•  Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964

    Ce film intervient juste après Les oiseaux et juste avant Le rideau déchiré. Autant dire qu’il s’inscrit dans une lignée de films qui vont amener peu à peu Hitchcock vers une désaffection grandissante du public. Les studios vont se méfier de plus en plus de lui. Courant d’échec en échec, il va avoir de plus en plus de mal à trouver des budgets conséquents et des vedettes de premier rang. Marnie est le deuxième et dernier film réalisé avec Tippi Hedren : Les oiseaux avait eu un bon succès public et une très bonne réception critique. Il faut dire aussi que les relations de Tippi Hedren avec Hitchcock furent des plus orageuses, et on sait que ce dernier fit tout ce qu’il put pour empêcher celle qu’il avait découverte de profiter de sa célébrité soudaine en la blacklistant des studios hollywoodiens, allant jusqu’à la payer pour ne rien faire puisqu’elle était sous contrat avec lui ! Bien qu’elle doive sa célébrité à Hitchcock qui l’avait découverte, il va de soi que les relations qu’elle entretint avec lui furent un enfer pour elle et rendirent le reste de sa carrière très difficile[1].

     Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964 

    Marnie change de ville après avoir volé son patron 

    Marnie est une voleuse pathologique et une menteuse qui souffre d’un traumatisme grave : un meurtre qu’elle a vécu dans son enfance. L’argent qu’elle vole lui permet d’acheter de somptueux cadeaux pour sa mère. Froide comme un glaçon, elle a peur des hommes, des orages et de la couleur rouge. Incapable de se fixer nulle part elle court après l’amour de sa mère et manifeste aussi une passion pour les chevaux. Jusqu’au jour où elle rencontre Mark qui tombe amoureux d’elle. Mais elle le volera tout de même et tentera de le fuir, sauf que Mark est obstiné : il va la rattraper et dès lors il va en faire sa femme avec le but ultime de la guérir de ses obsessions. Mark qui est un peu policier et un peu psychanalyste va régler tout seul cette ténébreuse affaire. Marnie lui demandera enfin de l’aide et retrouvera sa place de femme dans l’ombre de son puissant mari.

    Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964 

    Marnie est engagée chez Rutland 

    Le traitement de ce sujet grave laisse assez perplexe. Il s’y mêle en effet des moments très forts et très intenses avec des scènes franchement ridicules et laides. C’est qu’Hitchcock a voulu faire un film noir psychanalytique, ce qui n’est jamais une bonne idée. Le traitement est un peu dans la lignée de La maison du Dr Edwardes, assez sauvage dans le traitement de la réminiscence des traumatismes enfouis. Donc de temps en temps, presqu’avec la régularité d’un métronome Hitchcock nous assène des couleurs rouges baveuses pour bien nous signaler l’arrivée d’un début de commencement de solution au drame de Marnie. Mais malheureusement le film ne s’en tient pas à ce type de vulgarisation : voilà qu’il nous assène aussi des leçons plutôt bizarres sur la vie de couple et la manière de solutionner les problèmes conjugaux. Comme Mark sait que Marnie est traumatisée à la simple idée qu’un homme la touche, il patiente un peu, mais pas trop, et enfin se décide à la violer ! Sans doute Hitchcock réalisait il ainsi un fantasme inavoué puisque d’après ce qu’on en sait ses avances envers Tippi Hedren ne furent pas couronnées de succès. Le message du film nous suggère que Marnie paye là ses écarts de conduite. Le déséquilibre du film est patent, mais il est aggravé par le fait qu’Hitchcock ne sait pas trop quoi faire des personnages secondaires comme par exemple Lil qui apparaît un peu comme une ennemie de Marnie, et puis qui tout soudain disparait sans qu’on comprenne pourquoi. Une autre piste est ouverte quoiqu’aussi vite refermée, c’est celle de la façon dont Mark va éviter la prison pour sa femme. Le moins qu’on puisse dire est que c’est un film déconcertant.

     Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964 

    Marnie craint les orages 

    Mais c’est loin d’être le plus mauvais d’Hitchcock : ceux qui viendront après seront carrément lamentables. Il y a malgré tout quelque chose d’attachant dans ce film. Sans doute le mystère qu’il donne à Marnie et qui rappelle par les scènes de transformation du personnage un peu Vertigo. On découvre, bien au-delà de ces histoires à dormir debout de traumatisme, peu à peu la fragilité de Marnie. Mais il y a encore cette opposition entre un univers de gens très riches et bien dans leur peau et celui des pauvres gens représenté par Marnie et sa mère qui subissent tous les outrages du manque d’argent. D’ailleurs Mark réglera les problèmes de Marnie les uns après les autres grâce à sa fortune... et avec un peu d’humanité tout de même. Il y a tout de même une analyse de la violence des rapports entre les hommes et les femmes qui pourrait tout à fait satisfaire certaines féministes d’aujourd’hui. N’est-ce pas une sorte de prison que propose Mark à Marnie lorsqu’il la piège ? Mark ne manque d’ailleurs pas une occasion de faire valoir sa virilité, que ce soit dans ses rapports avec Marnie, ou que ce soit quand s’amorce une tentative de chantage sur le champ de courses.

     Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964 

    Sur le champ de courses, Marnie est reconnue 

    La mise en scène est tout aussi déséquilibrée que le scénario. Hitchcock a bien sûr du métier. Il y a donc de très bonnes choses, comme les rapports au sein de l’entreprise de Strutt ou celle de Mark, filmés minutieusement avec de beaux mouvements de grue. Et les tête-à-tête pourtant très bavards sont menés avec beaucoup de nervosité, comme un combat entre les deux protagonistes. Et puis des grossièretés étonnantes. Non seulement cette identification des traumatismes à des couleurs, comme dans Vertigo, mais surtout des transparences filmées un peu n’importe comment : la scène de chasse à courre est carrément ridicule, même pour l’époque. La perruque qui sert à rajeunir la mère de Marnie est également d’un très mauvais effet. De même quand Mark déshabille Marnie pour la première fois, c’est assez ridicule. Il reste cependant un rythme assez soutenu qui fait passer bien des choses.

     Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964 

    Mark tente de comprendre l’étrange conduite de Marnie 

    Je crois que c’est l’interprétation qui fait que tout de même le film se laisse voir. Le jeu étrange de Tippi Hedren y est pour beaucoup, mélange de naïveté et de dureté – elle a notamment une curieuse bouche – une sorte de Catherine Deneuve qui n’aurait pas 2 de tension, mais aussi son accent particulier dont elle joue. On regrette que par la suite elle n’ait pas trouvé des rôles à la hauteur de son talent. En tous les cas malgré les vicissitudes du tournage, c’est ici qu’elle trouvera son meilleur rôle. Le faire-valoir, Mark,  c’est Sean Connery qui faisait tout cette année-là pour casser son image selon lui trop marqué par James Bond. Il est très bien, crédible dans ce rôle d’un homme qui se croit plus malin qu’il n’est, mais qui parfois perd un peu la tête. Patron d’une maison d’édition, il entretient presque naturellement un rapport avec la vie et ses problèmes par l’intermédiaire de livres. Le film se résume largement dans ce tête-à-tête entre ces deux personnages, en et encore entre les deux c’est bien Marnie qui est le plus intéressant, les autres personnages à part celui de Lil interprété par l’étrange et intéressante Diane Baker n’ont pas grand intérêt. Bruce Dern qui était encore au tout début de sa carrière incarne le marin de passage qui se fait occire.

     Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964 

    La clé du mystère se trouve à Baltimore

    Curieusement on peut aussi rapprocher ce film de La femme de paille avec encore Sean Connery, l’ambiance, les oppositions entre la richesse et la pauvreté, la manipulation. Mais dans l’ensemble c’est un film qui, comme presque toute la production d’Hitchcock a très mal vieilli.

     Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964 

     Pas de printemps pour Marnie, Marnie, Alfred Hitchcock, 1964  

     


    [1] Patrick McGillan, Alfred Hitchcock, une vie d’ombres et de lumières, Actes Sud, 2011.

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  •  Les jeux dangereux, Pierre Chenal, 1958

    Pierre Chenal est un grand réalisateur, un précurseur du film noir, auquel malgré l’effort de quelques-uns, on tarde à rendre hommage. Il s’était exilé pendant la guerre et avait poursuivi une petite carrière en Argentine, réalisant des films qui sont quasiment invisibles aujourd’hui. Après la Libération, il revint travailler en France et il eut beaucoup de difficultés à retrouver son rang. Il fut plus ou moins contraint de retourner au début des années cinquante en Argentine pour travailler. Les jeux dangereux intervient dans un contexte très particulier. Il est d’abord tourné la même année que le très bon Rafles sur la ville. Mais il sort aussi la même année que Les tricheurs de Marcel Carné, film qui traite un peu du même sujet, et qui eut un immense succès, relançant la carrière de Carné qui était au point mort. A cette époque il y a un intérêt manifeste pour la jeunesse délinquante et abandonnée. La prospérité économique revenant, on recommence à s’intéresser aux « jeunes ». c’est un phénomène qui n’est pas propre à la France, il se manifeste à la fois dans le poids que la jeunesse prend sur le plan démographique, et dans les nouvelles formes d’expression que celle-ci va utiliser sur le plan vestimentaire – jeans et blousons noirs – comme sur le plan musical – l’avènement du rock and roll. Le thème de la jeunesse délinquante n’est pourtant pas nouveau, il est apparu dans les années trente aux Etats-Unis comme une conséquence de la crise économique des années trente. On peut citer des films comme Wild boys of the road de William Wellman en 1933 ou encore Dead end de William Wyler en 1937. Ce dernier film définissant plus précisément la délinquance juvénile comme un segment important du film noir. On en retrouvera des traces jusque dans les années soixante avec Graine de violence de Richard Brooks en 1955, Le temps du châtiment de John Frankenheimer en 1961, dérivant vers le film de terreur comme par exemple Lady in a cage de Walter Grauman en 1964. Tous ces films ont en commun de s’attarder sur les causes matérielles, les dysfonctionnements de la société qui engendrent finalement des comportements déviants. On ne s’étonnera pas qu’aux Etats-Unis cette approche humaniste ait été privilégiée par des cinéastes engagés à gauche. Généralement ces films croisent avec plus ou moins de bonheur, une analyse des soubassements de la délinquance, avec une histoire policière. Mais ils traitent aussi de l’égoïsme des nantis et des plus vieux.

     Les jeux dangereux, Pierre Chenal, 1958

    Les jeux dangereux est adapté d’un roman de René Masson qui eut en son temps beaucoup de succès et qui compte de nombreuses éditions. C’est l’histoire malheureuse d’un jeune délinquant, Julien, qui sur l’instigation de son oncle Bourdieux, un recéleur, va chercher à commettre un vol. ce vol tourne mal, et au moment où il est arrêté par la police, il blesse un agent à mort. Arrêté, il risque évidemment l’échafaud. Sa jeune sœur, Fleur, va chercher à la tirer de ce mauvais pas en trouvant de l’argent pour engager un avocat célèbre. Elle se tourne d’abord vers son oncle qui l’enoie promener, et elle ne trouve finalement  plus comme solution que celle d’enlever un gosse de riches pour obtenir une rançon. Pour réaliser cette opération, elle va faire appel à une bande de jeunes voyous. Le kidnapping va réussir, mais les parents du jeune Alain vont faire appel à un détective, Fournier, un ancien policier, qui va remonter peu à peu la filière et finalement mettre fin à cette odyssée. Mais entre temps Fleur et Alain ont mieux appris à se connaître, et Alain exige au moment de sa libération que son père paie finalement la défense pour Julien. Tout est bien qui finit bien, et on pense que Julien finalement pourra éviter la guillotine.

    Les jeux dangereux, Pierre Chenal, 1958 

    Bourdieux n’est pas prêt à aider Fleur 

    Bien que l’histoire soit un peu bancale, et qu’elle recèle des invraisemblances assez grossières, sans même parler de la fin lénifiante, il n’en demeure pas moins qu’il y a de très bonnes intentions. D’abord la confrontation entre deux milieux complètement opposés : la famille Leroy-Gomez et son univers compassé et stérile dans lequel le jeune Alain s’ennuie, et les jeunes de Belleville qui même s’ils souffrent de la misère matérielle ont un goût prononcé pour la liberté qui les rend attirant aux yeux mêmes d’Alain. Cette opposition s’appuie sur une utilisation particulière des décors réels des rues de Belleville, c’est aussi dans ce quartier de Paris que Chenal avait situé plusieurs scènes de Rafles sur la ville. La misère est exhibée sans fard, et cela rend le film bien plus réaliste que celui de Marcel Carné. La pauvreté des logements, mais aussi la misère psychologique des habitants de ce quartier, sont des éléments décisifs dans cette quête de vérité. À partir de cet état des lieux les personnages vont déployer leur caractère non seulement en fonction de leur position sociale, mais aussi en fonction de leur humanité. Chenal oppose le sournois Bourdieux au petit épicier qui fait de son mieux pour soulager Fleur.

     Les jeux dangereux, Pierre Chenal, 1958 

    Leroy-Gomez rend visite à Fournier 

    Film à petit budget, il bénéficie pourtant d’une distribution intéressante. Le film est porté par Pascale Audret – la sœur d’Hugues Auffray – c’est elle qui mène la danse de bout en bout, et même si on a un peu du mal à croire qu’elle a seulement quinze ans, elle manifeste parfaitement ce mélange de naïveté et d’autorité face aux dangers de l’existence. Sa prestation est remarquable. Jean Servais est le détective Fournier. Il ne commence à apparaître qu’au premier tiers du film. Il n’a pas retrouvé le succès depuis son rôle du Stéphanois dans Du rififi chez les hommes. Il reste un peu trop nonchalant. Louis Seigner interprète comme à son ordinaire le rôle du bourgeois un peu borné Leroy-Gomez. Il est toujours très bon dans ce genre de partition. Pour le reste on découvre avec ce film des acteurs nouveaux, par exemple Claude Berri dans un petit rôle, et Sami Frey dans le rôle d’un petit voyou qui se voudrait chef de bande. D’autres figures apparaissent comme Jacques Moulières qui fera une carrière dans la chanson. Jean-François Poron est un peu pâlichon dans le rôle de Julien – on remarque qu’il a aussi participé au film de Marcel Carné, Les tricheurs, il se rattrapera plus tard dans La princesse de Clèves. La distribution est complétée par le toujours très bon Jean-Roger Caussimon – poète et chanteur à ses heures – dans le rôle du sordide Bourdieux. Alain est interprété par l’insipide Fabrice Bessy qui deviendra sous le seul nom de Fabrice l’animateur de l’émission de télévision un peu stupide, La classe. Mais comme il joue le rôle d’une tête à claques, ce n’est pas très important. Sa componction ajoute finalement à la distance de classe qu’il y a entre lui et Fleur par exemple.

     Les jeux dangereux, Pierre Chenal, 1958 

    Fleur guette les mouvements dans le quartier 

    Au-delà des aléas de l’histoire, ce qui est réussi, c’est de faire vivre un quartier avec ses décors labyrinthiques particuliers, ce mélange de zone et de bâti, ces maisons tordues et miséreuses qui semblent toujours sur le point de s’écrouler, les rues étroites et escarpées. Mais par-dessus tout Chenal arrive à rendre palpable  cette liberté qui ne semble appartenir qu’à des êtres pauvres, jeunes et marginaux. On sent que le réalisateur est moins intéressé par les autres quartiers que son film traverse, comme par exemple Saint-Germain des Prés. Il n’y a pas de scène de bravoure, seulement peut être la poursuite d’Alain lorsque celui-ci s’est échappé et qu’il tente de se réfugier chez des habitants du quartier. Il y a également quelque angoisse à se demander si la bande finira ou non par occire Alain et donc une dramatisation qui est assez bien menée.

     Les jeux dangereux, Pierre Chenal, 1958 

    Comprenant qu’elle est suivie, Fleur aborde directement Fournier 

    Bien qu’il ne s’agisse pas là d’un chef d’œuvre ni d’un des meilleurs films de Chenal, c’est donc un film intéressant à redécouvrir, ne serait-ce qu’à cause de son point de vue particulier sur la jeunesse d’une époque disparue mais aussi de cette poésie qui émane d’un quartier populaire qui existe à la marge de la grande ville.

     Les jeux dangereux, Pierre Chenal, 1958 

    Fleur se rend compte qu’Arpia est dangereux

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  •  La maison sur la colline, House on telegraph hill, Robert Wise, 1951

    Dans la carrière de Robert Wise, House on telegraph hill, intervient un peu après Nous avons gagné ce soir, et aussi après quelques petits films noirs comme Born to kill, Mistery in Mexico. Autant dire que nous sommes dans la grande période de production du film noir, et que Robert Wise, qui ne s’est jamais enfermé dans un genre particulier tout au long de sa prolifique carrière, prend à son compte le développement du genre. House on telegraph hill est maintenant considéré comme un classique du genre.

    La maison sur la colline, House on telegraph hill, Robert Wise, 1951 

    Victoria va sortir du camp de concentration 

    L’histoire est due à Dana Lyon, écrivain peu prolixe, mais réputée, qui participera à l’écriture collective sous le nom de Theo Durant de La forêt de marbre[1]. Victoria Kowalska est une rescapée des camps de concentration. Enfermée par les nazis à Bergen Belsen, elle fait la connaissance de Karin Dernakowa qui décédera peu de temps avant que les alliés libèrent le camp. Traumatisée par cette expérience, et ayant tout perdu dans la guerre, ses biens, sa famille, elle va emprunter l’identité de sa compagne et tenter de se faire rapatrier aux Etats-Unis où vit l’enfant de Karin, Christopher qui avait été recueilli par la tante Sophie. Arrivée à New York, elle va faire la connaissance d’Alan Spender, le tuteur de Christopher qui est aussi un parent éloigné de Sophie. Celui-ci la charme et l’épouse. Mais peu à peu les choses vont se dégrader, et Victoria va soupçonner son mari de vouloir l’assassiner. Se sentant seule et isolée, face aussi bien à son époux qu’à l’étrange gouvernante de Christopher, elle va se tourner vers Marc Bennett, un avocat qu’elle a vaguement connu au moment de l’ouverture du camp de concentration. Elle va se mettre à rechercher des preuves des intentions malignes de son mari. Pour cela elle devra avouer à Marc qu’elle a emprunté l’identité de Karin.

     La maison sur la colline, House on telegraph hill, Robert Wise, 1951 

    Victoria fait la connaissance de Christopher 

    A partir du thème souvent traité d’un changement d’identité, le film va se refermer sur un quatuor singulier. En effet, les rapports entre Victoria et Alan deviennent de plus en plus compliqués, et tandis que Victoria semble attirée par Marc, elle doit aussi affronter Margaret la gouvernante très jalouse de Christopher. Cette histoire d’une pauvre femme projetée après un traumatisme dans un mariage inquiétant, on l’a vue déjà chez Hitchcock, aussi bien dans Rebecca que dans Suspicion où d’ailleurs sera reprise d’une manière nouvelle l’idée de la boisson empoisonnée. Mais le film garde son originalité au moins pour deux raisons : la première est ce rattachement au traumatisme des camps de concentration, la seconde par l’usage particulier qui est fait de la ville de San Francisco. En quelque sorte, c’est un peu des deux films d’Hitchcock qu’on aurait plongés dans une atmosphère moins aseptisée et plus violente. On remarquera qu’à l’inverse cette idée d’emprunt d’une identité qui n’est pas la sienne est aussi la base de Vertigo de ce même Hitchcock[2] qui sera tourné quelques années plus tard également à San Francisco. Et donc si manifestement Robert Wise s’est inspiré d’Hitchcock, celui-ci a trouvé à son tour son inspiration dans House on telegraph hill y compris en reprenant cette idée de chute quand l’abîme s’ouvre sous les pieds de Victoria.

     La maison sur la colline, House on telegraph hill, Robert Wise, 1951 

    L’accident est dû à un sabotage des freins 

    La jalousie est bien sûr le moteur essentiel et cette jalousie repose sur le désir d’appropriation. Alan veut s’approprier l’héritage, mais Margaret veut l’enfant qu’elle a appris à considérer comme le sien propre. Mais les caractères de Victoria et de Marc sont tout autant ambigus. En effet pour Victoria la volonté de s’approprier la richesse supposée de Karin est un puissant moteur. Quant à Marc il convoite la femme d’un autre sans presque s’en cacher. La rivalité entre Marc et Alan est très curieuse : ils avouent tous les deux se détester, et pourtant ils ont le besoin de communiquer et de se justifier l’un envers l’autre. Évidemment ils mentent, mais tout le monde ment, et Marc balaiera d’un revers de main les scrupules tardifs de Victoria lorsqu’elle avoue qu’elle a emprunté l’identité de Karin pour s’approprier la fortune de sa compagne de camp. La nécessité fait loi : Alan ne sera pas en reste puisque pour lui qui vient d’un milieu pauvre, capter l’héritage est une nécessité. Le personnage le plus trouble de cet étrange quatuor est tout de même la mélancolique Margaret dont les intentions sont assez peu claires, elle passe d’une sorte de dévotion pour Alan à une volonté farouche de protéger le petit Christopher.

     La maison sur la colline, House on telegraph hill, Robert Wise, 1951 

    Victoria cherche la preuve que son mari cherche à la tuer 

    Ce n’est pas un film doté d’un gros budget, mais c’est pourtant une réalisation soignée, avec des décors de qualité. On passera sur les effets spéciaux, comme la course folle de la voiture de Victoria privée de freins pour souligner l’excellente utilisation des décors urbains. En effet le film se passe à San Francisco, un des hauts lieux de la réalisation des films noirs. Cette ville a même été assez longtemps préférée à Los Angeles car sa plus grande diversité semblait offrir plus de possibilités que la morne architecture de la capitale du cinéma. Les scènes de rue sont rares, mais éclairantes, comme la visite de Victoria dans l’immeuble où Marc possède son bureau. On retrouvera les ficelles du film noir de cette époque : l’escalier en haut duquel se tient l’étrange et rigide Margaret, les téléphones qui sont encore à cette époque la marque de la modernité. L’ensemble du film est cependant construit sur des affrontements voilés, avec une certaine dose d’invraisemblance tout de même : en effet si Alan veut se débarrasser de Victoria, on ne voit pas pourquoi il ne la laisse pas finir au fond du trou qui a été fait dans la maison de jeu. De même l’histoire du télégramme qui dévoile que tante Sophie a été annoncée comme morte trois jours avant son décès officiel est assez incongrue. Mais le rythme de l’action ne donne pas l’occasion au spectateur de trop s’en inquiéter.

     La maison sur la colline, House on telegraph hill, Robert Wise, 1951 

    Victoria va voir Marc Bennett 

    La direction d’acteurs est un des points forts de Robert Wise et c’est encore le cas ici. L’interprétation est dominée clairement par Valentina Cortese qui a cette époque cherchait à faire carrière aux Etats-Unis et qui avait eu un certain succès dans le film de Jules Dassin, Les bas-fonds de Frisco.  Elle se mariera d’ailleurs la même année avec Richard Basehart son partenaire. C’est donc elle qui conduit le film et qui lui donne cette particularité : elle passe de l’exaltation au désespoir, d’une naïveté confondante à une malice étonnante. Elle incarne la volonté de survivre par-dessus tout. Richard Basehart est Alan Spender, très nettement en retrait sur sa partenaire, il n’est d’ailleurs guère présent. Mais il est très bien, particulièrement quand vers la fin il se prend de mettre à jour sa colère. William Lundigan qu’on avait déjà vu dans Mystère à Mexico, incarne le héros positif de cette histoire, le chevalier servant, dévoué aux dents bien blanches. Fay Baker dans le petit rôle de Margaret arrive pourtant à donner du mystère au film, c’est un exc ellent leurre, au point que pendant un moment le spectateur croit que le mari n’est pas forcément le coupable. Il est dommage qu’on ne l’ait pas souvent vue dans de grands rôles.

     La maison sur la colline, House on telegraph hill, Robert Wise, 1951  

    Alan risque de mourir et demande de l’aide à Margaret 

    Sans être un des plus grands films noirs, on peut le classer aisément parmi les très bonnes réalisations du genre. Peut-être est-ce le final un peu trop lénifiant qui en gâche un peu l’effet. Il a bien passé les années et se revoit encore avec un plaisir renouvelé. 

     


    [1] Publié en 1953 aux Presses de la cité dans la collection Un mystère.

    [2] Le film d’Hitchcock se présentait comme une adaptation de D’entre les morts de Boileau et Narcejac, publié en 1954, qui partait lui aussi d’un emprunt d’identité dans les soubresauts de la Seconde Guerre mondiale. 

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  • Positif et Michel Ciment reviennent sur la chasse aux sorcières

    A l’occasion de la sortie de Trumbo, le film de Jay Roach dont j’ai déjà dit tout le bien que j’en pense[1], Positif revient sur cette chasse aux sorcières de sinistre mémoire. Ça commence plutôt très mal parce que la recension du film de Roach est due à la plume de Ciment lui-même. Or Ciment a toujours défendu ces réalisateurs qui ont balancé, particulièrement Elia Kazan qui ne s’est jamais remis lui-même de cette trahison[2]. Positif n’est plus la revue de notre jeunesse, et elle a évolué malheureusement vers un conformisme affligeant. Michel Ciment est le moteur de cette dérive qu’on pourrait qualifier de droitière. Mais il ne se contente pas de soutenir Kazan, ce qu’on pourrait presque comprendre, il lui faut aussi que maintenant il salisse les dix d’Hollywood. Bien tapi derrière son écran d’ordinateur, les pieds dans ses charentaises, le voilà qu’il explique à des gens qui ont risqué la prison, ce qu’ils auraient dû faire : ils auraient dû parler selon lui et assumer leur adhésion au parti communiste puisque celui-ci était légal. C’est en règle générale ce que disent les gens de droite sur cette question que le plus souvent ils ne connaissent pas. Mais en réalité, cette idée un peu simpliste est démentie par les propres extraits de la correspondance et les propres notes de Dalton Trumbo, que Positif publie. Mais sans doute que Michel Ciment ne les a pas lues ! Or ces notes nous disent que la stratégie de ne pas répondre ressortait du fait que les dix d’Hollywood ne voulaient pas se justifier devant une commission inquisitoriale. Au passage Trumbo signale que même Nixon, pourtant peu suspect de sympathie communiste, se détachera de cette commission et s’en absentera pour ne pas la cautionner dans ses excès.  

    L’aigreur et la méchanceté de Ciment va se retrouver aussi dans la manière dont il dénigre le talent des dix d’Hollywood, seuls deux d'entre eux auraient eu du talent, comme si c’était là la question et comme si lui pouvait en juger. Mais Ciment est quelqu’un qui aime bien les films fascisant de Clint Eastwood sur lesquels il ne se pose guère de questions quant au discours de fonds. Aussi il se permet de taper à bras raccourci sur le film de Roach, Trumbo, le trouvant mal fait – il se contente des plates mises en scène d’Eastwood qu’il prend pour un cinéaste important, ce qui est son droit, même si nous ne partageons pas son avis sur ce point.

      Positif et Michel Ciment reviennent sur la chasse aux sorcières

    Mais après tout, je comprends qu’on puisse trouver le film de Jay Roach insuffisant sur le plan formel. Par contre ce qui est plus contestable est le fait que Ciment justifie indirectement la chasse aux sorcières. Ici il révèle non seulement son engagement droitier, pourquoi pas, mais il fait preuve d’une méconnaissance parfaite du sujet. En effet, il nous dit que les politiciens américains avaient des bonnes raisons de se lancer dans cette chasse aux sorcières parce que Staline et l’URSS étaient devenus des dangers manifestes. C’est parfaitement faux. En effet si Michel Ciment était un peu instruit, il saurait que le lobby d'extrême-droite qui s’est lancé dans la chasse aux sorcières l’a fait avant 1945, très précisément en 1938. C’est seulement parce que Roosevelt a eu un succès formidable et parce que les Etats-Unis sont entrés en guerre après Pearl Harbor, que cette chasse aux sorcières a été mise en sommeil, jusqu’à la mort de Roosevelt. La chasse aux sorcières était initialement le prolongement à Hollywood de la répression des syndicats et des tendances socialistes entre les deux guerres[3]. Je passe sur le fait bien connu - sauf peut-être de Michel Ciment - que la chasse aux sorcières a complètement stérilisé le cinéma hollywoodien et manifestait des tendances antisémites évidentes. 

      Positif et Michel Ciment reviennent sur la chasse aux sorcières

    On a le droit de ne pas connaître un sujet, mais dans ce cas on n’a pas le droit d’en parler. Michel Ciment fait honte à Positif en s’avançant à visage découvert ; il serait temps qu’il prenne sa retraite définitive, n’ayant plus rien à apporter à la connaissance du 7ème art depuis bien longtemps. Voilà ce que c’est que de s’institutionnaliser en écrivant pour n’importe quel marchand de papier – Ciment fait le malin dans des journaux aussi réactionnaires que Le point ou L’express. Mais c’est raté.

     

     


    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/trumbo-jay-roach-2015-a125132672

    [2] Kazan-Losey, entretiens, édition définitive, Stock, 2009.

    [3] Larry Ceplair, Steven Englund, The Inquisition in Hollywood : Politics in the Film Community, 1930-60, University of Illinois Press, 2003. 

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  • Low down, Jeff Preiss, 2014

    Encore une biopic d’un jazzman maudit et drogué ! Elle a été tournée avant Born to be blue qui contait la vie difficile de Chet Baker[1]. On a dit la difficulté qu’il y avait avec ce genre de films. Mais le jazz est suffisamment ancré dans la culture étasunienne pour que l’on trouve en permanence des réalisateurs pour se lancer dans ce pari hasardeux. En effet, ce genre de film n’a jamais de succès. Low down n’échappe pas à la règle, bien que salué par la critique, il a été complètement boudé par le public, au point qu’en France il ne sortira sans doute pas dans les salles et il faudra se contenter de le voir sur un support numérique. Born to be blue qui est plutôt un bon film n’a pas eu de succès, et pourtant la personnalité de Chet Baker est autrement plus célèbre, connue et admirée que celle de Joe Albany. Ce dernier est un pianiste de jazz qui n’est même pas connu des amateurs de jazz. Seuls les connaisseurs un peu pointus savent qu’il a existé, entre autres pour avoir été le compagnon de misère de Charlie Parker. Il a très peu enregistré de disques, et n’a commencé à se faire connaitre en Europe que dans les années soixante-dix lorsque le jazz était à la mode et payait enfin les musiciens. 

     Low down, Jeff Preiss, 2014

    Le film est basé d’abord sur le livre de souvenirs d’Amy-Jo Albany, la propre fille de Joe Albany. Elle a du reste collaboré au scénario, ce qui est donné pour un gage de fidélité. J’en profite pour dire ici que le livre est excellent, non pas parce qu’il parle de Joe Albany, mais parce qu’il raconte à travers une sorte de puzzle la vie d’une petite fille dont les deux parents sont des drogués et qui n’a que l’amour de son père auquel elle peut se raccrocher. C’est une bien curieuse éducation qu’elle a eu. On peut dire qu’elle s’est construite toute seule, aussi bien parce qu’elle avait des parents défaillants que  parce qu’elle était de santé fragile et n’allait pas très souvent à l’école. Sa mère ayant rapidement abandonné la partie, elle s’en passa plus ou moins bien. A travers ce livre où se retrouve tous les marqueurs de la contre-culture des années soixante et soixante-dix – le jazz, la drogue, la libération sexuelle, il s’agit d’un parcours initiatique forcément douloureux où l’enfant apparait bien plus responsable que ses parents. Quoi que le parcours d’Amy-Joe soit difficile, on en arrive à se demander si cette marginalité n’a pas finalement été la meilleure des éducations ! Ecrit dans un style très imagé et cru, c’est très drôle quoique mélancolique et la lecture en vaut le détour.

     Low down, Jeff Preiss, 2014 

    Aly-Jo admire le talent de son père 

    Mais c’est sans doute là la première difficulté. En effet l’ouvrage est volontairement décousu, comme le sont les souvenirs qui affleurent un peu dans n’importe quel ordre. Il est donc difficile d’en extraire une histoire avec un début, un développement et une fin. Ici ce n’est plus la relation entre Joe et Amy-Jo qui est privilégiée comme dans l’ouvrage, mais le point de vue d’Amy-Jo qui doit faire sa vie avec une mère qui a disparu et un père absent. On assistera donc de loin aux problèmes rencontrés par Joe pour continuer à exister dans l’ombre de sa fille, porté par la musique. Sans doute mon jugement sur ce film est-il faussé par le fait que, avant de le voir, j’ai lu le livre qui, je le répète, est très bon. Mais il apparaît que le film est très édulcoré par rapport à ce que raconte Amy-Jo. Par exemple, dans le film elle n’a pas de relation sexuelle visible, et elle reste bien sage avec son petit copain, un batteur de rock un peu épileptique. Dans le livre au contraire elle conte des histoires plutôt scabreuses, notamment cette relation plus ou moins consentie avec son oncle. Egalement elle explique que très tôt elle va toucher à la dope, ce qu’on ne verra pas dans le film. Le film apparait donc sage, trop sage. Alors que le livre évoque la folie et la plongée dans l’abime d’une époque : sa mère a eu une longue liaison avec Allen Grinsberg par exemple.

     Low down, Jeff Preiss, 2014 

    Amy-Jo se réfugie chez sa grand-mère 

    Ici on filmera le séjour en prison de Jo Albany comme un passage assez soft en prison, alors que le pianiste avait une trouille noire de cet enfermement. De même l’intimité entre Joe et Amy-Jo est complètement gommée. Sans doute est-ce aussi parce que le livre se passait sur plusieurs années. Joe Albany avait eu en effet à charge sa fille alors qu’elle n’avait que cinq ans et cela a amené celle-ci à avoir très tôt une éducation d’adulte, tant en ce qui concerne la musique qu’en ce qui concerne les lectures ou le cinéma. Elle partageait beaucoup avec son père, l’accompagnant même assez souvent dans les cabarets où il jouait. D’ailleurs elle racontera qu’elle ira aussi en Europe avec lui au moment où il attendra une certaine reconnaissance. Ici Amy-Jo reste sur son quant-à-soi. Elle est là un peu comme un juge au-dessus de la vie chaotique des autres, sérieuse et appliquée. Or dans la réalité elle a bel et bien été entraînée dans cette vie décousue et sombre que menait son père. Comme on le voit, le principal défaut du film est d’être une version aseptisée du récit d’Amy-Jo. On ne verra même pas Joe se droguer.

     Low down, Jeff Preiss, 2014 

    Joe accompagne sa fille au collège 

    Le second défaut est que le film ne possède guère d’humour, il se veut un peu documentaire. Or évidemment la quantité de personnages extravagants qui gravitent dans cet univers est telle, que le livre d’Amy-Jo fourmille de scènes cocasses, voire burlesques. Sachant qu’elle a vécu une enfance exceptionnelle, pour le meilleur et pour le pire, elle la retranscrit comme telle. Alors que dans le film, on a l’impression qu’elle a une existence parfaitement réglée, certes que les parents sont un peu extravagants, mais que la grand-mère remet les choses dans l’ordre en étant un point stable dans l’univers de cette adolescente. L’interprétation est à l’avenant. John Hawkes dans le rôle de Joe Albany n’est pas mauvais, il s’est d’ailleurs fait un physique bien de circonstance. Mais il est absent, c’est à peine s’il passe dans le film et dans l’existence d’Amy-Jo. Elle Fanning joue sa fille, mais elle n’est pas en phase. D’abord elle est bien trop grande, presqu’aussi grande que son père. Ensuite, elle est trop âgée et ne peut pas représenter cette enfance en danger permanent. Son air renfrogné rend le film difficile à supporter. Dans la réalité, Amy-Jo était petite et fragile, craintive aussi et en difficulté dans ses relations sociales. Glenn Glose ne serait pas trop mal dans le rôle de la grand-mère, mais elle ne possède pas cette sorte de folie qui lui donnerait une autre dimension que celle d’une mamie gâteau très équilibrée et gardienne du foyer puis de l'ordre et de la morale.

     Low down, Jeff Preiss, 2014 

    La renommée de Joe ne dépasse pas les petits cercles d’initiés 

    Enfin le dernier écueil du film est qu’il est filmé un peu n’importe comment. Il ne semble pas que le réalisateur ait aimé son sujet. Il n’y a pas de rigueur dans la sélection des plans rapprochés ou non. D’ailleurs le plus souvent Jeff Preiss se contenter de filmer des face à face mollassons en plans rapprochés. Les extérieurs ne sont pas utilisés suffisamment, et l’univers de la prison ressemble à un hôpital. Bref il n’y a rien à sauver, si ce n’est la musique de Joe Albany qu’on pourra entendre de ci de là. Mais on a l’habitude des échecs de ce type en ce qui concerne les jazzmen.

     Low down, Jeff Preiss, 2014 


    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/born-to-be-blue-robert-budreau-2015-a125706232

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