• Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982

     Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982

    Henri Verneuil a été un réalisateur à succès, de très gros succès même. Pendant longtemps il a tenu le record de la billetterie en France avec La vache et le prisonnier. Il aimait tourner avec des vedettes de premier plan comme Jean Gabin, 5 films, Fernandel, 8 films, Belmondo, 7 films. Sa volonté de faire d’abord un cinéma populaire qui remplisse les salles et qui se vende bien aussi à l’étranger, si elle parait assez banale aujourd’hui, lui a valu l’opprobre de la critique, en France surtout. Il a fait quelques incursions dans le film noir, ou du moins à sa périphérie, Une manche et la belle[1] adapté de James Hadley Chase, Mélodie en sous-sol ou encore Le clan des siciliens adapté d’Auguste Le Breton. Mais sans doute n’avait-il pas assez le goût du tragique pour que ces incursions deviennent marquantes. Mille milliards de dollars s’inscrit dans cette veine, et plus particulièrement dans ce sous-genre du film noir qui met en scène des journalistes intègres face au pouvoir de l’argent et de la corruption. Notez que ce film est tourné en 1981, alors que l’arrivée au pouvoir de Mitterrand promet un changement politique très profond fondé sur une sorte de nationalisme économique qui sera cependant rapidement abandonné pour se tourner vers l’Europe et sa logique libérale. Le scénario est signé Henri Verneuil, mais il semble qu’il se soit inspiré d’un ouvrage assez obscur de Robert Lattes, bien qu’il ne le cite pas dans le générique, et aussi plus secondairement de celui de Lawrence Meyer. Le livre de Robert Lattes avait été publié en 1969, et celui de Lawrence Meyer à la fin des années soixante-dix. Cette incongruité donnera des produits dérivés curieux. En 1982 Lattès, l’éditeur, ressortira l’ouvrage de Robert Lattes avec une image de Patrick Dewaere en couverture, et plus tard, le DVD du film de Verneuil sera vendu avec le livre de Lawrence Meyer ! Le plus curieux est sans doute de voir qu’aujourd’hui Henri Verneuil est réhabilité et commence à devenir un réalisateur respectable, une sorte de classique, alors même que sa manière de faire du cinéma a disparu complètement, surtout en France ! Quand Verneuil tourne Mille milliards de dollars, il est en fin de carrière. Ses films n’ont plus le même succès, bien que consécutivement à Mille milliards de dollars il décrochera une dernière fois la timbale avec Les morfalous, un véhicule assez médiocre pour Belmondo que la critique éreintera sans ménagement mais qui frisera tout de même les 4 millions d’entrées en France.

     Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982 

    Kerjean est journaliste à La tribune. Il est contacté par un mystérieux personnage qui va le mettre sur la piste d’un chef d’entreprise Jacques Benoît-Lambert qui traficote dans l’immobilier et dont les affaires ont été renflouées par la multinationale GTI. Kerjean en enquêtant pense qu’il a à faire à une simple affaire de corruption, voire d’abus de biens sociaux. Il va rencontrer différents protagonistes, dont sa femme et sa maîtresse, mais aussi un détective privé. Il publiera, après avoir rencontré le sulfureux patron de GTI un premier article sur cette affaire qui va conduire Jacques Benoît-Lambert au suicide. Du moins c’est ce que l’on croit. Mais en réalité il a été assassiné car derrière cette affaire de corruption, il y en a une autre bien plus importante : Jacques Benoît-Lambert voulait sortir un dossier sur les relations douteuses que GTI avait entretenues durant la Seconde Guerre mondiale avec le pouvoir nazi. En effet cette firme américaine a livré des armes au régime hitlérien de façon non seulement à continuer à faire des bénéfices, mais aussi à pouvoir conserver ses usines en Allemagne et en Autriche. Puis quand le vent a tourné, elle devint un pilier du patriotisme américain ! Kerjean va avec son jeune fils être victime d’un attentat, mais malgré cela il remontera la filière et finira par mettre la main sur le fameux dossier qui incrimine la firme internationale. Il n’est pas au bout de ses peines. Il va comprendre qu’il a été manipulé, et que GTI l’avait mis volontairement sur la piste de Jacques Benoît-Lambert afin de récupérer le fameux dossier sur ses activités durant la Seconde Guerre mondiale. Au moment de rédiger un article sur cette affaire et donc de révéler le rôle fondamental de GTI, il va se rendre compte que son journal est aussi entre les mains de la firme, et donc il devra faire face à cette nouvelle difficulté en faisant sortir le scandale par un petit journal de province avec lequel il avait gardé des liens. 

    Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982 

    La femme de Jacques Benoît-Lambert va le mettre sur la piste 

    C’est un film à message, à multiple messages on pourrait dire. Verneuil prend ici le contrepied de ce que racontait Michel Audiard avec qui il a beaucoup travaillé – 6 films tout de même – et qui disait « quand j’ai un message à envoyer je vais à la poste ». Et c’est sans doute pour cela que le film va être terriblement bavard. Le premier de ces messages porte sur la puissance démesurée des multinationales. Mille milliards de dollars, c’est le poids qu’elles pèsent ensemble et qui leur donne plus de pouvoir qu’à un Etat comme la France par exemple. Cette puissance leur permet de s’approprier d’ailleurs les fonctions d’un Etat supranational puisqu’elles achètent la violence et décident de qui doit mourir et qui elles peuvent laisser vivre. Son image est opposée dans le film a celle de la petite entreprise journalistique dirigée par le vieux Guérande et basée en province, loin de l’agitation stérile de Paris. C’est en quelque sorte une critique du progrès : l’architecture verticale du building qui abrite La tribune est opposée à celle de la petite imprimerie de Vezons, petite ville calme aux rues un peu tordues. Les multinationales sont présentées comme une calamité – nous sommes au début des années quatre-vingts – un danger pour la démocratie et pour l’économie ordinaire puisque leur logique est de grossir toujours plus en absorbant les concurrents ! C’est l’aspect matérialiste du film, la concurrence mène à la concentration du capital et à la fin de la diversité du tissu social et économique. Incidemment, on comprend que la multinationale dans son essence est l’ennemi de l’Etat national. La mécanique de l’histoire est bien sûr le grain de sable que représente Kerjean et qui va faire dérailler l’ensemble. L’individu intègre et déterminé triomphera de la bureaucratie kafkaïenne représentée par GTI. On pourrait dire que c’est une sorte d’appel aux armes contre le capitalisme sans foi ni loi des Américains ! N’oublions pas qu’à cette époque Mitterrand se présente comme l’ennemi rusé de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher qui ont entamé la révolution néo-conservatrice au profit justement de ces multinationales, révolution dont Macron semble aujourd’hui le dernier rejeton. Mais en 1983 Mitterrand capitulera et rentrera dans le rang. 

    Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982 

    Kerjean rencontre le PDG de GTI 

    La thèse n’est pas inintéressante. Mais le film est très, trop démonstratif. Au passage, un long dialogue entre le PDG et un de ses représentants appuie sur les possibilités des multinationales de réaliser de l’optimisation fiscale comme on dit en se servant des relations croisées entre ses différentes filiales, et cette logique du profit non seulement apparait comme un pillage des Etats qui perdent des recettes fiscales, mais comme une destruction – un sacrifice – immorale d’entreprises rentable. Une remarque est faite aussi sur la possibilité de délocaliser une firme et d’utiliser des ouvriers frontaliers pour faire baisser les salaires. La critique de l’immigration n’est pas très loin, mais on comprend mieux ce que veut dire en effet la flexibilisation du marché du travail. Le but est le profit et plus encore la croissance continue du profit. L’objectif financier est au-delà de toute logique raisonnable, mais il montre que c’est là un véhicule pour un pouvoir politique qui supplante toutes les autres formes de pouvoir. Quand on peut acheter les personnes, on le fait, quand on ne peut pas, on les élimine. Le film repose sur des éléments réels assez connus. D’abord les affaires de Christian Pellerin dans l’immobilier de la Défense qui firent scandale en leur temps. Ensuite ITT, une multinationale sulfureuse américaine qui non seulement avait eu un rôle très douteux durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi qui est intervenu dans le coup d’Etat au Chili pour mettre en place Pinochet. Cette firme a été démantelée et n’existe plus aujourd’hui, mais sa puissance a alimenté la chronique dans les années soixante-dix. Cet ensemble permet à Verneuil d’exalter les vertus de la petite entreprise incarnée par Guérande, le vieux patron du journal de province qui reste proche de ses employés avec qui il partage les joies simples d’une dinde farcie. Le dernier point important de ce discours finalement très politique est que le capitalisme d’aujourd’hui s’explique par les exactions passées et impunies de ses représentants.

    Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982 

    Walter le détective lui parle des mystérieuses rencontres de Jacques Benoît-Lambert 

    La dénonciation par la presse des scandales mêlant le crime et l’argent a été souvent le support de films noirs, notamment ceux de Samuel Fuller et de Richard Brooks qui eux-mêmes avaient été journalistes. C’est de ce côté que lorgne Verneuil. Mais qu’en est-il sur le plan cinématographique ? Il faut bien le dire, c’est assez médiocrement filmé. Il est vrai que Verneuil n’a jamais été un grand technicien et qu’il ne s’en sort bien que quand il dirige des acteurs de premier plan, Gabin, Delon, Fernandel, Belmondo, et encore avec beaucoup de réserve. Il y a deux aspects qui font que le film est plutôt raté malgré ses bonnes intentions. D’abord cette manie de faire raconter l’histoire par des flash-backs aussi longs que pénibles pour expliquer. Donc si les dialogues sont très lourds, cela engendrera une multiplication des face à face entre les différents protagonistes. Le second point qui procède pour partie du premier est que la caméra est assez statique. On comprend bien que Verneuil n’a pas voulu faire un film d’action, il s’est voulu plus sérieux en quelque sorte, et il ne comprendra pas d’ailleurs que la critique ne le suive pas. Mais justement l’échec du film est d’abord l’échec d’une formule esthétique incertaine qui ne sait pas utiliser les codes du film noir. Peu de profondeur de champ un usage banal de la lumière et des ombres, mêmes dans les rencontres entre Kerjean at Hankins qui pourtant s’y serait bien prêtées. Il y a quelques velléités de bien faire dans les scènes qui mettent en avant la puissance de GTI, le discours de Woaegen devant une foule énamourée et craintive de partisans, ou encore plus intéressante la réunion plus restrainte des différents dirigeants qui œuvrent pour lui à Bruxelles, avec cette mise en perspective d’une table ronde immense qui donne toute la mesure de la puissance de la firme, autour de laquelle les protagonistes sont réunis pour se faire sermonner et punir les uns après les autres.

    Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982 

    Au musée de la Marine, il rencontre Laura 

    C’est un film où les femmes ont une importance capitale, et pourtant leur trop grand nombre disperse finalement le propos. Que ce soit Hélène Kerjean, la femme de Benoît-Lambert ou sa maîtresse, elles apparaissent sincères mais aussi victimes d’une vie qu’elles n’ont pas choisie. Aucune d’entre elles n’a une image négative, les mauvais rôles sont tous tenus par des hommes. Mais de ce côté le film pêche également et sombre facilement dans la niaiserie avec la reconstitution du couple Kerjean autour de ses difficultés, ou encore l’utilisation maladroite du personnage du fils de Kerjean. Il y a une volonté manifeste de Verneuil d’intégrer des approches des films de Claude Sautet qui à l’époque est un cinéaste à la fois très populaire et considéré comme très novateur sur le plan stylistique par la critique. Verneuil lui empruntera la vision du collectif de la petite imprimerie de Vezons, mais il lui emprunte aussi la visite du musée de la Marine. C’est dans Classe tous risques qu’on trouve Abel et ses enfants venir chercher de l’aide à l’intérieur de ce lieu qui apparaît un peu hors du temps, et c’est dans ce même musée que Kerjean vient avec son fils rencontrer la maîtresse de Jacques Benoît-Lambert. D’ailleurs c’est bien dans cette visite au musée de la Marine qu’on peut mesurer l’écart sur le plan technique entre les deux réalisateurs. 

    Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982 

    Holstein va lui confier le dossier 

    L’interprétation repose d’abord sur Patrick Dewaere dont ce fut un des derniers rôles, il décédera d’ailleurs l’année de la sortie de Mille milliards de dollars. Mais il était déjà sur la pente déclinante. Même le film qu’il avait tourné avec Claude Sautet, Un mauvais fils, n’avait pas marché. Ici son jeu est assez terne, il semble se désintéresser de son personnage, alors qu’il est sensé être le héros courageux et déterminé. Son interprétation est un peu molle. Sans doute pensait il retrouver le succès qu’il avait obtenu au côté de Lino Ventura dans Adieu poulet, un autre film noir à la thématique un peu semblable. En tournant avec Verneuil il voulait rompre avec son image d’acteur pour film d’auteur. Sa femme est interprétée par Caroline Cellier, sans qu’elle soit mauvaise, ça ne colle pas vraiment avec Dewaere. Le reste de la distribution s’articule autour d’acteurs chevronnés. Jeanne Moreau fait une petite apparition dans le rôle de la femme de Benoît-Lambert, Annie Duperey est très bien dans le rôle de la maîtresse. Charles Denner joue le détective et Fernand Ledoux interprète le vieux directeur du journal de province. Ils sont tous très bien. Les méchants aussi d’ailleurs, Jean-Pierre Kalfon est le tueur à gages Hankins, et Mel Ferrer qui aimait bien tourner en Europe et plus particulièrement en France et en Italie où il tournera dans un grand nombre de pliziotteschi, prête sa prestance singulière au patron de GTI : il est remarquable parce qu’avec peu de chose il oppose l’aspect séduisant d’un patron flamboyant qui réussit et la cruauté d’un homme dangereux que rien ne peut arrêter. 

    Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982 

    Kerjean est piégé 

    A sa sortie le film fut fraîchement reçu et n’eut pas beaucoup de succès, surtout pour du Verneuil. C’est pourquoi je suis très étonné qu’aujourd’hui on procède à une réhabilitation. Certains qualifient ce film de visionnaire. Il n’en est rien bien sûr car il s’inscrit plutôt dans la longue lignée des films qui dénoncent les abus des grands capitalistes à travers la détermination d’hommes et de femmes courageux et intègres. Ce n’est du reste pas le meilleur de ce qu’à fait Verneuil. La fin très optimiste comme il se doit chez ce cinéaste, montre qu’il n’était guère fait pour le film noir. À tout prendre on lui préférera Une manche et la belle, film plus direct et qui évite les longs détours didactiques. Certes on peut en louer les intentions honorables mais sur le plan de la réalisation c’est tout de même assez indigent. Je pense pour ma part qu’il y a d’autres films de Verneuil bien plus intéressants que cette œuvre qu’on ne sait pas trop par quel bout prendre. Cependant le film peut se voir sans trop d’ennui ne serait-ce que parce qu’il y a suffisamment de rebondissements qui tiennent le spectateur en éveil. Le film s’inscrit dans la lignée de I… comme Icare, un autre film de Verneuil qui avait eu pas mal de succès quelques années plus tôt. Et plus généralement dans le genre des films policiers de dénonciation des années soixante-dix comme les films d’Yves Boisset par exemple.

     Mille milliards de dollars, Henri Verneuil, 1982 

    Kerjean comprend qu’il ne pourra pas compter sur son journal

     



    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/une-manche-et-la-belle-henri-verneuil-1957-a128163400 

    « I… comme Icare, Henri Verneuil, 1979Ingrid Bergman, Ma vie, Fayard, 1976 »
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  • Commentaires

    1
    Edward-R-Murrow
    Lundi 4 Novembre 2019 à 21:41

    Merci pour cette critique pointue d'un film injustement méconnu que j'ai découvert très tardivement.

    Pointue et acérée, car je la trouve un peu injuste avec le traitement nécessaire d'un sujet aussi technique -sans parti-pris " message anti-capitaliste " (ce que le réalisateur voulait éviter par-dessus tout), mais -doté aussi du minimum d'explications requises.

    Je suis certain que malgré la crise de 2007-2008, très peu de gens seraient capables d'énoncer clairement aujourd'hui ce qu'est une CDO et comment cela a entraîné la débâcle des " subprimes "...

    En 1982, la France était entrée depuis un an dans le rêve niais de la gauche de " changer " le monde libéral, ce que son leader a stoppé net peu après ; l'union de la gauche réalisée " on purpose " s'est réveillée avec la gueule de bois et a accompli ensuite les mêmes stupidités que ce que les soi-disant libéraux faisaient et feront encore dès 1985. La connaissance des mécanismes économiques par la population générale était encore très embryonnaire, même si on pouvait avoir l'habitude de parcourir des journaux et magazines dédiés. Bernard Tapie n'avait pas encore commencé la vulgarisation des affaires sur commande de l'Elysée, avec une émission de TV chargée de faire " passer sa pilule " du retour au libéral.

    Le monde des affaires, pour le gros des Français, c'était " Dallas " ou sa copie ratée " Chateauvallon ", pas grand chose d'autre et personne n'aurait su nommer les dix personnes les plus riches du monde, de l'époque. Je me souviens du cours le plus intéressant que je suivais alors en fac' de droit, il était justement le moins doté en heures : Économie Politique...

    C'est à cela que Verneuil apporte sa pierre : il explique en langage commun, facile et porté par la parole du journaliste d'investigation qui s'avoue lui-même peu compétent, les clés du thriller qui seul intéresse le réalisateur ; il faut bien en passer par quelques longueurs. Dans " I comme Icare ", on en a bien plus - mais là encore, l'enquête du Procureur Volney justifiait que l'on décortique pour le spectateur les aspects psychologiques du tueur présumé qui sous-tendent le fond du récit.

    Pour " Le secret " (Robert Enrico, 1974), au rebours, on reste dans le non dit, le mystère total, jusqu'au tout dernier moment le spectateur peut douter comme Noiret et Jobert de la parole du héros David (Trintignant). Est-il un dément, un criminel, un mythomane, ou la vraie victime d'un système étatique qui reste bien mystérieux : le SDECE, l'Élysée,... ? On ne le saura jamais et je trouve cela très frustrant chaque fois que je revois ce film.

    Au moins, avec " $10¹² ", on sait tout de l'intrigue ; le résumé concis des faits anciens par l'ancien dirigeant de GTI Autriche est un modèle d'efficacité, grâce notamment aux illustrations d'époque qu'il sort de son gros dossier. 

    Et si la parole journalistique est prépondérante dans ce récit, justement Verneuil fait la part belle au message de l'image, particulièrement la photographie.

    Elle est partout, révèle les premiers secrets, étaie la progression de l'enquête de Paul Kerjean, appuie sa démonstration au rédac' chef, affiche le visage conquérant de la star des affaires en Une juste avant sa chute qui arrive au rythme des rotatives ; elle dévoile les plans suivants par des raccourcis peut-être faciles cinématographiquement, mais qui font regagner le temps auparavant consacré au didactique.

    Je recommande de visionner la vidéo de présentation par Verneuil de son film à un club de cinéma (archives INA) ; il explique la genèse complète du synopsis et révèle l'inspiration directe, mot à mot, de certains dialogues.

    D'autres vidéos à la même source et issues des JT de l'époque (avec Yves Mourousi...) font revivre la présentation en direct du film dès la fin du tournage, l'annonce peu après du suicide de Patrick Dewaere (par Patrick Poivre d'Arvor...). Comme quand on regarde " Le clan des Siciliens ", autre grand classique, on ne peut que soupirer en constatant que la plupart des acteurs, intervenants divers et le réalisateur sont décédés depuis bien longtemps ; vraiment la fin d'une époque.

     

    2
    Lundi 4 Novembre 2019 à 22:23

    En effet Verneuil avait peaufiné son sujet, et vous avez raison, pour l'époque c'est surprenant. Ma critique portait surtout sur les maladresses techniques sur le plan cinématographique. C'est niais et c'est lourd, mal ficelé, et puis Patrick Dewaere est mauvais. Mais je le dis le sujet était très intéressant, et quelques scènes sont très bonnes, celles qui tournent autour de la puissance de Mel Ferrer.

    3
    Edward-R-Murrow
    Mardi 5 Novembre 2019 à 00:01
    C'est vrai! je l'admets... Je dois trop aimer ce film pour rester ainsi " bon public " car oui, c'est inégal. + Entièrement d'accord sur le dernier point.
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