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    Après s’être un peu égaré Robert Siodmak avec une adaptation un peu lourde du joueur de Dostoïevski, The great sinner, revient au film noir. Il choisit une histoire de Marty Holland, une solide auteur de romans noirs, dont deux ont été traduits à la Série noire.

    Cleve Marshal, adjoint au procureur d’une petite ville de Californie est déprimé par sa vie familiale, il a un beau-père envahissant. Le soir de l’anniversaire de sa femme il fuit la maison et rencontre alors qu’il est complètement ivre Thelma Jordon. Celle-ci vient lui signaler qu’elle craint pour sa tante qui est à la fois riche et âgée, et signale plusieurs tentatives de cambriolage. Pour Cleve, cette rencontre est un coup de foudre. Et cela semble réciproque. Thelma et Cleve vont entamer une liaison difficile car il est marié et père de deux enfants, et elle prétend également être mariée de son côté. Bientôt se cacher ne leur suffira plus et Cleve prend la décision de refaire sa vie avec Thelma, il avoue à sa femme avoir une autre femme dans sa vie. Mais le jour de leur départ, un crime est commis : la tante de Thelma chez qui elle vie  est assassinée, semble-t-il par un cambrioleur. Elle appelle Cleve à son secours, mais cela ne suffira pas à empêcher la  justice de la soupçonner et de l’accuser car elle est l’héritière d’une véritable fortune. Dès lors Cleve va essayer de l’aider, payant son avocat, sabotant le procès. Thelma va être acquittée. Mais bientôt on va découvrir qu’elle et son complice Tony Laredo agissaient de conserve pour piéger Cleve. Dans une scène pathétique elle avouera à Cleve qu’elle ne l’aime pas et qu’elle va partir avec Tony. Cleve s’est fait assommer. Thelma et Tony s’en vont en voiture, mais Thelma va provoquer un accident mortel. Sur son lit de mort, Thelma avouera toute la machination à la justice. Cleve perdra son travail, mais on suppose qu’il pourra toujours compter sur le soutien de sa femme. 

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    Cleve est saoul lorsqu’il rencontre Thelma

    C’est un film qui est plutôt sous-estimé dans la carrière de Robert Siodmak, mais aussi dans celle de Barbara Stanwick. Et pourtant, même si ce n’est pas un des plus grands films noirs, s’il n’égale pas Criss Cross ou The killers, c’est un film très intéressant. Certes le sujet n’est pas des plus élaborés, mais l’intrigue tient la route et les rebondissements sont suffisamment nombreux pour tenir le spectateur en haleine. Jusqu’au bout, on ne sait pas si Thelma est impliquée ou non dans le crime, jusqu’à la fin, on ignore si elle manipule ou si elle aime vraiment Cleve. Et d’ailleurs les deux principaux protagonistes ne savent pas vraiment quels sont leurs sentiments. Cleve s’il s’emballe manifestement bien plus vite que Thelma, sera par la suite plus hésitant. 

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    Thelma ramène Cleve au palais de justice 

    Comme dans tout bon film noir qui se respecte, l’ambiguïté est permanente. Cleve est un bon bourgeois, bien raide, qui n’en peut plus de sa vie familiale, il veut la transgression, d’une manière prudente et sournoise, se ménageant tout de même des possibilités de retour en arrière. Thelma est une femme manipulatrice qui vise le crime et l’enrichissement. Mais pourtant c’est elle qui paraît avoir les sentiments les plus sincères. N’est-ce pas elle qui se suicidera dans un accident de voiture quand elle comprendra qu’elle ne peut pas avoir de relation sérieuse avec Cleve et que celui-ci restera avec sa femme ?

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    Le lendemain elle l’attend devant le tribunal 

    Très vite on s’aperçoit qu’il y a une asymétrie entre les deux personnages principaux. Ce n’est pas une relation sur un plan d’égalité, les pièges de la passion, d’un amour fou sont changeants et modifient le caractère des deux amants. Cependant, il est évident que Thelma est bien plus forte que Cleve. Elle voit plus loin, elle a plus de cœur aussi. Ce n’est pas pour rien que ce scénario a été écrit par une femme – Marty Holland – au-delà de son caractère criminel, c’est Thelma qui possède la grandeur d’âme. On a souvent rapproché ce film de Double indemnity de Billy Wilder. A mon avis le rapprochement n’est pas tout à fait juste, même si probablement les producteurs visaient de refaire un succès semblable avec Barbara Stanwick. En effet Thelma n’est pas aussi cynique que Phyllis Dietrichson, elle conserve des sentiments humains et ne supportera pas finalement de laisser Cleve sur le bord de la route. Et puis Cleve, quoiqu’il ait un côté un rien sournois, n’est pas un criminel, même si on se demande si pendant le procès il ne va pas la trahir. 

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    La passion semble partagée 

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    Les deux amants se donnent des coups de fil plus ou moins discrets 

    Evidemment le film doit énormément à Robert Siodmak. Il filme d’une manière qui lui est typique et reconnaissable au premier coup d’œil. Que ce soit les escaliers chez la tante Vera, ou encore ces jardins, lambeaux de nature, qui entourent et protègent les secrets des maisons les plus bourgeoises. La photo est d’ailleurs remarquable, due à George Barnes, un vieux routier qui avait travaillé déjà pour Archie Mayo, Capra et Hitchcock. Il y a un respect des règles du film noir, avec ses ombres, ses raies de lumières qui passent à travers les volets et viennent rayer l’image. Mais le talent de Siodmak ne se résume pas à ces effets de photographie, il y a aussi une science évidente du découpage, une manière particulière de filmer les visages et la passion amoureuse.

    D’autres scènes sont remarquables, comme lorsque Thelma sort de prison et se rend à pied au tribunal pour attendre le verdict, en traversant la rue. C’est un long travelling qui donne à Thelma justement toute sa puissance, et qui annonce bien avant que la sentence soit prononcée, qu’elle sera reconnue innocente. 

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    La tante de Thelma a perçu du bruit au rez-de-chaussée 

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    Il lui faut descendre un imposant escalier

    C’est le genre de film dont la réussite ne peut se passer d’une interprétation subtile et soignée. Et Barbara Stanwick trouve là un de ses meilleurs rôles. Tout est en nuance : on peut la voir tour à tour cynique et manipulatrice, amoureuse et fragile, déterminée et tourmentée. Et comme ça tout le long du film. Dès le début elle porte un regard attendri sur le malheureux Cleve qui s’est endormi, saoul comme trente-six bourriques. Et quand à la fin elle va mourir elle a un regard à la fois résigné et pathétique. Elle nous a tellement habitués à jouer les femmes fortes et décidées qu’elle est encore plus étonnante quand elle dévoile toute sa fragilité. Evidemment à côté le triste Wendell Corey a une partie difficile à jouer. Probablement Siodmak l’a-t-il choisi pour son physique effacé et conventionnel. Ce n’est pas tant que Wendell Corey soit un mauvais acteur, lui aussi est capable de montrer une dureté sous-jacente à sa bonhommie apparente. C’est plutôt qu’il n’a pas le beau rôle, manipulé par Thelma, bousculé par son épouse – interprétée par la très belle Joan Tetzel – il a du mal à exister, parce qu’il ne sait pas ce qu’il veut finalement. N’est-il pas plus fourbe que Thelma lorsqu’il affirme à deux femmes différentes qu’il les aime ? Et puis il a un physique difficile, un manque de charisme évident. C’est une sorte de Tom Ewell, l’humour en moins.  

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    Après la découverte du crime Cleve vient en aide à Thelma 

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    Scott trouve Cleve très mauvais dans la mise en accusation de Thelma

    Même si on peut trouver le reste de la distribution un rien conventionnelle, il n’y a pas grand-chose à en dire, sauf à remarquer la luminosité de Joan Tetzel, choisie sans doute pour ne pas donner ce rôle à une épouse trop conventionnelle, Richard Rober, dans le rôle de Laredo, le gigolo un peu canaille et un peu criminel de Thelma. Ou encore bien sûr Stanley Ridges dans le rôle de l’avocat rusé et blasé à la fois. Le film est essentiellement un véhicule pour le couple Stanwick- Corey et plus encore pour la première. 

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    L’avocat démontre l’insuffisance des preuves

    Le film n’eut pas un grand succès public. Probablement qu’il faisait trop dans la nuance. Mais aussi il se trouvait trop proche des films noirs antérieurs, la parenté avec Double indemnity était patente, probablement aussi que Barbara Stanwick ne suffisait pas à attirer, malgré son talent elle n’avait pas l’allure d’une de ces nouvelles stars qui commençaient à pointer le bout de leur nez en exhibant un physique à la sexualité évidente.

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    Thelma sort de prison pour assister au verdict 

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    Après son acquittement Thelma retrouve le grossier Tony 

    Quoiqu’il en soit, c’est le dernier film noir de Robert Siodmak aux Etats-Unis, et probablement son insuccès va changer le cours des choses. A partir de ce moment sa carrière sa bifurquer, se chercher, abordant des genres nouveaux pour lui comme le film de pirate avec Le corsaire rouge, le film de légionnaire avec Le grand jeu¸ remake un peu inutile du film de Feyder, Siodmak va tourner de plus en plus souvent en Europe, perdant la cohérence qui fut la sienne à Hollywood. L’affaire Nina B s’apparente par ses manières de mise en scène au film noir, mais c’est un film d’espionnage sans grand intérêt d’ailleurs. 

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    Thelma provoque un accident mortel 

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    C’est la fin pour Thelma

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    C’est un très beau film noir, presqu’un modèle du genre. Et s’il n’égale pas Criss Cross ou The killers, il s’en approche un peu. L’histoire est adaptée d’un ouvrage de Henry Edward Elseth, Un aller simple, paru à la Série noire. Cette adaptation n’est cependant pas très fidèle, c’est ce qui donnera l’idée à José Giovanni d’en tirer un autre très bon film, Un aller simple justement, en évitant le piège de la morale. Le film de José Giovanni est plus dur, plus vrai, moins larmoyant. Le livre de Helseth et le film de José Giovanni sont aussi une méditation sur la peine de mort, car à la fin de l’histoire, Rome va se livrer et il devra affronter la condamnation à mort. Cependant la grande maitrise technique de Siodmak et les formidables acteurs qu’il a eu à sa disposition vont faire pencher la balance en sa faveur.

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    Martin Rome a été blessé dans une fusillade avec la police. Le curé lui donne les derniers sacrements 

    Ça commence par un prêtre qui est en train de donner les derniers sacrements à Martin Rome. En effet, celui-ci a tué un policier dans un accrochage et a reçu en échange une balle. Mais il s’en sort et les policiers l’emmènent dans un service de l’hôpital à la fois pour le soigner, mais aussi pour l’interroger à propos d’une autre affaire dans laquelle une vieille femme a été massacrée pour lui prendre ses bijoux.

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    Teena vient voir Martin en cachette de la police

    Mais voilà qu’un avocat véreux, le cauteleux Niles, vient proposer ses services à Rome en échange de ses aveux dans l’affaire De Grazia. Comme Rome de toute façon aura droit à la chaise électrique, il ne craint plus rien, et cela permettrait à Leggett d’être innocenté. Mais Rome ne l’entend pas ainsi, il va s’évader de l’hôpital, il va retrouver les bijoux et confondre la coupable, Rose. Dans tout ça son véritable but est d’épargner Teena la jeune fille dont il est amoureux.

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    Candella, l’ami d’enfance de Martin Rome voudrait retrouver l’assassin de la vieille De Grazia

    Mais Candella son ami d’enfance, qui a grandi dans les mêmes quartiers italiens que lui, veut le retrouver et le mettre en prison en attendant qu’il soit jugé. Finalement Rome, abandonné de tous, de sa famille et de Teena sera abattu par Candella. 

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     Les policiers essaient de faire parler Martin Rome

    Evidemment quand on a lu le livre, on peut regretter les choix des adaptateurs qui tordent ce magnifique roman noir vers quelque chose de moralisateur. En effet, dans l’ouvrage d’Elseth, Martin Rome possède une grandeur d’âme qui fait défaut dans le film. Par exemple, chez Siodmak il espère récupérer de l’argent pour s’enfuir avec Teena, alors que dans le livre il cherche à confondre les véritables criminels qui ont odieusement massacré une vieille femme, tenir surtout Teena à l’écart de tout cela. Egalement dans le livre – comme dans le film de José Giovanni – Martin Rome a abattu un policier alors que celui-ci allait l’abattre froidement. Il était en quelque sorte en légitime défense. Ici cette réalité est occultée, à peine évoquée au détour d’une phrase. Presqu’un tiers du livre est consacré à la vie de Rome en prison, alors qu’il est rétabli, qu’il a été jugé et qu’il attend d’être exécuté. Ici il sera abattu par Candella, laissant bêtement le dernier mot à la police. Ces différences sont importantes, changeant la nature même de l’œuvre.

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    Rome s’enfuit de l’hôpital où il est mal gardé 

     Mais malgré tout c’est un très bon film noir. On retrouve ces jeux de lumière et d’ombre que Siodmak maitrise si bien, une capacité à faire varier l’intensité émotionnelle justement par des jeux de lumières. Mais on trouve ce qui est plus inhabituel chez Siodmak en ce qui concerne sa longue parenthèse américaine, des plans tournés à même la rue, en dehors du studio. C’est Candella qui parcourt des rues pauvres pour rejoindre l’hôpital ou Martin Rome qui est rejoint la station de métro où l’attend la sinistre Rose. Cette aération bienvenue – ce sont les seules scènes qui se passent le jour – prolonge le parti-pris naturaliste de l’œuvre.

    Les contre-plongées dans l’hôpital prison où on a isolé Martin Rome, donne une profondeur de champ qui souligne la solitude du prisonnier. 

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    Il va revoir sa vieille mère 

    Evidemment l’interprétation est excellente. A commencer par Richard Conter dans le rôle d’un petit voyou à la fois arrogant et désespéré. Cynique et blessé il fait le malin devant Teena, mais il tremble de la perdre et finira par se faire tuer dans une manière de se suicider. Mais c’est aussi une très bonne performance de Victor Mature. Son peu de mobilité faciale, sa silhouette haute, ses traits aigus, lui donne une allure particulière. Son calme et se froide détermination sont à l’inverse de l’agitation désordonnée et fébrile de Richard Conte.

    Les femmes sont très bien. Debra Paget ne joue qu’un petit rôle, celui de Teena, mais il est décisif. Shelley Winters dans le rôle de Brenda un fille vulgaire et un peu peureuse, inaugure la longue série des interprétations qu’elle donnera de filles toujours un peu à côté de leurs pompes, mais qui ne croient en rien ni en personne.

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    Brenda va aider Martin Rome a retrouver Rose 

    Le clou du spectacle si on peut dire, c’est Hope Emerson, cette immense actrice (1,88 m, plus de cent kilos) qui interprète Rose. La façon dont elle maltraite et menace Rome est tout à fait réjouissante et inquiétante. Hope Emerson n’a pas joué dans beaucoup de films. Mais chaque fois elle a eu un impact déterminant. Je pense par exemple à Caged de John Cromwell – un de mes films noirs préférés. Elle retrouvera d’ailleurs une nouvelle fois Richard Conte dans Les bas-fonds de San-Francisco de Jules Dassin. 

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    Candella cherche à retrouver Rome par l’intermédiaire de son frère

    Dans un bon film noir, les seconds rôles, voire même les figurants comptent pour beaucoup puisqu’ils donnent de l’authenticité à l’œuvre. Ici on est gâté. Donnons d’abord une mention spéciale à Niles, l’avocat fourbe et retors qui paiera de sa vie ses sinuosités. Berry Kroeger est excellent dans la peau de cette crapule. Mais le père de Rome est également très bien, petit homme laborieux et dépassé par les évènements qui fait encore semblant de tenir le gouvernail de sa famille. Howard Freeman joue Sullivan, un ivrogne qui s’accroche à Brenda. On se souvient qu’il était un des deux tueurs dans The killers.

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    Rome va chez Rose

    Les scènes remarquables sont nombreuses. L’évasion de Rome, la manière dont Candella piste et piège Tony le frère de Martin Rome. Le saut de Candella par-dessus la barrière du métro et qu’il se fait abattre par la fameuse Rose. La très longue scène très sadique quand Rose masse Rome en menaçant de l’étrangler. Le physique de Rose ne laisse aucun doute, Rome ne fait pas le poids. C’est seulement la cupidité de Rose qui fait qu’il reste provisoirement en vie. 

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    C’est à peine s’il peut éviter de se faire étrangler par Rose

     C’est un excellent film noir de Siodmak qui se revoie toujours avec un grand plaisir il lui a manqué cependant un peu d’audace quant à son scénario pour qu’il en fasse un chef d’œuvre.

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    Rose tire sur Candella ce qui l’empêche de poursuivre Rome 

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    Rome menace Candella 

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    Teena refuse de suivre Rome 

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    Candella va abattre Rome

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    On vient de rééditer Frédéric Dard en Omnibus. Ce qui est une manière de prendre au sérieux les romans noirs qu’il écrivit pour la collection Spécial Police. Si San-Antonio est largement reconnu comme un grand écrivain, on manifeste un peu plus d’indifférence à ses romans signés Frédéric Dard pour la collection Spécial Police. Et pourtant ce sont des romans noirs excellents et qui possèdent une unité de ton, un style très particulier. Peu ont souligné leur importance dans l’histoire du roman noir, Dominique Jeannerod bien sûr, mais aussi François Guérif. C’est donc ici l’occasion de redonner sa place à Frédéric Dard comme un des plus grands auteurs français de romans noirs au côté de Léo Malet, de Boileau et Narcejac d’André Héléna, Jean Amila, José Giovanni ou encore Auguste Le Breton. Les années peuvent bien passer, ces romans noirs signés Frédéric Dard se lisent toujours aussi bien. Pendant très longtemps Frédéric Dard disait s’ennuyer à écrire des « San-Antonio ». Pour lui la possibilité d’écrire des romans noirs publiés sous son nom était bien plus qu’une récompense, c’était une manière de revenir à ses ambitions littéraires premières. Tous ces romans ont été écrits très vite, mais la grande quantité produite, le fait qu’ils marchent assez bien, notamment en générant des droits cinématographiques, laisse entendre que Frédéric Dard cherche aussi à se débarrasser de San-Antonio. Mais le succès immense de ce dernier l’en empêchera.

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    La première édition de Des yeux pour pleurer 

    Comme le souligne Jeannerod dans sa présentation, ces romans ont été écrits sur une très courte unité de temps, entre 1951 et 1966. Mais en réalité la meilleure période de ces « romans de la nuit » est encore bien plus brève, elle dure seulement de 1956 à 1962. Avant cette date, le style « noir » de Frédéric Dard se cherche encore, et même Les salauds vont en enfer est encore démarqué des romans américains, en outre, adapté de sa propre pièce de théâtre, le style n’est pas des plus attachants. C’est en 1956 avec Délivrez nous du mal qui sera porté à l’écran sous le titre Le dos au mur, qu’il va entamer une série d’une grande richesse qui peut-être rapprochée à la fois de William Irish et de Boileau et Narcejac, plutôt que de Simenon dont il se revendiquait l’héritier et le disciple. Cette série s’achèvera en 1962 avec Le cahier d’absence qui est le dernier chef-d’œuvre de cette série vénéneuse, neurasthénique et désespérée. Bien sûr formellement il essaiera de retrouver cette  inspiration avec Refaire sa vie ou Une seconde de toute beauté, et même encore dans des grands formats jusqu’en 1976, jusqu’à ce qu’il abandonne cette idée d’écrire et de publier sous son nom véritable. Mais il n’atteindra plus jamais les sommets dans le roman noir.

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    De son voyage aux Etats-Unis Frédéric Dard ramènera l’étrange Ma sale peau blanche

    C’est encore plus les années 1958 et 1959 qui sont exemplaires de la singularité de l’œuvre de Frédéric Dard. Là il y a une créativité très diversifiée, et probablement, alors que les San-Antonio l’emmerdent, c’est là qu’il croit qu’il va faire étalage de ses dons d’écrivains. C’est Ma sale peau blanche, une histoire qu’il ramène de son voyage aux Etats-Unis, c’est encore Une gueule comme la mienne où il aborde le thème de la collaboration – et indirectement de Céline – Toi qui vivais, meurtre plus classique, mais Rendez-vous chez un lâche qui traite directement de l’homosexualité, La dynamite est bonne à boire, qui se passe dans un pays d’Amérique latine où les hommes sont surexploités, Comaroman qu’il imagine en passant par Hambourg pour  y concocter un film assez faible de contenu, La fille de Hambourg et puis encore Les scélérats, un roman sur la lutte des classes et l’émergence des banlieues.

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    Production de Frédéric Dard signées de son nom en petits formats 

    Il y a d’ailleurs dans la plupart de ces romans une dimension sociale très marquée, et d’autant plus prégnante qu’ils sont écrits à la première personne du singulier.

    Jeannerod dans sa courte présentation rappelle tout ce que les romans de Dard dans la collection Spécial Police doivent à sa propre fréquentation des milieux du cinéma. Ce qui aura forcément une incidence sur son style. En effet ce qu’il y a de remarquable dans ces « romans de la nuit », c’est d’abord l’économie de moyens, une manière d’aller droit au but. Ce sont des romans brefs, entre 30 000 et 35 000 mots, écrits d’une façon très sèche et où cependant les sentiments affleurent. Cela peut du reste l’entraîner vers un sentimentalisme comme Des yeux pour pleurer, qui est contrebalancé par un cynisme à toute épreuve. Frédéric Dard n’a pas besoin de beaucoup de mots pour camper un décor, décrire une ambiance. Ce qui lui permet de se concentrer plus facilement sur le désordre mental de ses personnages.

    L’ensemble publié par Omnibus est fait de 7 romans, avec la volonté de couvrir l’ensemble de la période. Les romans retenus l’ont sans doute été parce qu’ils ménagent des retours de situation très étonnants et déroutants. On pourra redécouvrir pour ceux qui ne le connaisse pas encore le très diabolique Cette mort dont tu parlais, qui a été porté à l’écran sous le titre de Les menteurs. C’est toi le venin ou Le Monte-Charge qui sont très bons aussi et qui sont liés à la carrière de Robert Hossein au cinéma sont bien mieux connus. Des yeux pour pleurer est manifestement inspiré de Sunset boulevard, le grand film de Billy Wilder, dont on dit que Frédéric Dard aurait écrit la novellisation sous le nom d’Odette Ferry. L’homme de l’avenue est la novellisation d’un sketch que Frédéric Dard avait écrit pour le film de Gérard Oury, Le crime ne paie pas. C’est peut-être le moins personnel de l’ensemble, le moins sentimental aussi, puisqu’en effet dans les autres romans présentés ici, la passion l’emporte sur la raison le plus souvent et engendre le crime. La pelouse existe dans un univers onirique où s’oppose le sud de la France, brulant, et le nord de l’Europe, puisque le héros se retrouve en Ecosse à Edinburg où la pluie domine. Le dernier, Une seconde de toute beauté, clôture l’ensemble, c’est encore une histoire de passion qui tourne très mal bien sûr. C’est aussi un peu l’adieu de Frédéric Dard à ce domaine. En effet, les ouvrages suivants qu’il va signer Frédéric Dard, vont être différents, moins neurasthéniques et plus cruels aussi.  

    On souhaite évidemment qu’Omnibus continue dans cette voie et réédite dans ce format les autres « romans de la nuit », il y a d’autres pépites à redécouvrir pour les amateurs de romans noirs.

     

    Liste des « romans de la nuit » publiés par Frédéric Dard

     

    Du plomb pour ces demoiselles, Spécial Police 15, 1951

    Les salauds vont en enfer, SP 87, 1956

    Délivrez-nous du mal, SP 100, 1956)

    Les Bras de la nuit, SP 102, 1956

    Le Bourreau pleure, SP 109, 1956, Grand prix de littérature policière 1957

    Cette mort dont tu parlais, SP 115, 1957

    On n'en meurt pas, SP 122, 1957

    Le Pain des fossoyeurs, SP 127, 1957

    C'est toi le venin, SP 135, 1957

    Des yeux pour pleurer, SP 142, 1957

    Ma sale peau blanche, SP 148, 1958

    Une Gueule comme la mienne, SP 154, 1958 

    Le Tueur triste, SP 167, 1958

    Toi qui vivais, SP 178, 1958)

    Coma, SP 185, 1959 

    Les Scélérats, SP 197, 1959 

    Rendez-vous chez un lâche, SP 204, 1959

    La dynamite est bonne à boire, SP 210, 1959 

    Les Mariolles, SP 227, 1960

    Puisque les oiseaux meurent, SP 241, 1960

    L'Accident, SP 247, 1961 

    Le Monte-charge, SP 253, 1961

    Le Cauchemar de l'aube, SP 271, 1961

    Le Cahier d'absence, SP 289, 1962

    L'Homme de l'avenue, SP 301, 1962 

    La Pelouse, SP 325, 1962 

    Quelqu'un marchait sur ma tombe, SP 348, 1963

    Refaire sa vie, SP, 1965

    Une seconde de toute beauté, SP, 1966

     

    San-Antonio et son double, PUF, 2010.

    Du polar, Payot, 2013

    Il me semble d’ailleurs que le succès de San-Antonio après la publication de L’histoire de France vue par San-Antonio est aussi une des raisons (avec une situation familiale compliquée) de sa tentative de suicide en 1965.

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    C’est un tour de France du trafic de drogue et particulièrement du H. Travail très méticuleux d’un journaliste spécialisé dans le grand banditisme, il donne des faits très précis, des chiffres, des noms et des lieux qui permettent de mieux cerner l’étendue de ce type de délinquance dans ses formes nouelles. Si trop souvent les médias se concentrent sur les zones sensibles de Marseille ou de la banlieue parisienne, on se rend compte que le mal est plus profond.

    L’ouvrage en dévoile d’abord l’économie et la logique capitaliste d’accumulation du capital puisque des millions d’euros sont effectivement brassés. Mais c’est d’un capitalisme sauvage dont il s’agit ici. Une hyper-concurrence activée par les nouveaux chemins de la mondialisation financière qui a permis à des masses de capitaux de franchir les frontières avec finalement pas mal de facilité. On y parle d’investissements, de recyclage de l’argent sale dans l’immobilier et le commerce, bref d’une compénétration accrue entre économie légale et illégale. Les réseaux apparaissent comme très structurés et très hiérarchisés, avec en haut des financiers qui avancent des fonds importants et les font circuler. En bas bien sûr il y a les petites mains qui dealent, qui font le gué et qui prennent souvent plus de risques que les « gros bonnets ».

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    C’est aussi une odyssée sanglante, car ici la concurrence pure et parfaite chère aux tenants de l’économie de marché ne badine pas avec les moyens mis en œuvre pour s’emparer d’un lieu de vente ou pour se saisir d’une cargaison qui appartient à un groupe rival. Le nombre de morts est assez impressionnant, et pas seulement à Marseille. Si dans cette ville les règlements de compte sont plus nombreux nous dit Pierrat, c’est probablement parce que le milieu des trafiquants de drogue y est moins structuré comme un oligopole stable, mais parce qu’il est fait d’une myriade de PME qui opèrent sur un marché étroit. En effet le développement de ce marché qui a généré de grandes ambitions explique que les prix ont baissés, et donc qu’il faut compenser cette baisse par un élargissement de la clientèle. Celle-ci s’accroissant finalement moins vite que l’offre, il faut essayer de conquérir au bout du fusil de nouvelles parts de marché. Forcément avec l’explosion de cette nouvelle délinquance, le milieu lui-même a changé, Pierrat oppose ainsi le milieu traditionnel et ce nouveau milieu auquel l’ancien doit bien faire une nouvelle place que ce soit dans le contrôle des boîtes de nuit ou celui des machines à sous. La force de frappe de ce nouveau milieu c’est aussi bien l’argent que la possibilité de mobiliser rapidement de véritables armées, d’autant que les armes circulent de plus en plus facilement.

    L’analyse de Pierrat qui privilégie l’exposé des faits, est d’abord géographique en partant des cités misérables qui prolifèrent dans l’hexagone. Elle montre les liens privilégiés entre les trafiquants de drogue et les populations d’origine maghrébine. Le Maroc apparaît alors comme la plaque tournante du trafic. C’est presque une analyse d’un géographe, avec ses ramifications un peu partout dans le monde, l’Espagne, les Pays-Bas, mais aussi l’Italie et l’Afrique noire.

    Il montre également que la police contrairement à la rumeur ne reste pas du tout inactive. Elle s’adapte, aussi aux nouvelles technologies destinées à piéger les réseaux, mais aussi à la connaissance des nouvelles filières qui émergent. La somme des prises de guerre et des arrestations, le nombre d’années de prison que récoltent les trafiquants témoignent de ce travail incessant. Cependant, c’est plutôt le point de vue des truands qui est dévoilé, les flics qui les traquent n’apparaissent qu’en filigrane de l’ouvrage. Ils restent un peu anonymes, bien que je suppose que Pierrat a obtenu de leur part aussi un certain nombre de renseignements.

     

    C’est un excellent document qui peut facilement être le support d’une nouvelle littérature de fiction passionnante. Certes ici ou là on peut regretter que certaines formes de trafic ne soient pas analyser d’une manière plus approfondie, le trafic de la coke me semble bien moins traité que celui du H. Mais je suppose que c’est plus difficile d’avoir une connaissance pointue de ce trafic. De même il me semble que s’il expose assez bien la situation marseillaise, il passe sous silence un certain nombre de faits et d’acteurs bien connus de la filière. Cependant le livre reste touffu et parfois d’une lecture un peu ardue parce que le nombre de faits analysés et d’intervenants dans ce trafic est très important. En tous les cas, il faut saluer cet ouvrage de synthèse comme une vraie prouesse dans la mise en forme d’une actualité complètement éclatée aux quatre coins de l’hexagone. 

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    Robert Hossein reste toujours un cinéaste sous-estimé, le public se souvient de lui surtout pour son rôle de Peyrac dans la série des Angélique, et bien sûr pour les grands spectacles qu’il a montés au théâtre. Pourtant c’est un des cinéastes les plus originaux dans le domaine du film noir en France. Il a pratiquement débuté sa carrière d’acteur dans le domaine du noir au cinéma, jouant les seconds rôles dans Du rififi chez les hommes de Dassin, mais aussi au théâtre avec sa collaboration avec Frédéric Dard, collaboration qui durera pratiquement jusqu’à la mort de ce dernier.

    Peu de ses films ont eu l’honneur de plaire à la critique. Lui-même ne s’est pas trop pris au sérieux en tant que réalisateur. Durant sa longue carrière il a mis seulement une quinzaine de films en scène. Aujourd’hui encore il considère que le seul film valable qu’il a réussi à tourner est Le vampire de Düsseldorf.

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    Peter est un homme soigné de sa personne 

    Le film d’Hossein est basé sur une histoire vraie, celle de Peter Kurten qui fut un serial killer sévissant un peu partout en Allemagne, et enfin à Düsseldorf. Disons le tout de suite le film n’a pas grand-chose à voir avec l’histoire véritable de Peter Kurten. Dans la réalité Kurten était un homme marié, très violent, qui avait fait de la prison pour des meurtres sordides et des viols. Dans le film il est au contraire un homme solitaire en quête de quelque chose de vague mais qui pourrait être de la compréhension et de l’amour. Le titre du film ne cherche pas à racoler les amateurs de films d’horreur, mais c’est parce que c’était comme cela qu’en Allemagne on désignait Peter Kurten, bien avant qu’il ne soit capturé et exécuté.

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    Toujours très poli, il n’aime pas qu’on le remarque 

    Peter Kurten est amoureux de la chanteuse de cabaret Anna. Un peu perverse, un peu entraîneuse, elle se moque de lui, mais finira par lui céder et aura même avec lui des élans de tendresse. Ce qu’elle ne sait pas par contre c’est que ce monsieur bien habillé, un peu raide et renfermé mène une triple vie. Le jour il est ouvrier, le soir il perd son temps dans les cabarets et la nuit, il assassine des jeunes femmes qu’il choisit au hasard de ses déambulations. La police est sur les dents,  d’autant que le meurtrier les nargue volontiers. Peter Kurten est rusé, il évite les pièges que lui tend la police. Pourtant il fera preuve d’imprudence et quand Anna découvrira qu’il est un assassin, elle le dénoncera à la police. Celle-ci cherche à le piéger dans le cabaret où chante Anna, mais Kurten va y mettre le feu et tuera la chanteuse.

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    Peter Kurten tombe sous le charme d’Anna une chanteuse de cabaret 

    Le film se lit à plusieurs niveaux. D’abord il met en rapport direct les pulsions meurtrières de Peter Kurten avec la montée du nazisme et de la violence qui l’accompagne. Si la situation politique et sociale explique les gestes du meurtrier, elle ne les excuse pas pour autant. Ensuite il y a une histoire d’amour tortueuse entre une jeune femme un peu vulgaire et cynique et un psychopathe particulièrement dangereux. Le film relie parfaitement ces deux niveaux. A cet égard on peut le rapprocher de M de Joseph Losey, qui plus encore que le M de Lang insiste sur la relation entre la situation sociale, la solitude du meurtrier et les pulsions meurtrières. Et d’ailleurs ici les meurtres de Peter Kurten apparaissent comme presque bénins face à la barbarie nazie qui commence à poindre.

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    Anna comprend très vite le pouvoir qu’elle a sur Peter Kurten 

    Dans l’œuvre de Robert Hossein, c’est un film assez atypique parce que le personnage de Peter Kurten est parfaitement antipathique. En effet Hossein qui a joué plus souvent qu’à son tour des personnages de bandits, de voyous et même de tueurs n’a jamais incarné une âme aussi noire. Il s’était plutôt cantonné à des personnages certes violents, mais toujours auréolés d’une aura romantique. Malgré cela, il y a une empathie pour Peter Kurten, justement parce que c’est un homme complètement perdu, un homme qui ne peut pas être racheté.

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    Anna aime se moquer des sentiments de Peter 

    C’est donc le portrait du mal en général dont Kurten n’est qu’une forme passagère. On verra dans le film une répression ouvrière féroce où l’armée n’hésite pas à tirer sur des ouvriers désarmés, en laissant plusieurs sur le carreau. Mais la misère n’est pas qu’une misère ouvrière, elle est aussi dans l’attitude de ces jeunes filles qui cherchent désespérément un travail et qui, ce faisant, vont se jeter dans la gueule du loup et en mourir. Ou encore elle git dans cette dégénérescence d’une bourgeoisie qui s’encanaille dans les bas-fonds sans retenue.

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    Peter Kurten est un ouvrier pas très intéressé par la politique 

    C’est assurément le film de Robert Hossein le mieux maîtrisé sur le plan technique. Il sait jouer des effets de lumières, apprivoiser la nuit, mais aussi utiliser les plans larges et profonds qui donnent de l’ampleur à son propos. Il s’appuie d’ailleurs sur l’excellente photo d’Alain Levent. L’utilisation de l’écran large donne une allure très moderne au film.

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    Peter ne peut contrôler ses pulsions criminelles 

    Au cinéma c’est le grand rôle d’Hossein. Pas seulement parce que le film est très bon, mais parce qu’il a un jeu assez inhabituel. Il a adopté une démarche raide et emprunté, un visage presqu’immobile, un vêtement étriqué, alors qu’à l’époque il jouait des rôles de jeune premier. Les épaules voutées, les bras pendant le long du corps, il avance inexorablement dans le crime à la manière d’un automate. Son jeu minimaliste lui permet de laisser voir toute sa détresse quand il se sent bafoué par la femme qu’il aime. Son interprétation très originale est pour beaucoup dans la réussite du film. Il faut le voir aussi dans l’église adopter un sourire rusé, comme s’il avait trouvé là une manière d’inspiration pour continuer sa sanglante saga. Ou encore quand il ruse pour se faire ouvrir la porte de sa future victime qui ne peut pas se méfier d’un homme qui met en scène sa détresse, pleurant presque.

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    Peter trouve son inspiration dans une église 

    A côté de lui c’est le jeu de Marie-France Pisier qui apparaît un peu pâle. Il faut dire qu’elle a des difficultés de par son physique à incarner une fille vulgaire et cynique. Elle est plus intéressante d’ailleurs quand elle se laisse aller à des élans de tendresse, qu’elle parle doucement à Peter Kurten comme pour se faire pardonner sa cruauté envers cet homme qui se meurt d’amour.

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    Dans un moment de relâchement Anna se laisse aller 

    Un dernier mot sur la musique très bonne comme toujours du père de Robert Hossein. Il reprend d’ailleurs un thème qu’il avait écrit pour le seul et unique film réalisé par Frédéric Dard, Une gueule comme la mienne.

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    La police recherche le vampire de Düsseldorf 

    Le succès de ce film, tant sur le plan critique que sur le plan commercial, intervient après qu’Hossein ait mis en scène deux autres films, toujours avec Marie-France Pisier, La mort d’un tueur et Les yeux cernés qu’il avait tournés un an plus tôt, consacrant l’idylle qu’il entretenait à l’époque avec la comédienne.

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    Après avoir mis le feu au cabaret, Peter tuera aussi Anna



     

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