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Le cinéaste Kim Ki-duk est décédé
Cela est un peu passé inaperçu, mais le 20 décembre dernier, Kim KI-duk, cinéaste sud-coréen, est décédé du COVID. Il n’avait pas soixante ans. C’est un immense talent qui disparaît, comparable à aucun autre cinéaste, en même temps typiquement coréen, il était la preuve de la vitalité du cinéma asiatique face au désert des cinématographies occidentales. Il avait un art consommé pour faire ressentir le rythme de la vie et de la nature. Il avait une grande subtilité pour jouer des silences, rejoignant par là le meilleur du cinéma japonais. La beauté formelle de ses films n’était pas pour autant un simple enjeu esthétique, elle était généralement en adéquation avec le propos. Kim Ki-duk était remarquable et unique dans le jeu des couleurs, sans doute ce regard était il aussi la conséquence de son travail de peintre qu’il avait exercé un moment. Si ses films étaient en apparence calmes et silencieux, ils dégageaient tout de même une forme de violence singulière.
Auteur d’un peu plus de vingt films, il était totalement autodidacte, issu d’une famille pauvre, il s’était engagé dans la marine, puis avait vécu un moment à Paris. Ses films les plus aboutis me semblent être, L'île, Printemps, été, automne, hiver et … printemps et bien sûr Les locataires. Il pouvait parfois sombrer dans une forme de maniérisme moins intéressant. Kim Ki-duk avait aussi beaucoup d’humour et connaissait le prix de la dérision.
L’île, 2000
L’île est un film curieux qui conte l’histoire de Hee-jin, une jeune femme qui loue des baraques sur l’eau, qui s’en occupe et qui se livre aussi à la prostitution. Elle va connaître cependant une histoire d’amour avec un jeune délinquant aux tendances suicidaires. Tout va se passer en silence et dériver vers des pratiques sexuelles mortifères et sans avenir.
Printemps, été, automne, hiver… et printemps, 2003
Les relations de maître à élève sont contées dans la succession des saisons et une forme d’éternel retour. L’élève s’éloignera du maître, reviendra et deviendra maître à son tour en formant un jeune disciple. Cette quête spirituelle est opposée aux dérives sexuelles et criminelles qui émaillent l’enchaînement des différentes histoires.
Les locataires, 2004
C’est je crois le succès le plus important de Kim Ki-duk. Il raconte la dérive d’un faux livreur de pizzas qui repère des maisons inoccupées pour les habiter, sans toutefois leur causer de dommages. Mais un jour il va rencontrer une jeune femme qui se trouve dans la maison et qui va devenir sa complice. Elle est mariée et peu heureuse. Le film tournera au fantastique lorsqu’après être sorti de prison le jeune homme reviendra habité dans la maison de cette jeune femme, mais elle sera la seule à pouvoir le voir.
Tags : Kim Ki-duk, hommage
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Commentaires
En complément de cette nécrologie, j'ai mis en ligne la filmographie de KIM Ki-duk (avec liens de téléchargement des films) : https://chineenquestion.wordpress.com/2021/03/01/filmographie-kim-ki-duk/