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    Un très bon film du trop sous-estimé Anatole Litvak. La guerre est en train de se terminer, mais les Allemands refusent de cesser les combats et se proposent de mener une contre-offensive. Les Américains veulent accélérer les choses et vont se servir d’Allemands pour repérer les positions adverses et prévenir toute attaque ruineuse sur le plan humain. Ils vont donc embaucher deux espions allemands : l’un fait cela par intérêt personnel, plutôt cynique, et l’autre par idéal car il se rend compte que le régime hitlérien à mener son pays à la ruine. Toutefois les Américains se méfient de lui. Cependant, il mènera sa mission à bien.

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    L’histoire en elle-même n’est pas très intéressante, mais ce qui importe ici c’est le traitement, le parcours dans une Allemagne en ruine, ravagée par la guerre. Tourné dans des décors réels, le film est parfois proche du documentaire. Il n’y a rien de glorieux dans l’étalage de cette misère, de la boue et des larmes. Il fait froid, la faim est omniprésente. 

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    Les Américains ne sont pas plus des héros, ce sont juste des soldats qui languissent que la guerre se termine, mais ils ont tout de même le sentiment de travailler pour une bonne cause.

    C’est un film sombre dominé par le jeu mélancolique d’Oskar Werner incarnant le jeune Karl Maurer qui a pitié de cette Allemagne qui a sombré pour avoir écouté les sirènes nazies. Par le ton, ce film est à rapprocher d’un autre excellent film de Litvak, Un acte d’amour qu’il tournera en 1953 avec Kirk Douglas. Mais il s’inscrit aussi par son réalisme dans la lignée des films de guerre de Samuel Fuller, par exemple Verboten !, qui viendra un petit peu plus tard.

    Litvak utilise des décalages intéressants, comme par exemple cette séquence assez bizarre où l’on voit des Allemands tenter de s’amuser, en dépit des consignes données par l’administration. Ils chantent, dansent, boivent. Des femmes donnent un sketch complètement surréaliste avec une jeune femme qui a été amputée d’une jambe. 

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    Le film donne dans la nuance, ainsi, ainsi ce très jeune adolescent nazi qui hésitera mais ne trahira pas le soldat américain qui se cache pour éviter les soldats allemands. Ce n’est donc pas à proprement parler un film de guerre, mais plutôt un film noir, une tragédie, construite comme une succession de portraits.

    On retiendra aussi l’assassinat d’un soldat allemand par d’autres soldats allemands qui ont encore la nostalgie du régime hitlérien qui s’effondre, mais que leur situation de prisonniers réduit au rang de bêtes.

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    L’autre originalité est que la guerre et ses conséquences, sont vues du point de vue d’un Allemand. D’ailleurs les Américains, Richard Basehart en tête se contentent de seconds rôles. Les visages qui marquent sont ceux d’Oskar Werner, on l’a déjà dit, mais aussi d’Hildegarde Knef. Celle-ci incarne une prostituée qui n’en a pas vraiment la vocation mais que les circonstances ont entraînée dans une situation dont elle ne peut sortir. Pour toutes ces âmes en perdition, l’amour est une impossibilité.

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    Sur le plan technique il n’y a pas grand-chose à redire, la profondeur de champ est parfaitement utilisée dans les scènes de foule et de mouvement, donnant de l’ampleur aux ruines que Karl traverse. De nombreuses scènes à l’intérieur des maisons, ou de ce qu’il en reste, rendent compte de cette absence de lumière, de ce manque d’air et d’espace, accentuant cette idée de fin du monde et de désastre. Sûrement un des meilleurs films de LItvak dont la carrière fut tout de même inégale.

     

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    Dernier film américain de Losey, c’est aussi le dernier d’une trilogie de films noirs, The Prowler, M, et The big night. Films à petit budget, ils ont tous les trois été tournés en 1951, dans des conditions difficiles pour Losey puisqu’à cette époque il commença à être pourchassé par la Commission des Activités Antiaméricaines.  Ce qui le conduira à l’exil.

    The big Nightest adapté d’un roman à succès de Stanley Ellin qui était paru en Série Noire en 1949 sous le titre de La peur au ventre. L’adaptation cinématographique est du reste fidèle au roman. Comme le titre du film l’indique, cela se passe en une nuit.Une nuit qui verra la vie de George La Main bouleversée. Le jour de son anniversaire, le jeune adolescent est le témoin de la correction infligée par le journaliste Judge à son père qui la subit sans mot dire. George ne comprend pas le motif de cette résignation. Plutôt timide et effacé, il va se révolter et traquer le journaliste avec l’idée de se venger de cette humiliation.

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    A partir de cette trame, le film nous entraîne dans une dérive au milieu du New-York nocturne du début des années cinquante. La ville est à la fois oppressante et une possibilité  d’épanouissement. Mais contrairement aux apparences, ce n’est pas un film criminel, on y croise du reste qu’un seul petit délinquant, un escroc qui vole George à l’entrée de la salle où va se dérouler un important combat de boxe.

    Armé d’un révolver, George va errer de place en place, rencontrant quelques femmes qui l’émeuvent, une chanteuse de jazz noire, avec laquelle il sera plus que maladroit, mais aussi Marion avec laquelle s’ébauche une petite histoire d’amour. Bref George deviendra un homme et finira par mieux comprendre son père et ses motivations.

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     Sans être inintéressant, ce n’est pas le meilleur film noir de Losey, c’est même le plus faible. Le film n’est sauvé de l’ennui que par la rapidité de l’action, et la grande capacité de Losey à saisir les espaces nocturnes. Certains ont pu souligner que c’est le côté didactique et pesant de la scène finale qui plombait le film. Ce n’est pas certain, car les explications sont tout autant fumeuses dans de nombreux grands films noirs. Personnellement je pense que le film reposant essentiellement sur les épaules du jeune John Drew Barrymore[1], celui-ci n’a pas la carrure qu’il faudrait. Ce n’est pas tant qu’il soit mauvais acteur, mais c’est plutôt une question de physique. Il a l’allure veule, la bouche un rien trop tordue et les scènes qui se voudraient pathétiques sont difficilement crédibles. Par contre les autres acteurs sont excellents, que ce soit Preston Foster qui joue le père qu’on a vu déjà dans Kansas city confidential ou dans I the jury, ou le curieux Howard St. John qui incarne le journaliste Judge.

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    Le regard de George la Main vers l’église dans une des dernières scènes est particulièrement ambigu, on ne sait s’il s’adresse à un ciel vide, ou si au contraire ce sont les hommes qui sont défaillants face à cette volonté sincère de rédemption, le prêtre s’enfuyant au moment même où George cherche un peu de réconfort.

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    Il reste donc cette errance, les cabarets de jazz, les lieux où on boit plus que de raison et les rencontres improbables au bout de la nuit.

     

    Au passage on reconnaîtra pour peu qu’on ait l’œil exercé la silhouette massive de Robert Aldrich qui fut l’assistant de Losey.

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    Père de Drew Barrymore, il était le fils de l’acteur John Barrymore, mais il ne fit qu’une carrière assez médiocre, s’exilant en Italie pour jouer dans des peplums.

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    Raymond Chandler est, avec Dashiell Hammett un de ceux qui ont amené le roman noir vers une sorte de perfection. S’il n’a pas écrit beaucoup de romans, on en compte huit,  le dernier est inachevé, il a été une référence pour de nombreux romanciers qui l’ont suivi, de Ross McDonald à James Ellroy, en passant par Dolores Hitchens et Michael Connelly. C’est lui qui a transformé le personnage du détective privé en une sorte de chevalier moderne qui a avant tout une éthique. En même temps, il a donné au roman  noir californien ses lettres de noblesse.

    Le détective Philip Marlowe est embauché par Adrienne Fromsett pour retrouver la femme disparue de son patron dont elle paraît secrètement amoureuse. Elle semble avoir disparu avec une sorte de gigolo qui va être retrouvé peu après assassiné. L’affaire devient rapidement compliquée et Marlowe se heurte aux policiers de Bay City qui n’apprécient guère qu’on vienne marcher sur leurs plates-bandes. En même temps, Adrienne Fromsett semble jouer un jeu très curieux qui la laisse apparaître comme une sorte de suspect.

    Les adaptations des œuvres de Raymond Chandler ont été nombreuses. Celle-ci intervient, en 1947, juste après le grand succès de l’adaptation du Grand sommeil par Howard Hawks. Dans l’ordre, c’est la troisième fois que le personnage de Philip Marlowe apparaît sur un écran. Et curieusement, c’est un troisième acteur qui va incarner le célèbre détective de Los Angeles. Après Dick Powell et Humphrey Bogart, Robert Montgomery s’y colle. 

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    Ce film a mauvaise réputation, et Raymond Chandler ne l’aimait pas. Si le scénario suit à peu près les sinuosités de l’enquête de Marlowe, c’est le principe d’une caméra subjective qui est en cause. En effet, pour rendre le ton particulier de Chandler qui écrit à la première personne, Robert Montgomery choisit de filmer l’action du point de vue du détective, comme si la caméra était ses yeux. Les raisons de ce choix sont nombreuses, d’abord rompre avec la tradition des films noirs de l’époque, mais aussi comme Montgomery est également metteur en scène, cela le soulage d’avoir à se diriger plus longuement. S’il est vrai que ce parti pris est assez vite lassant car il ne donne guère de profondeur de champ à l’action – les extérieurs sont étriqués et réduits à leur plus simple expression, alors que le texte de Chandler est très marqué par le décor de Los Angeles – le film possède un certain nombre de qualités qui le laissent tout de même apprécier. Par exemple la découverte progressive du meurtre de Lavery, ou la fête de Noël donnée par Kingby sont assez étonnantes. Mais il y a aussi l’interprétation qui est excellente à commencer par Audrey Totter et Lloyd Nolan. Robert Montgomery lui est assez peu présent physiquement, ce qui vient du parti pris filmique. Audrey Totter se transforme de la garce intéressée en une femme amoureuse et tendre de façon inattendue. Lloyd Nolan est un flic corrompu et sadique à la limite de la rupture psychologique. 

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    Marlowe a été interprété à l’écran par Dick Powell, Humphrey Bogart, Robert Montgomery, George Montgomery, Robert Mitchum, Elliot Gould et James Garner. Physiquement, ce n’est pas Robert Montgomery qui est le plus éloigné de ce qu’aurait aimé Chandler, il y aurait préféré Gary Grant. On peut supposer que si Chandler n’a pas aimé l’adaptation de Montgomery, c’est surtout à cause de son côté sautillant. La façon saugrenue de Marlowe de s’adresser directement au spectateur s’éloigne de l’humour acide de Chandler et donne une légèreté de ton qui n’est pas dans l’esprit de Chandler.

    A noter que juste après Lady in the lake, Robert Montgomery dirigera et interprétera Et tournent les chevaux de bois  d’après le roman de Dorothy B. Hugues, film cette fois plus traditionnel, mais finalement plus réussi. 

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    Il camorrista est un film sur la vie de Raffaele Cutolo. Celui-ci est une sorte de héros négatif qui, en affrontant les anciennes familles de la Camorra, va déclencher une guerre de plusieurs années qui fera plusieurs milliers de morts dans la région de Naples.  Adapté d’un ouvrage à succès de Giuseppe Marrazzo qui n’a malheureusement pas été traduit en français, ce film, assez long, il dure près de 3 heures, a été produit par Silvio Berlusconi et a donné lieu également à une version télévisée qui dure plus de cinq heures. Cette production à gros budget  est en même temps la première réalisation de Guiseppe Tornatore. Celui-ci, d’origine sicilienne, plus connu en France pour ses films mélancoliques comme Cinema Paradisio, ou Ils vont tous biens, avait déjà travaillé sur le sujet de la mafia puisqu’il avait co-écrit le scénario de l'excellent Cent jours à Palerme.

    Comme toujours avec ce genre de film, il faut démêler ce qu’il y a d’intéressant dans le scénario de la mise en scène. Le sujet est facilement attractif, l’ascension d’une personnalité bien réelle comme celle de Cutolo, la guerre des Camorras, suffisant presque à satisfaire la clientèle. Le film se passant sur plusieurs décennies, il rappellera aisément Le parrain. Ce n’est pourtant pas ce qui en fait son intérêt. Le film de Tornatore s’inscrit dans la longue lignée des films italiens qui ont pour but de dénoncer la mafia et ses cousines, la Camorra ou la ‘Ndrangheta. Le boss Cutolo n’est pas du tout glamour. Par le côté sordide et dégénéré du caractère de Cutolo, il est plus proche du film qu’on tirera du livre de Saviano, Gomorra. 

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    Cutolo est un personnage assez extraordinaire, mi fou, mi génie criminel, il a construit l’essentiel de son pouvoir alors qu’il était en prison pour un crime assez débile. C’est en prison qu’il sera appelé le professeur du Vésuve. Même s’il semble qu’aujourd’hui Cutolo n’ait plus guère de pouvoir, il est toujours en prison et a eu un fils en 2007, rejeton qu’il a conçu depuis sa cellule !

    Il est donc le fondateur d’une nouvelle Camorra (Nueva Camorra organizzata – NCO) qui devint une véritable armée de plusieurs milliers de soldats ! Le film est bien documenté, très réaliste dans la description des rouages de la corruption. Construit sur des moments très forts, par exemple les tractations entre Cutolo et les Brigades rouges, il ne cache rien de la confusion des genres entre le pouvoir politique de la Démocratie chrétienne et celui des différentes mafias. 

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    Le vrai Rafaelle Cutolo

    Le principal défaut du scénario est d’aligner les scènes de genre et de manquer de continuité. Le caractère heurté du découpage nuit beaucoup. Mais cela vient peut-être du fait que je n’ai vu que la version filmée et non pas la série télévisée. C’est ainsi que le personnage de la sœur de Cutolo n’est pas très fouillé, alors qu’elle est un élément clé de la prise du pouvoir passagère d’il professore.

    L’essentiel du film se passe en prison, avec des scènes convenues de meurtre, de délation et de soumission. La réalisation laisse un souvenir ambigu. D’abord parce que l’image n’est pas belle, peu soignée, ensuite, parce que Ben Gazzara en fait des tonnes. Même si Cutolo avait tendance à faire le clown pour amuser la galerie, il ne semble pas qu’il roule des yeux comme un illuminé. Mais on a comme compensation le fait que le film utilise les décors réels et misérables de Naples. Une scène intéressante est celle d’un gamin qui se croit poursuivi par la police dans les vieilles rues de Naples et que la foule encourage à courir encore plus vite.

    L’interprétation n’est pas non plus remarquable. Les deux principaux acteurs ne sont pas italiens, Ben Gazzara était américain, et Laura del Sol qui n’est pas mal, mais sans plus, est espagnole. C’est un peu gênant parce que le doublage en italien de ces deux acteurs est parfois en léger décalage.

    Le film n’a eu aucun succès à sa sortie et a dû être retiré des écrans après des poursuites judiciaires. Mais quelques années plus tard, grâce à la version télévisée, il devint un film culte qui a marqué, comme le signale d'ailleurs Roberto Saviano dans Gomorra, les esprits et le langage des voyous de la Campanie qui ne se sont pas aperçu que le film mettait avant tout en scène une conception plus que misérable de l’existence.    

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    Même si Il camorrista n’est pas un film qui n’a pas la qualité des films de Damiani ou que Gomorra sur le plan artistique,  il en reste néanmoins intéressant pour tous ceux qui s’intéresse à l’aspect sordide de ce que sont les mafias.

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    C’est le remake direct de High Sierra, film tourné en 1941 et qui permit à Humphrey Bogart de devenir la grande vedette que l’on sait. Le scénario est de Willam R. Burnett qui est un des maîtres du roman noir. High Sierra, le roman, a donné naissance à trois films. Le premier en 1941, tourné par Raoul Walch, le second date de 1949 et toujours signé par Walsh il devient une sorte de Western avec Joel McCrea et Virginia Mayo.

    C’est l’histoire d’un bandit vieillissant, au grand cœur, Roy Earle, qui sort de prison grâce à Big Mac. Jack Palance est Roy Earle. Pour remercier celui-ci il s’engage à faire un dernier casse qui doit le mettre à l’abri. Bien sûr le destin se met en travers de sa route. C’est d’abord cette jeune fille au pied bot dont il va tomber amoureux, mais c’est ensuite le chien au mauvais œil qui ne le lâche pas d’une semelle. En outre, il fait équipe avec deux gangsters à la mie de pain, incarnés ici par Lee Marvin et Earl Holliman. Bien sûr le hold-up réussira, mais les complications vont apparaître insurmontables. Roy va avoir beaucoup de mal à récupérer sa part. Il sera blessé par le flic véreux qui veut mettre la main sur les bijoux. Dès lors Earle est un homme traqué qui ne peut que mourir. 

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    Le film de Stuart Heisler, qui avait déjà réalisé La clé de verre d’après Dashiell Hammett, est excellent. C’est probablement son meilleur. Très souvent on l’oppose au film de Walsh. A tort selon moi. Si le film de Walsh vaut principalement pour l’interprétation de Bogart d’Ida Lupino, le film d’Heisler me semble plus subtil. En effet, il insiste bien d’avantage sur la cruauté de la jeune Velma qui préférera faire sa vie avec un garçon inconsistant, que de suivre Roy. De même le fait d’avoir choisi Shelley Winters pour incarner Marie permet de mieux suivre les transformations de Roy. Celui-ci est au début plutôt rebuté par Marie, la trouvant geignarde et sans guère d’attrait, mais ensuite il la comprend comme un double de lui-même. Du reste elle sera d’une fidélité exemplaire.

    Egalement le personnage qui explique à Roy que le chien a le mauvais œil est un mexicain, bien moins caricatural que le noir qui roulait des yeux fous dans le film de Walsh. Si le film de Walsh est très bon, celui d’Heisler l’est tout autant.

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    Mais il y a un autre intérêt au film d’Heisler, c’est qu’il est tourné en couleurs et en cinémascope. Que ce soit Los Angeles ou la Sierra, les paysages prennent une dimension qu’ils n’avaient pas dans les deux films de Walsh, mais aussi cela donne une dimension plus luxueuse à l’hôtel qui va être le cadre du hold-up. Quand Walsh multiplie les plans rapprochés, Heisler au contraire use de plans larges et tout en profondeur de champ. 

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    Au final c’est un très bon film noir – en couleurs ! Jack Palance est remarquable de sobriété. Et si Shelley Winters en fait comme à son habitude des tonnes, tous les seconds rôles, de Lee Marvin à Lori Nelson, sont remarquables. Le spectateur est tout à fait du côté de Roy Earle, et d’ailleurs la façon dont il est exécuté par la police apparaît comme scandaleuse : une balle dans le dos, alors qu’il accourt vers son chien. On ne peut mieux résumer le combat de l’homme seul contre l’ordre et la société. C’est bien sûr un des codes du film noir que de montrer que les apparences sont trompeuses et donc que parfois un gangster représente plus de force morale qu’un vulgaire bourgeois attaché à son pognon. Quant à la jeune fille qui faisait mine d’aimer regarder les étoiles, elle se révèle, une fois débarrassée de son handicap, opportuniste et vulgaire, manquant complètement de dignité. 

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