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    Gun Crazy est considéré à juste titre comme un des meilleurs films noirs. Film à tout petit budget, avec des acteurs de seconde catégorie, il est devenu au fil des années une référence incontournable.

    C’est un film curieux, à la fois errance désespérée d’un couple, méditation sur la solitude et l’amour, la complexité de ses références en fait un objet rare. C’est un film de la marginalité dans une Amérique en voie de normalisation.

    Bart est un enfant passionné par les armes. C’est un garçon gentil qui craint de faire du mal et qui se trouve bouleversé lorsqu’il tue un poussin. Il n’aime pas tuer.  

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    Le film s’ouvre sur le vol d’un révolver après un bris de vitrine dans une petite ville sans histoire. Il pleut, c’est la nuit, mais le shérif qui le connait très arrête Bart. Le juge qui n’est pas particulièrement mauvais décide de le placer dans une maison de correction histoire de lui faire passer son goût pour les armes. Devenu adulte il s’engage dans l’armée où il devient moniteur de tir. Mais cette vie ne lui convient pas et il revient dans sa ville natale. Il y retrouve ses amis d’enfance qui sont tous deux devenus des hommes respectables et rangés : l’un est devenu shérif.

    Un soir qu’ils déambulent tranquillement dans une kermesse itinérante, Bart croise Laurie. Celle-ci est une championne de tir au pistolet. Cette passion des armes va les rapprocher. Après s’être débarrassé du patron qui les emploie, Bart et Laurie décident de se marier. C’est aussi simple qu’un coup de foudre ! Ils vont vivre ensemble une vraie passion amoureuse, mais très vite ils manquent d’argent et une vie rangée ne convient guère à Laurie. La scène la plus significative en ce sens est le regard que Laurie porte sur la sœur de Bart qui doit s’occuper de ses trois enfants pendant que son mari est à San Francisco. Celle-ci va les entraîner à commettre des attaques à main armée. Bart n’aime pas trop cela, mais il ne veut pas perdre Laurie et finalement il se lance avec elle dans une randonnée sanglante. 

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    Si le reste du film est prévisible, l’important réside dans le traitement. Film rapide et percutant, c’est à travers cette course effrénée que les deux amants vivent leur passion amoureuse. Du reste quand ils ont terminé leur dernier gros coup, ils n’arrivent pas à se séparer, alors que précisément la prudence leur conseillerait de s’éloigner l’un de l’autre pendant quelques mois. Traqués, ils mourront ensemble.

    C’est donc un film sur la transgression : à quoi bon vivre si c’est pour ne pas connaître des sensations fortes, même si cela les mène au bord du précipice. N’étant pas fait pour assouvir le rêve américain, ils ne vivent que pour leur passion amoureuse et les coups qu’ils montent ensemble. C’est cette complicité dans la course à l’abîme qui est le cœur du film. Certes ils ont tous les deux été blessés par la vie, mais cela n’explique pas tout et certainement pas les pulsions sexuelles qui les animent tous les deux. 

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    Sur le plan formel, le film est un vrai chef d’œuvre, l’alternance de plans rapprochés et de longs travellings, le jeu des acteurs ont été remarqué. Toutes les ficelles du film noir sont utilisées : que ce soit les flash-backs, les poursuites en voiture ou le hold-up très travaillé. Outre le rythme soutenu, cela renforce la passion amoureuse de deux êtres en train de se perdre. Ce n’est peut-être pas le meilleur film de Joseph H. Lewis, on peut lui préférer The big combo. Mais c’est un film qu’on peut voir et revoir sans se lasser. Il y a une force poétique qui empêche le film de sombrer dans le lieu commun. Si Laurie entraîne effectivement Bart sur la pente fatale, elle n’en aime pas moins Bart. Ce dernier est tout à fait conscient des risques qu’il prend, il sait que tout cela finira mal, mais il l’assume pour l’amour de Laurie. Les scènes où on voit Bart prendre Laurie dans ses bras pour la rassurer, la consoler sont parfaitement maîtrisées. Peggy Cummins qui n’a pas un physique affriolant joue à la fois de la froide détermination qui l’anime et de sa faiblesse toute féminine. John Dall est un innocent absorbé par la fatalité de sa propre trajectoire. Joseph H. Lewis joue du contraste entre les deux amants : l’un grand, la lèvre épaisse, l’air sain, l’autre frêle la bouche mince qui a besoin de protection. Aucun de ces deux acteurs qui semblaient s’entendre parfaitement dans ce film ne retrouveront des rôles à la hauteur de leur talent, mais aussi ils ne seront plus jamais dirigés par Joseph H. Lewis. 

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    C’est un film noir bien curieux puisqu’en effet, s’il y a un crime et de la passion, le principal du propos c’est l’ennui et la pauvreté du mode de vie américain. Kathy Ferguson est une journaliste un rien vieillissante qui connait beaucoup de succès dans son métier. Elle tient une rubrique pour les cœurs brisés et autres âmes en détresse. Presque par hasard, elle va rencontrer un policier de Los Angeles, Bill Doyle dont elle va tomber amoureuse. Lui aussi a déjà pas mal roulé sa bosse. Kathy a le choix entre le mariage avec Doyle et une promotion à New-York. Dans le premier cas elle aura une vie tranquille et sans relief, dans le second elle continuera à coruir après les mirages de la gloire. Pensant pouvoir se consacrer à son mari et vivre auprès de lui la même médiocrité, elle choisit le mariage. Mais rapidement elle ne supporte plus ni son mari, ni les amis de son mari et encore moins leurs femmes. Désoeuvrée, elle imagine assuré la promotion rapide de son mari en intrigant auprès du suépréieur de celui-ci, Tony Pope. Mais les choses tourneront mal, Pope décidant finalement de ne pas appuyer Doyle et de démissionner de la police Kathy le tuera. Après une rapide enquête, c’est son propre mari qui l’arrétera et la livrera à la police.

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    Le scénario est dû à Jo Eisinger qui avait déjà travaillé sur de nombreux films noirs, notamment Gilda et Les forbans de la nuit. Il comporte en réalité de nombreux petits détails sur la médiocrité de Doyle et de la vie qu’il propose à Kathy. Mais Kathy apparaît elle-même très naïve quand elle fait semblant de croire qu’elle pourra s’adapter à la vie de Doyle, en réalité, elle quitte le journalisme parce qu’elle sait que ce qu’elle y fait ne vaut pas un clou. Elle se voudrait manipulatrice, dominant les hommes en vue de leur imposer ses vues, mais elle n’arrive à rien et même son crime est particulièrement raté.

    C’est un film sur la médiocrité et le mensonge. D’ailleurs Kathy trahit aussi bien la femme que Doyle est venu arrêter, que son mari dont elle commence à s’ennuyer. Elle s’invente une fausse complicité avec Pope qui au finale est bien conventionnel et retourne vers sa femme sans même transgresser les conventions de la promotion des postes dans la police. Il peut y avoir de la noblesse dans certaines vies ordinaires, mais ici ce n’est pas le cas. Ce ne sont que petitesses et sournoiseries.

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    Le sujet est intéressant et le film nous donne quelques beaux moments de mise en scène, comme la rencontre de la journaliste avec les deux flics de Los Angeles qui la dominent de toute leur taille, ou encore la confrontation entre les deux policiers qui se sont battus. La prise en compte du cadre urbain, que ce soit celui de San Francisco ou celui de Los Angeles est tout à fait bienvenue.

    Les acteurs sont impeccables, à commencer par Barbara Stanwyck en femme aigrie et vieillissante qui boîte légèrement. Sterling Hayden est égal à lui-même, hiératique comme absent de son grand corps  qu’il arrive si difficilement à habiller. Et il y a aussi Raymond Burr en ténébreux sournois et truqueur.

    Tout cela suffit pour en faire un film noir intéressant, mais il manque quelque chose pour en faire un très grand film. Probablement cela est dû au déséquilibre entre la description de la trajectoire de Kathy et l’aspect criminel de l’histoire. L’enquête est trop précipitée, Kathy et Doyle n’ont pas d’états d’âme dans la poursuite de leur destin.

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    Johnny Eager est un ancien détenu qui, pour se réhabiliter devient chauffeur de taxi. Mais en réalité ce nouvel emploi n’est qu’un leurre, Johnny Eager est resté le chef d’un gang puissant qui rackette la ville. C’est un dur, un vrai, il ne craint rien ni personne, et n’hésite pas à se débarrasser de ceux qui l’encombrent, ses ennemis en les faisant disparaître, ses femmes en les envoyant au loin. Mais lors d’un contrôle de sa situation, il rencontre une jeune étudiante qui étudie le crime du point de vue de la sociologie. Malgré lui, Johnny va tomber amoureux  de Lisbeth qui  n’est autre que la fille du procureur qui a envoyé Johnny en prison et qui rêve encore de l’éliminer. Dès lors le drame peut se nouer : Johnny hésite entre son amour et la possibilité de l’utiliser contre son père.

    L’affaire tournera mal et Johnny mourra après avoir renvoyée la jeune Lisbeth ver son ancien fiancé.

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    Annonçons la couleur tout de suite Johnny Eager n’est pas un chef d’œuvre, mais c’est un très bon film noir qui possède de nombreuses qualités. Assez curieusement Robert Taylor qui tourna à de nombreuses reprises avec Mervyn LeRoy est plutôt bon. Il n’a pas cet air compensé qu’il trimballe souvent, au contraire il montre une plasticité étonnante, passant du chauffeur de taxi plutôt rangé et obséquieux au truand dur et intraitable. Si Lana Turner est ici assez quelconque, elle ne deviendra elle-même que bien plus tard, avec Le facteur spnne toujours deux fois, par contre Van Heflin est déjà extrêmement présent. Il faudrait consacrer de nombreuses lignes à sa place éminente dans le panthéon des acteurs de films noirs. Il joue l’ami alcoolique de Johnny, celui qui envers et contre tout espère qu’un jour il sera guéri. En général il joue les pervers, les hommes forts ou les salauds, mais plus rarement les intellectuels fragiles. Sa gestuelle est étonnante, l’épaule tombante, la démarche hésitante, un sourire ironique et désabusé au bord des lèvres.

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    Mais ce film ne serait pas un film noir sans les oppositions fortes et nuancées des caractères. Tous les personnages principaux sont ambigus, Johnny bien sûr, même si on apprend qu’il a des excuses ayant été mal traité par la vie. Mais également Lisbeth qui est irrésistiblement attirée par la canaille et qui vise par-là à s’opposer à son père, le procureur. L’opposition des caractères entre le flamboyant Robert Taylor et l’insipide et riche fiancé de Lisbeth est un régal. Mais le procureur qui s’affiche volontiers comme incorruptible et qui poursuit d’une haine aussi implacable qu’extravagante Johnny, va sombrer dans la corruption, cédant au chantage pour autoriser Johnny à se lancer dans les courses de lévriers. Johnny est également menteur, cynique, manipulateur, mais il aspire aussi à autre chose.  

    Il ne faut pas croire qu’il s’agit d’un film psychologique. C’est un film d’action mais c’est l’action qui révèle les personnages. On assiste aux démêlées de Johnny avec les gangs rivaux et avec les hommes politiques corrompus, dans la grande tradition américaine, celle de La clé de verre par exemple. Il y a également des scènes étranges comme la plongée dans la folie de Lisbeth lorsqu’elle s’aperçoit qu’elle a été manipulée par Johnny, ou encore l’accablement du père de Lisbeth, affalé dans le fauteuil, admettant finalement sa défaite face à Johnny.

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     Sur le plan technique, c’est du noir haut de gamme, ça n’est pas de la série B, les décors, les éclairages sont soignés. La photographie d’Harold Rosson donne non seulement de la profondeur, de l’espace, mais elle renforce la noirceur du propos et confirma la nouvelle esthétique qui va donner sa marque au film noir. Les scènes de rue la nuit sont remarquables, elles donnent un relief inattendu à un film qui par ailleurs manque de scènes d’action pour un film qui conte aussi une lutte féroce entre des gangs rivaux.

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    Ce petit film de série B a une excellente réputation et c’est justifié. Film très original, il est réalisé vers la fin des années cinquante, alors que le cycle du film noir est achevé. Il a donc un statut intermédiaire entre les films noirs et ce qu’on appellera le néo-noir qui évoluera vers une esthétique plus moderne et s’ouvrira ensuite à la couleur.

     Un cambrioleur, Nat, un rien neurasthénique réalise un casse avec son équipe, deux demi-sel apeurés et la jolie Gladden. Tout se passe assez bien, il récupère un collier de grande valeur, si ce n’est que des flics se pointent et perturbe notre casseur. C’est bien de là que va venir tout le malheur, car un des deux flics est un rien véreux et se met dans la tête de récupérer le riche collier. Evidemment ça finira mal, mais en fait on s'y attend car notre héros, à vrai dire bien négatif, n’a pas tellement le goût de vivre. 

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    L’histoire est tirée d’un roman de David Goodis, Le casse, et c’est ce même Goodis qui en a assuré l’adaptation pour être sûr de ne pas se trahir. C’est au fond un film noir psychanalytique. Nat se frustre d’à peu près tout. Il ne boit d’ailleurs pas contrairement à David Goodis lui-même, il est un vrai professionnel. Se sentant responsable de la belle Gadden, il refuse de la sauter alors qu’elle ne demande que ça. Il se punit parce qu’il a donné sa parole au père de Gadden de toujours la protéger. Mais il est négatif pas seulement de ce côté-là. En effet, il ne sait pas trop ce qu’il doit faire du collier. Ses partenaires le pressent pourtant, mais lui, au prétexte qu’il faut attendre que tout se calme, refuse de s’en séparer. Et puis pourquoi fait-il semblant de tomber amoureux de Della, alors que manifestement celle-ci n’est là que pour le mener à sa perte. Il aura du reste la même attitude suicidaire face à Charlie le flic véreux. Il ne se défend presque pas, lui donne le collier, attend la mort.  

    Le scénario est donc, dans ses intentions, déjà très intéressant. Mais le film recèle bien d’autres qualités. D’abord la manière lente et non spectaculaire de filmer de Paul Wendkos. Il utilise les changements de rythme les différences de point de vue, alterne les gros plans et les plans en profondeur. L’écran large l’éloigne encore un peu plus de la technique traditionnelle du film noir. Par ses innovations formelles il annonce Blast of silence. Paul Wendkos est très peu connu, il fut d’ailleurs très certainement découragé du mauvais accueil fait à son film et devint un réalisateur de séries télévisées. Qui est le cambrioleur, Nat, ou son père adoptif qui lui a appris le métier ? 

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    Parmi les autres atouts de ce film mélancolique, il y a bien sûr les acteurs, avec une mention spéciale pour Dan Durya. C’était un habitué des films noirs, mais il n’avait presque jamais eu le beau rôle. Son visage tourmenté le cantonnait aux rôles de salaud. Ici il est plutôt du côté des bandits d’honneur, il cambriole sans arme et en outre respecte la parole donnée. On a souvent souligné la bonne prestation de Jan Mansfield, disant qu’elle montrait dans ce film justement des qualités d’actrice, qu’elle n’était pas seulement un corps. Elle est très bien, mais Martha Vickers est aussi très impressionnante. A la fois perverse et amoureuse, elle n’osera jamais tirer sur Nat, et d’un certain point de vue à la fin du film elle lavera son honneur. Finalement c’est peut-être elle qui est tombée dans son propre piège en devenant amoureuse de Nat alors que lui s’en moque éperdument. 

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    Il y a des idées à tout moment. Par exemple la présentation du film est vue à travers les actualités de l’époque, dominée par la guerre froide, mais c’est en contrepoint qu’on remarque une vieille femme, très riche qui fait étalage de ses biens mais qui aussi se donne bonne conscience en faisant la charité : c’est elle qui va être l’objet du cambriolage. Dans ce concubinage des images il y a une évidente critique de l’Amérique. Les disputes entre Gladden et les deux comparses mettent curieusement en scène la neurasthénie de Nat, on s’attend à ce qu’il intervienne, mais non, il pense à sa triste vie et laisse ses acolytes se battre. Ou encore, il y a la scène finale dans la maison des horreurs où un mannequin signale que les morts parlent aux vivants. 

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    Bref The burglar est, sans être un chef-d’œuvre, un film noir inspiré, et certainement une des meilleures adaptations de Goodis dans la mesure où elle en respecte tout à fait l’esprit. Par charité, on ne parlera pas de l’autre adaptation de ce roman par Henri Verneuil en 1971, Le casse, avec Jean-Paul Belmondo, adaptation qui transforme un roman noir en un film touristique sur les collines d’Athènes. 

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    Un homme de la mafia a été tué. On retrouve son cadavre dans le désert, mais tout de suite les enquêteurs vont s’intéresser à une mystérieuse femme qui se fait passer pour une très riche héritière d’un magnat du pétrole. Le mystère va être peu à peu levé lorsqu’elle vient se réfugier chez ses vieux parents où le père l’accueille plutôt avec froideur. A partir de là on va avoir droit à un long flash-back qui explique son parcours. A l’origine il y a un drame intime évidemment. Ethel est mariée à un ouvrier qui gagne tant bien que mal la vie de sa famille. Ils ont un petit garçon qui rêve d’avoir une bicyclette. Ethel l’achète à crédit ce qui va provoquer une dispute avec son mari, mais ce qui va être aussi à l’origine d’un drame puisque l’enfant se fait écrasé par un camion qu’il n’avait pas vu. Dès lors Ethel prend la décision de quitter son mari et de changer de vie. A partir de ce moment elle va se débrouiller pour obtenir ce qu’elle désire. Elle a une brève idylle avec un comptable, mais elle ne le trouve pas assez ambitieux. Progressant dans la société, elle va devenir l’amante d’un chef mafieux. Celui-ci semble très épris, mais il n’hésite pas pour autant à l’envoyer séduire un rival. On ne sait pas trop si elle tombe amoureuse de lui, en tous les cas elle hésitera à le faire tuer. 

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    Ce n’est pas un très grand film noir, mais il recèle des aspects intéressants. D’abord évidemment l’icône du film noir, Joan Crawford, toujours égale à elle-même, avec un abattage énorme, elle incarne parfaitement cette femme du peuple qui cherche par tous les moyens à échapper à sa condition. Ensuite il y a cette description minutieuse de l’ascension sans gloire d’Ethel dans l’ombre de la mafia des jeux. Mais il y a aussi une réflexion paradoxale sur le paraître : il est amusant de voir ce chef de gang sorti des bas-fonds faire une leçon de maintien à Ethel. Tout comme le trouble qu’elle ressent en faveur du vulgaire voyou incarné par Steve Cochran qui semble la renvoyer à ses origines plébéiennes. L’évolution du personnage du comptable, incarné par Kent Smith, est remarquable. Gentil petit comptable honnête, il n’hésite pas à exercer un chantage déprimant sur Ethel avec beaucoup de cynisme, contaminé qu’il est par le milieu qu’il a rejoint.

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    Reste évidemment des défauts importants. Le raide David Brian qui retrouve Joan Crawford pour la troisième fois, n’a pas le charisme qu’on pourrait attendre d’un chef de gang intelligent. C’est plutôt une question de physique. Et puis il y a cette fin moralisatrice où on voit le triste comptable sauver Ethel en puisant un courage qu’il n’avait guère manifesté jusqu’alors.

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