• Sables mouvants, Quicksand, Irving Pichel, 1950

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    Mickey Rooney a essayé souvent de briser l’image qu’on avait de lui, celle d’un gentil garçon, sautillant, chantant, jouant de sa petite taille – petite taille qui ne l’empêchait pas d’être un séducteur, puisqu’en autre il fut le mari d’Ava Gardner. C’est ainsi que de temps en temps il a fait des apparitions dans des films noirs, ce qui permet de se rendre compte de son talent. Ainsi il tournera dans l’excellent Drive a crooked road de Richard Quine en 1954, où d’ailleurs il trouvera un rôle un peu similaire. Mais Irving Pichel, quoiqu’il fut crédité des Chasses du conte Zaroff, n’est pas un très grand réalisateur. 

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    Dan se demande où il peut bien trouver 20 $ 

    C’est donc l’histoire de Dan Brady, un gentil petit mécano qui se fait vampiriser par la curieuse Vera Novak qu’il rencontre dans un bistrot non loin du garage où il officie. Seulement pour sortir cette sorte de femme fatale, il lui faudrait un peu d’argent, et comme son patron est avare, il est sans le sou. Il cherche à se faire rembourser le prêt qu’il a fait à un ami, mais celui-ci n’est pas disponible. Bref, après avoir tout essayé, il va se résoudre à taper dans la caisse de son patron pensant qu’il pourra remettre les vingt dollars avant qu’on se soit aperçu de leur disparition. C’est le début d’un engrenage fatal. Car en effet pour rembourser ces 20 dollars qu’il a empruntés, il va acheter une montre à crédit pour 100 $, montre qu’il va mettre au clou pour 30 $. Mais la police le guette et trouvant louche qu’il ait mis au clou une montre de 100 $ le soupçonne de ne pas vouloir la payer. Moriarty – c’est le nom du flic – lui enjoint de rembourser les cent dollars d’ici au lendemain sinon il se propose de lui dresser le caractère en le mettant en prison. Désespéré Dan va agresser un forain ivre qui se trimballe toujours avec des liasses de billets de 50 $. Mais il a été vu. Et voilà que l’ancien patron de Vera, le sinistre et jaloux, Nick se met en tête de faire chanter Dan, il lui demander de voler une voiture dans le garage où il travaille. Cde que Dan fait évidemment, mais c’est au tour de son patron, l’avare propriétaire du garage de le faire chanter également. Il le somme de ramener la voiture d’ici le lendemain, ou de lui ramener 3000 $, sinon il le balance aux flics. 

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    La police le somme de rembourser l’emprunt qu’il a fait pour la montre qu’il a mise au clou 

    Ne sachant plus que faire, il parle de cela à Vera qui va l’encourager à cambrioler Nick. Ce qu’il va faire. Tout se passe bien, sauf qu’au passage la cupide Vera va étouffer 1800 $ pour se payer un manteau de fourrure. Il ne peut donner que 1800 $ à son patron, qui, pas gêné, les encaisse pour ensuite le dénoncer à la police. Dan se rebelle contre cette injustice et étrangle son patron. Dès lors il doit fuir. Evidemment il ne peut pas compter sur Vera qui à la première occasion le vend à la police même si celle-ci ne lui demande rien.

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    Nick, l’ancien patron de Vera est d’un naturel plutôt jaloux 

    Il va finalement s’enfuir avec la belle et gentille Helen qui accepte de partager son sort. Dan se rend qu’il a tout fait faux en courant après Vera. Mais il faut fuir, et sur la route il va braquer un automobiliste qui se révélera être un avocat. Finalement il sera révélé que le patron de Dan n’est pas mort, et n’ayant pas de casier judiciaire, l’avocat lui assure qu’il n’aura qu’une peine légère et qu’ensuite il pourra retrouver l’amour et la sérénité auprès de la belle Helen.

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    Le patron de Dan le fait chanter 

    Comme on le voit le scénario contient pas mal de scènes plutôt invraisemblables, et l’accumulation de situations scabreuses qui enfoncent toujours plus le malheureux Dan nuisent à la crédibilité de l’ensemble. De même, le fait qu’il préfère cette vieille garce de Vera à la douce Helen révèle plutôt d’un esprit déséquilibré et pervers, parce qu’entre les deux, il n’y a pas photo. Mais peut être que ce qui est le plus déroutant c’est le happy qui est en décalage complet avec cette accumulation d’emmerdes qui tombent sur Dan. C’est ce qui du reste fait que de nombreux puristes ne classent pas ce film comme un film noir. Il reste cependant que si ce film n’est pas un grand film, il a tout de même de nombreuses qualités. 

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    Vera pousse Dan à aller dévaliser Nick 

    La première qualité, c’est la distribution. Mickey Rooney montre qu’il excelle aussi dans les rôles dramatiques. Alors qu’il a souvent été cantonné dans des rôles d’amuseurs pas très sérieux, des comédies sirupeuses, il a cherché à réorienter sa carrière en permanence, mais son physique n’était pas facile à utiliser. Jeanne Cagney, la sœur de James Cagney incarne la noire Vera avec beaucoup d’énergie. Elle a un physique d’ailleurs gênant, tant elle ressemble à son frère ainé, le même front, le même nez, les mêmes yeux. Elle n’a pas fait une grande carrière au cinéma cependant. Peter Lorre est Nick, l’ancien patron de Vera qui se consume de jalousie. On reconnaîtra aussi Jack Elam dans un tout petit rôle. 

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    Dan va cambrioler la boutique de Nick 

    Parmi les points positifs, on retiendra encore l’utilisation des décors californiens où se mêle à la façade maritime le labyrinthe de la fête foraine. C’est également un film où se sent le labeur. Dan est un ouvrier mécanicien, Vera trime comme caissière dans un bistrot, et tous deux ont du mal à joindre les deux bouts. C’est plutôt bien filmé. On retiendra plus particulièrement le cambriolage de la boutique de Nick, avec des ombres fuyantes et menaçantes, ou encore la fuite désespérée à San Diego – petite ville portuaire et laborieuse – où Dan se fera arrêté par la police.   

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    Dan n’est pas content de voir que Vera a dépensé la moitié de l’argent pour se payer un vison  

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    Excédé par le chantage de son patron, Dan l’étrangle  

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    Fuyant avec Helen, Dan kidnappe un avocat 

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