abandonnée de la population qui croit moins en Dieu qu’à la matérialité des faits. 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Robert annonce à Manon qu’il s’en va à Marseille 

    Quand le projet a été lancé, Clouzot voulait engager Serge Reggiani dans le rôle de Robert Desgrieux. Reggiani était déjà très connu à l’époque, et d’ailleurs c’est lui dont le nom figure en haut de l’affiche. Mais Clouzot lui préféra finalement le quasi inconnu Michel Auclair. C’est plutôt bien vu dans la mesure où cet acteur a un physique un peu mou, mais il peut aussi se montrer viril et déterminé. Sans doute manifeste-t-il parfaitement cette ambiguïté du personnage, son indécision. Reggiani hérita donc du petit rôle de Léon Lescaut. Ce rôle est moins important, moins complexe aussi, il suffit de jouer la crapule sans morale, ce à quoi Reggiani sera abonné tout au long de sa carrière. Le rôle de Manon a été finalement attribué à une vraie débutante, Cécile Aubry qui n’avait que vingt ans. Elle avait cette moue boudeuse et surtout un physique peu imposant qui contrastait assez bien finalement avec la dureté intermittente du personnage, on dit qu’il la choisit parmi 800 prétendantes au rôle. Clouzot était un grand directeur d’acteurs. Ça se voit ici avec ce qu’il est capable de tirer de Cécile Aubry. A côté de ce trio on voit Raymond Souplex dans le rôle de Monsieur Jean. Rôle assez inhabituel pour lui qui a été habitué à jouer plutôt les policiers débonnaires. Ici il montre une cruauté, une dureté, qui donne du poids à son personnage. D’autres acteurs sont des éléments récurrents de la cinématographie de Clouzot. Robert Dalban dans le rôle du steward indélicat. Et puis Henry Vilbert dans le rôle un peu plus important du commandant du navire ou encore Andrex dans le rôle d’un trafiquant et l’incontournable Dora Doll dans le rôle d’une femme de mauvaise vie. 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Dans le train bondé à la Gare de Lyon, Manon va chercher Robert 

    Dans l’ensemble le projet de Clouzot semble beaucoup moins abouti que ses précédents films, mais il recèle de très belles qualités formelles au-delà de cette ratiocination parfois un peu lourde sur le bien et le mal. On retrouvera cet aspect maladif de l’amour passion dans bien d‘autres films noirs inspirés par exemple de David Goodis, William Irish ou encore Boileau & Narcejac. Le film eut un petit peu moins de succès que les précédents de Clouzot, mais il dépassa tout de même les  trois millions d’entrées, et c’est un film un peu oublié. Mais il faut évidemment le voir et le revoir. La récente restauration de ce film par la Cinémathèque française lui redonne un attrait particulier. Malgré la tiédeur des critiques de l’époque, ce film obtient le Lion d’or à Venise, ce qui était à l’époque un prix prestigieux. 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949 

    Sur le bateau Manon et Robert font leurs adieux au commandant 

    Manon, Henri-Georges Clouzot, 1949

    Manon est morte, Robert va l’enterrer



    [1] Dans la Bible le mythe de Jonas est considéré comme une réflexion sur l’importance du pardon. C’est le thème de Moby Dick d’Herman Melville. Voir La Bible, Livre de Jonas 2, 1-11

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