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    Un des meilleurs films de José Giovanni. C’est l’adaptation française d’un roman américain de Joseph Harrington qui porte le même titre. Curieusement, la transposition dans la banlieue parisienne permet de respecter assez bien le roman, dans sa trame comme dans son esprit. C’est l’histoire d’un flic, Marceau, décoré et efficace qui se voit eloigné de l’action parce qu’un jour il a arrêté un peu brutalement le fils d’un avocat célèbre. Relégué dans un petit commissariat de banlieue, il s’étiole, ne sze sent plus guère utile. Mais le hasard faisant bien les choses, en même temps qu’il reçoit la charge de former une nouvelle recrue, Jeanne, une jeune fille frèle et un brin idéaliste, il va être chargé de rechercher un témoin. Mais ce qui paraît être une action de pure routine va se révéler non seulement décisif pour faire condamner un grand chef du crime organisé, mais encore dangereux, car les amis du chef de bande sont aussi à sa recherche pour l’éliminer. Avec obstination et couarge, ils vont réussir, et le gangster sera condamné. Cependant ce n’est pas un happy end car le témoin sera assassiné sous les yeux de sa fille.

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    C’est un film un peu en marge de l’univers de Giovanni, il n’a pas la dsimension habituelle de la tragédie, ili développe une sorte d’errance dans un Paris en pleine transformation, avec ses tours HLM qui poussent comme des champignons dans la banlieue. Marceau n’est pas un héros, et encore moins Jeanne, mais ils font leur boulot du mieux qu’ils peuvent avec un peu d’humanité aussi. C’est une dérive entre les grands ensembles et les rues sombres de la capitale, et par suite un défilé de portraits plus ou moins drôles et insolites.

    La mise en scène se concentre sur l’enquête, avec un côté un peu documentaire qui ne nous épargne rien de la lassitude de nos deux policiers et des difficultés qu’il y a à trouver un homme qui se cache parmi des millions de parisiens et de banlieusards.

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    Si le film fut un des plus grands succès de José Giovanni, c’est aussi parce que la réalisation est très solide et que les scènes de violence sont bien balancées avec les scènes pàlus routinières de l’enquête. Et puis la distribution est très bonne. Lino Ventura, déjà habitué de l’univers de José Giovanni, est ici accompagné de Marlène Jobert qui venait de connaître un véritable triomphe dans Le passager de la pluie de René Clément. Certains ont critiqué ce choix, arguant qu’elle était bien trop frèle. Mais elle n’était pas plus forte physiquement dans Le passager de la pluie où elle abattait de sang-froid son violeur. En vérité elle compense toujours son physique pa        r une obstination têtue convaincante.

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    A côté de ces deux vedettes, on retrouve des acteurs habitués de l’univers de José Giovanni, Michel Constantin, qui joue un assassin aux oreilles décollées, Philippe March, Stan Krol qui jouait Naudy dans Classes tous risques, ou encore Paul Crauchet et Alain Mottet.

    A l'heure où on se gargarise volontiers des bouffonneries de Michel Audiard, il est peut-être temps de redécouvrir un cinéma  populaire de grande qualité.

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    The suspect confirme que Siodmak n’est pas un grand réalisateur. C’est en effet un excellent technicien, mais pour faire des bons films, il faut non seulement de bons acteurs, un bon réalisateur et un bon scénario. Criss cross et The killers qui sont des chef-d’œuvres du film noir, sont des exceptions dans la carrière de Siodmak. Qu’avons-nous ici ? De très bons acteurs, Charles Laughton, Ella Raines ou encore Rosalind Ivan. Siodmak qui filme évidemment très bien et qui connaît sa grammaire des ombres sur le bout des doigts. Mais il y manque un scénario.

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    L’idée de départ est pourtant bonne : un homme d’âge mûr, bon et patient, en a assez de supporter son épouse, une mégère irritante et méchante. Ayant rencontré une jeune femme très charmante, il en tombe amoureux et ses sentiments sont partagés. Pourtant il serait prêt çà renoncer si son épouse ne se montrait pas désireuse de se venger de la jeune femme. Il va donc la tuer, camouflant ce meurtre en un accident domestique, une chute dans l’escalier. Dès lors il peut se remarier et vivre enfin sa vie. Seulement voilà un inspecteur de Scotland Yard va chercher à la piéger, et il y arrivera. Cette trame en vaut une autre, elle critique de manière violente les conventions du mariage. Mais ce sont les invraisemblances qui plombent l’histoire : il y a trop de coïncidences faciles pour arriver à faire tenir le scénario débout. A commencer par le fait que le malin inspecteur soupçonne trop facilement notre héros d’avoir aussi tué son voisin qui le faisait chanter à l’instigation de l’inspecteur. De même l’image de Londres, envahie d’une brume malsaine, ressort d’une ima    gerie simpliste, sans parler des décors de carton-pâte.

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    En réalité le défaut rédhibitoire du film est qu’il tire à hue et à dia. C’est d’un côté une critique acerbe du mariage, notamment avec l’image de la triste de vie de la voisine, mais en même temps, notre héros va s’y retrouver avec félicité lors de son second mariage. C’est d’un côté le portrait d’un assassin d’occasion qui ne ferait pas de mal à une mouche, mais c’est aussi l’enquête d’un subtil inspecteur de Scotland Yard. La fin est vraiment très convenue et pesante.

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    Mais on ne s’ennuie pas à la vision de ce film. D’abord parce que Charles Laughton est excellent, ensuite parce que la manière de filmer est superbe. Les plans qui montrent Philip Marshall coincé et apeuré dans le noir, la filature de son époux que Cora entame, tout cela révèle un métier très sûr.

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    Ella Raine sur le tournage de The suspect entourée d’une partie de l’équipe

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    Considéré comme le vrai premier film de Claude Sautet, c’est aussi un des films les plus typiquement « giovannien ». Après le succès du Trou, le livre, mais aussi le film de Jacques Becker, José Giovanni va se lancer dans l’écriture de romans pour la Série noire. Il écrit quatre romans en 1958, Le deuxième souffle, Classe tous risques, L’excommunié et Histoire de fou. Cet ensemble forme un tout, fait d’histoires de truands inspiré des destinées tragiques de grands bandits qui ont existé. Ces romans sont de grand succès. Ils mêlent habilement des éléments de la réalité du monde des voyous à un art consommé de la tragédie. Les noms des héros sont à peine démarqués : dans Le deuxième souffle Gustave Méla devient sous la plume de José Giovanni Gustave Menda, LaRocca, le héros de L’excommunié garde son nom, mais son aventure est transformée et réinterprétée. En effet, LaRocca était un pâle chef de bande marseillais qui semait d’abord la terreur dans son quartier dans l’entre-deux-guerres. Quant à Abel Danos, figure singulière du banditisme de l’Occupation, qui fut condamné à mort pour ses participations à la Carlingue de la rue Lauriston, il en fait Abel Davos et gomme tout son trouble passé lié à la collaboration. Raymond Naudy devient Raymond Naldi. Raymond Naudy était du reste membre des réseaux de Résistance.

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    On comprend donc que ce n’est pas la vérité historique qui intéresse Giovanni. L’unité thématique des premiers ouvrages de Giovanni se trouve d’abord dans la descente aux enfers de voyous qui ont été importants et qui peu à peu deviennent moins que rien. Ces hommes seuls qui avaient l’habitude d’être des références dans leur domaine, sont dévalorisés, déphasés, trahis par le milieu. Au passage c’est une démythification des codes du milieu. Certes, ils trouveront parfois ici et là des soutiens ponctuels, mais c’est pour mieux faire ressortir combien ils sont seuls. Ils sont morts, mais le savent pas encore.

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    Classe tous risques est l’histoire d’un gangster, condamné à mort par contumace et qui a fui en Italie avec sa femme, ses enfants et son ami. Pris à la gorge par des problèmes d’argent, ils attaquent un encaisseur en pleine rue, à Milan. La police les traque. Ils décident de repasser en France, mais, en arrivant par Bateau à Menton, ils sont accueillis par les gendarmes. Une fusillade s’ensuit. Naldi et la femme d’Abel sont tués. Abel va essayer de rejoindre Paris avec ses enfants. Il demande de l’aide à ses amis parisiens. Ceux-ci, des truands embourgeoisés, rechignent à l’aider, mais ils envoient à leur place Eric Stark. Ce dernier, au volant d’une fausse ambulance va le chercher. Une amitié va naître entre les deux hommes. Abel va placer ses enfants chez ses beaux parents, et va poursuivre tout seul sa longue cavale, de coups minables en réglements de comptes, il finira par être arrêté et condamné à mort.

    Le film n’a pas eu de succès à sa sortie en 1960, mais il est depuis devenu un classique du genre. Ce n’est pas un simple film policier, c’est un film noir, splendidement mis en scène par Sautet. Le début s’ouvre sur la gare de Milan et continue sur l’attaque de l’encaisseur en pleine rue. C’est filmé d’une manière très réaliste, le budget étant étroit, l’utilisation de décors réels est plus que nécessaire, mais en même temps c’est ce qui donne de la vérité à l’ensemble. On retrouve ensuite cette manière d’utiliser le décor urbain à l’aide de plans larges et profonds lorsqu’Abel est de nouveau à Paris et qu’il arpente les grands boulevards.

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    Comme je l’ai dit plus haut, c’est un film typiquement giovannien, non seulement à cause de cette histoire d’amitié virile qui se maintient au-delà de toute question entre Stark et Abel, mais aussi dans l’attention qui est donnée aux enfants. Ce sont à la fois des boulets qui empêchent Davos d’agir comme il le voudrait, mais qui en même temps lui donnent l’occasion d’être un peu meilleur, un peu au-dessus du commun des tueurs.

    Les scènes de bravoure cinématographique abondent, que ce soit dans le bar de Riton, ou dans le regard mélancolique que Davos porte sur ses enfants, sachant qu’il ne les reverra pas, ou encore la manière dont Abel dépouille le receleur, révélant une ambiguité de caractère qui laisse perplexe, car ce film est bien au-delà d’une glorification ou d’une condamnation du voyou : la figure négative du héros portée par Abel est le révélateur du sens du tragique de l’existence humaine.

    Le casting est également tout à fait giovannien. C’est d’abord Lino Ventura qui porte liottéralement le film sur ses épaules, et dfont c’est aussi le premier vrai grand rôle dramatique. Belmondo est également très bon, pour une fois, assez sobre. Il retrouvera Giovanni sur le tournage d’Un nomma La Rocca l’année suivante, mis en image assez platement par Jean Becker. Mais encore, on trouve Michel Ardan dans le rôle de Riton, Michel Ardan qui par la suite produira Les grandes gueules avec Lino Ventura et Bourvil, toujours d’après un roman de José Giovanni. Si Sandra Milo est assez quelconque, Dalio est très bon dans le rôle du receleur, et surtout il y a Philippe March dans le rôle de Jeannot qui reviendra dans deux autres films de Giovanni, Dernier domicile connu et Où est passé Tom ?

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    Claude Sautet avait connu Lino Ventura sur Le fauve est lâché, film sans trop d’intérêt, mais scénarisé par Frédéric Dard et Claude Sautet. Et c’est Ventura qui l’imposera lorsqu’il décidera de soutenir le projet d’adapter le livre de José Giovanni. Sur le scénario, Sautet et Giovanni travaillent ensemble, et ils retravailleront encore ensemble lorsqu’il s’agira d’adapter Mon ami le traître, ouvrage très ambigu de José Giovanni sur la période de l’Occupation. Si Sautet est plutôt associé à la peinture des mœurs de la classe moyenne dans les années soixante- dix, il a porté tout de même un intérêt important au film noir. En dehors de Classe tous risques, il a tout de même réalisé Max et les ferrailleurs, et puis il a écrit un certain nombre de scénarios pour le film noir : Le fauve est lâché, Mise à sac, Symphonie pour un massacre sur lequel il travaillera avec José Giovanni (celui-ci faisant aussi un peu l’acteur), et quelques autres.

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     Les vrais Abel Danos et Raymond Naudy

     

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    Marty et son ami Tom commettent des hold-ups, affublés de masques de chat. Ils aiment la vie facile et l’argent qui va avec. Mais au cours d’un dernier hold-up, ils ont été balancés. Tom meurt dans les bras de son ami, et un des policiers qui voulait abattre de sang-froid Marty est tué par lui. Marty est blessé et capturé, cloué sur son lit d’hôpital, il avoue le meurtre du policier et la série de hold-ups. Mais l’affaire se complique quand un avocat véreux, vient essayer de lui faire endosser un meurtre qu’il n’a pas commis. Pour protéger Tina, sa fiancée, Marty va s’évader et trouver les bijoux et la femme qui est la complice de Legget. Il la livre à la police et se rend. Il sait qu’il va être condamné à mort.

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    C’est tout simplement un remake de La proie, Cry of the city, film de Robert Siodmak, adapté d’un roman de Henry Edward Helseth, Un aller simple, publié en Série noire. Si le film de Siodmak est considéré aujourd’hui comme une référence du film noir, celui de José Giovanni est en voie d’oubli. Il est même impossible de le trouver en DVD et en français. Je possède deux versions de ce film, l’une en français en K7 avec une image pourrie, et une autre en numérique mais en italien. Il est a noté que la version italienne comporte des scènes qui n’existent pas dans la version française et qui sont relatives à Teena. Pourtant c’est un très bon José Giovanni dont la carrière de réalisateur a alterné le très bon, Le rapace, Dernier domicile connu et le moins bon, Le ruffian, Les égouts du paradis ou encore Les loups entre eux.

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    Le film date de 1970, il sera boudé par le public et par la critique. Il intervient dans la carrière de réalisateur de José Giovanni, juste après les triomphes des deux films qu’il a tourné avec Lino Ventura, Le rapace et Dernier domicile connu. Il précède également un autre échec tourné l’année suivante : Où est passé Tom ? Ce dernier film n’existe d’ailleurs même pas en K7.

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    La première raison de ces échecs successifs qui interviennent dans une carrière jusque-là couronnée de succès, aussi bien en tant que romancier, scénariste ou réalisateur, doit être recherchée dans le fait que Giovanni renonce pour un temps aux gros budgets et aux grosses vedettes. En effet, dans les deux films, les acteurs se nomment Jean-Claude Bouillon, Nicoletta, ou encore Rufus, soit des noms difficiles à attirer les grandes foules. Il y a donc un parti pris de sobriété qui se veut un parti pris de vérité chez Giovanni, sans doute se souvenait-il du succès de son premier film, La loi du survivant, tourné en 16mm, gonflé en 35, avec des moyens de fortune. Cela se marie bien avec l’esprit du temps qui se veut une critique du spectaculaire et de l’effet. Si, coproduction oblige, Ottavia Piccolo et Giancarlo Giannini font des apparitions, elles sont plutôt brèves et assez insignifiantes.

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    La seconde raison de l’échec d’Un aller simple est que le film a été photographié par deux opérateurs différents. Il semble que le début soit dû à Henri Decae, photographe de Melville, à cause des images bleutées et froides, et la deuxième partie à Pierre-William Glenn. On n’en connait pas les raisons, mais connaissant le caractère ombrageux de José Giovanni, on peut les imaginer.

    Le scénario est très bon, même supérieur à celui de l’adaptation de Siodmak, plus simple et moins torturé, moins saturé de références psychologiques. En effet, il use intelligemment de la nuance, les flics ne sont ni tout bon, ni tout mauvais, et le milieu de la pègre apparaît tout de même assez vérolé, en tous les cas plutôt hostile à des aventuriers.

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    C’est peut-être le plus melvilien des films de Giovanni, quoiqu’un peu bavard par endroit, son film qui se rapproche le plus des canons du film noir. On y reconnaît ses obsessions : l’amitié à la vie à la mort entre Tom et Marty, la confrontation d’un homme seul face à son exécution imminente, avec des scènes finales qui rappellent à la fois Deux hommes dans la ville, et Mon père, il m’a sauvé la vie, ultime œuvre cinématographique de José Giovanni. La marche debout des hommes pour affronter la cruelle condition humaine.

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    L’ensemble est éclairé de scènes excellentes, le guet-apens de la police, la fuite dans Anvers, ou encore les dernières scènes émouvantes précédant l’exécution des deux hommes. Tourné en Belgique, les décors sont magnifiques et novateurs. L’interprétation est solide. Jean-Claude Bouillon, qui à l’époque bénéficiait encore de la gloire des Brigades du Tigre, feuilleton télévisé à succès, est excellent, c’est à mon avis son meilleur rôle. Mais on compte aussi sur des vieux routiers comme Jean Gaven en flic impulsif et rageux, Maurice Garrel en commissaire plus pondéré et humain. Mais la révélation c’est sans doute Nicoletta dont c’est l’unique apparition au cinéma. Elle est parfaite en femme de mauvaise vie, cupide et pourtant naïve.

    Bref, voilà un film noir qui mérite d’être redécouvert et qu’il serait bienvenu de rééditer en DVD dans une version propre et sans coupure. Ce serait une très bonne occasion de rendre hommage à un auteur complet qui a tant donné au film noir et au roman noir.

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    Après les échecs successifs d’Un aller simple et de Où est passé Tom ? José Giovanni retrouvera le succès avec une nouvelle adaptation de son roman L’excommunié avec Jean-Paul Belmondo – qui avait tenu le rôle de La Rocca dans le film de Jean Becker, Un nommé La Rocca. Et il enchaînera ensuite avec trois films avec Alain Delon. C’est dire qu’il allait s’éloigner des formes un peu trop éthérées qu’il avait tentées.

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    Voilà un film noir qui a une bonne réputation, bien que la plupart des commentateurs considèrent que son scénario est bourré d’invraisemblances. C’est vrai film noir qui mêle la passion à la fatalité et à une longue déchéance.

    Un jeune docteur, interprété par Robert Mitchum qui est fiancé avec une infirmière interprétée par Maureen O’Sullivan, participe au sauvetage d’une riche suicidée. Bien qu’elle ait l’air complétement folle, il en tombe amoureux. Décidemment les professions médicales ne réussissent pas à Mitchum puisque déjà dans Un si doux visage, il tombait amoureux de Jean Simmons, une autre riche criminelle. Elle ne lui a pas dit qu’elle était mariée avec un homme très riche, mais beaucoup plus vieux qu’elle. Ce mensonge déconcerte notre jeune toubib, qui va se faire manipuler par Margo qui tue son mari et fait croire à son amant que c’est lui qui l’a occis. Dans cette bagarre le docteur Cameron a reçu un coup sur la tête qui l’a laissé dans les vapeurs pour le reste du film. Incapable de réfléchir convenablement, il va se laisser guider par Margo qui prend la décision pour eux de fuir. Ils essaient de passer au Mexique mais n’y parviendront pas. Margo tire sur le docteur et finit par se faire trouer la peau par la police.   

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    Du côté positif, on mettra la grande qualité technique du film. La photo est également de qualité. De même le scénario regorge de scènes inattendues  et surprenantes. Accablés de soucis les deux fuyards vont se faire rançonner cruellement aussi bien par un marchand de voitures d’occasion, qu’un prêteur sur gages, ou encore un forain. Les deux criminels semblent ainsi évoluer dans une société globalement hostile et sans morale.

    Du côté négatif, on placera d’abord la conclusion lénifiante du film : le docteur Camerron se rend compte qu’il a fait fausse route et renie sa passion pour Margo, retournant vers sa sage infirmière. Après tout le tragique accumulé au long des kilomètres qui font le film, il est décevant de trouver une fin digne de Walt Disney. Mais il y a aussi Mitchum. Si vers le milieu du film il reçoit un coup sur la tête, il passe ensuite son temps à ne rien comprendre à ce qui lui arrive. Littéralement il se traîne, il a mal à la tête, les idées confuses. Mitchum peine à tenir ce rôle un peu trop passif. On veut bien qu’il soit manipulé par la malice d’une femme fondamentalement mauvaise, mais il est difficile d’admettre son absence totale de réaction. 

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    Le rôle de Margo est tenu par Faith Domergue, actrice de caractère qui était à l’époque la compagne de cette vieille canaille d’Howard Hugues. Le film a été produit par la RKO. Lorsque Faith Domergue et Howard Hugues se sépareront, la carrière de la jeune femme sera brisée : elle devra se contenter de séries télévisées. Bien plus tard elle deviendra l’épouse d’Hugo Frégonèse. C’est un peu dommage, car si elle n’a pas un physique très glamour, elle a des yeux à fleur de peau, elle manifeste dans ce film un vrai talent.

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    La morale de ce film pourrait être au final qu’il est décisif de se tenir éloigné des personnes trop riches car elles n’apportent que des malheurs, c’est du reste ce qu’on retient de la carrière de Robert Mitchum dans le film noir.

    Le film se voit tout de même assez bien, malgré son grand âge, mais il nous laisse une impression ambivalente, en tous cas, ce n’est pas un chef d’œuvre comme le défend Noël Simsolo dans son ouvrage sur le film noir. 

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