• The woman on the pier 13, I married a communist, Robert Stevenson, 1949

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    Voilà une autre production anti-communiste qui, sans faire trop dans la dentelle, est cependant moins simpliste que le film de John Wayne, Big Jim McLain. Plus subtil, il est aussi mieux réalisé et emprunte beaucoup de traits au film noir. Il date de 1949, donc au moment où l’HUAC se met vraiment en ordre de marche.

    Brad Collins est un homme qui a réussi, il est devenu vice-président d’une entreprise de transport maritime. Et puis, il vient de se marier avec la jeune et jolie Nan qui elle est issue d’un milieu très modeste. Ils en sont à savourer leur lune de miel, quand Brad Collins va être rattrapé par son passé. Il a eu en effet une liaison avec la très belle Christine Norman. On va apprendre qu’ils étaient tous les deux communistes. Brad à l’époque s’appelait Johnson, et dans l’enthousiasme de sa jeunesse il croyait pouvoir changer positivement le système capitaliste dans le sens d’une plus grande justice sociale. Et puis il s’est aperçu que le parti communiste n’était pas précisément au service des pauvres, mais aux ordres de l’étranger et il s’en est éloigné.

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    Nan et Brad sont de jeunes mariés heureux 

     

    Cependant sa rencontre avec Christine va bouleverser la vie du jeune couple, en effet, Christine pense à utiliser Brad et à la faire chanter. L’idée des méchants communistes est de saboter les négociations entre le patronat et les gentils syndicalistes qui veulent bien s’entendre, ils veulent en venir à la lutte des classes qui est comme la continuation de la guerre avec d’autres moyens. Dans un premier temps Brad ne veut pas céder, mais Vanning détient les preuves d’une sale histoire et le force à agir selon les intérêts du parti. Il va donc servir les intérêts du parti, mais entre-temps Christine est tombée amoureuse de Don Lowry, le jeune frère de Nan qu’elle a endoctriné pour en faire un militant communiste. Cela lui fera ouvrir les yeux sur le parti et son rôle néfaste dans la vie des gentils américains.

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    Vanning oblige Brad à œuvrer pour le parti 

     

    Vanning n’aimant pas du tout que Christine lui échappe va faire assassiner Don Lowry. Nan se lance alors sur la piste du tueur, Baimley, et tout finira dans un ultime règlement de compte qui amènera Brad à avouer qu’il fut communiste, mais il se rachètera en détruisant le réseau communiste, retrouvant ainsi l’estime de sa femme avant de mourir.

    Il y a plusieurs façons de lire ce film : d’abord, le message le plus apparent, les communistes sont mauvais et n’hésitent pas à tuer ceux qui s’opposent à eux. Leurs tueurs ne fonctionnent même pas à l’idéologie, mais plutôt au pognon. Le sinistre Bailey en réclame toujours un peu plus. Ensuite il y a une lecture de la lutte des classes, ce qui est sans doute le plus original dans ce film où l’on fait l’effort de comprendre ce qui pourrait bien attirer les travailleurs dans les idées communistes. Bien sûr les conditions de travail sont dures, et les salariés ont des revendications à faire valoir, mais la solution est dans le compromis de classe : il faut que les syndicats comme les armateurs fassent des efforts, l’unité de l’Amérique est à ce prix.

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    Brad assiste impuissant à l’assassinat d’un communiste par les membres du parti 


    Et puis il y a les histoires d’amour. Au fond n’est-ce pas ce qui est le plus dangereux pour les idées communistes ? En effet, chaque fois qu’un militant communiste et touché par la grâce de l’amour, il en vient à abandonner les idées communistes. On peut se demander si ce n’est pas là un message à l’attention d’Hollywood, un conseil pratique : si on veut éviter le communisme, il faut bien diffuser les romances à l’eau de rose qui charment le peuple et le tient éloigner de la lutte sociale.

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    Don se sent trahi par Christine 


    Le film emprunte beaucoup aux codes du film noir, on insiste sur les choix difficiles, sur l’ambiguïté des uns et des autres, cependant son moralisme un rien frelaté l’en éloigne finalement. Même si la réalisation a disposé de gros moyens, la mise en scène est seulement soignée, sans plus. Au passage on sent la patte d’Alberto S. D’Agostino qui a œuvré dans une quantité industrielle de films noirs. Le scénario souffre d’un manque de crédibilité que ce soit dans la description des manigances des communistes, ou dans la peinture des relations entre les syndicats et le patronat. Cette niaiserie propagandiste est compensée par une sur-dramatisation des situations.

    On prétend que le scénario  a été proposé par Howard Hugues, cette vieille crapule étant le propriétaire de la RKO, à plusieurs réalisateurs, dont Joseph Losey, pour tester leur patriotisme (sous-entendu leur motivation a lutter contre le communisme). C’est Robert Stevenson dont la carrière est des plus insignifiantes qui s’y est collé. Mais l’ensemble reste mou.

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    Dans la scène finale, Brad retrouve toute sa virilité et détruit les communistes 


    La distribution aurait pu être intéressante. On y retrouve plusieurs habitués du film noir. En premier lieu Robert Ryan, sauf qu’ici il a l’air de s’emmerder, il n’est vraiment pas bon, sans doute était-il puni pour avoir dans le passé manifesté des idées de gauche, et obligé par contrat de tourner dans un film qui ne lui plaisait pas. Larraine Day semble manifester un peu plus d’enthousiasme, mais ne sauve pas son rôle de jeune fille bien naïve. Par contre Janis Carter est un peu plus convaincante en Christine, il faut dire qu’elle a un rôle moins monolithique puisque dans le cours du film elle est transfigurée par l’amour. On trouve également l’excellent Thomas Gomez qui va tourner l’année suivante Force of Evil avec John Garfield, film qui sera l’exact contraire dans son esprit de I married a communist. Et puis il y aussi William Talman, cet acteur aux yeux globuleux, toujours à interpréter des canailles un rien psychopathes.

     

    Le film n’a eu aucun succès, comme la plupart des films ouvertement anti-rouge, et c’est pour cette raison qu’il changea de titre. Howard Hugues espérant relancer sa carrière en le rebaptisant d’un titre plus ouvertement anti-communiste. Preuve qu’il ne comprenait pas très bien son public.

    « Big Jim McLain, Edward Ludwig, 1952La cité de la violence, Citta violenta, Sergio Sollima, 1970 »
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