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    Sidney Lumet a beaucoup œuvré dans le genre noir. Inlassable conteur de la mafia newyorkaise, il est souvent considéré à tort comme un bon réalisateur commercial. Il a connu des succès divers et variés, mais surtout il renouvela le genre au début des années soixante-dix, épousant parfaitement les contours de la contestation de l’époque. Son côté anarchiste fit qu’il s’attendit très bien avec Sean Connery, star à la recherche d’alternatives à son personnage de James Bond qui l’avait propulsé sur le devant de la scène. C’est avec cet acteur que Lumet tournera le plus. La carrière de Lumet est assez inégale, il y mêle des adaptations ronronnantes d’Agatha Christie à des films semi-documentaires comme Serpico ou Le prince de New York. Anderson Tapes est parmi les très bons Lumet. Le support est ici un roman de Lawrence Sanders, un bon auteur de romans noirs, assez méconnu en France.

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    Anderson est un gangster aigri par dix longues années de prison

    Anderson vient de faire dix longues années de prison, aigri, revanchard vis-à-vis de cette société qui l’a privé de liberté pendant autant de temps, il va monter un casse qu’il voudrait bien être le dernier, le pillage d’un immeuble de luxe. Pour cela il va s’acoquiner avec un homme de la mafia, il va choisir les hommes qui vont l’accompagner dans cette aventure. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’ils sont tous observés, traqués, espionnés pour des raisons diverses et variées. Le casse ne pouvait donc qu’échouer et échouera. Anderson perdra tout dans l’affrontement inégal avec les forces de l’argent et l’ordre social : sa maîtresse, ses illusions et la vie même.

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    Avec le Kid et le Grand-Père, Anderson goûte les joies de sa libération

    Le film va donc se lire à plusieurs niveaux : celui du casse et de sa préparation. C’est plutôt bien fait, mais ce n’est guère original et ne suffirait pas à retenir l’attention. Ensuite celui d’une société de surveillance tout azimut  qui si à l’époque n’existait pas encore complètement, en tous les cas s’est accompli aujourd’hui. Cet aspect à la fois bureaucratique et envahissant, indifférent et insidieux, est probablement le plus intéressant du film, et ce d’autant plus que ce n’est pas cette surveillance omniprésente qui fait échouer le casse, mais l’intervention d’un enfant handicapé qui ne trouve rien de mieux pour se distraire que de balancer les voleurs qui l’ont dérangé dans son ennui.

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    Les retrouvailles avec Ingrid sont torrides

    C’est un film haut de gamme, avec une distribution riche et complexe. Sean Connery dans le rôle d’Anderson qui ne cherche plus à masquer sa calvitie, porte le film sur ses épaules, et interprète un rôle de loser comme on les aimait à cette époque, à l’opposé de James Bond. Dyan Cannon dans le rôle d’Ingrid est parfaite en pute de luxe partagée entre son goût de l’argent et celui de son amant. On croise encore Martin Balsam dans le rôle d’un antiquaire homosexuel, évidemment ! On trouverait aujourd’hui que son portrait est un peu caricatural, il est autant peureux que parfumé ! Ce film marque les vrais débuts de Christopher Walken dans le rôle un rien ambigu du Kid.

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    Anderson est sur écoute

    Mais la grande maitrise de Lumet ne se trouve pas dans la direction d’acteurs, elle est plutôt dans cette façon particulière de fragmenter le récit et de mélanger les points de vue pour en faire ressortir les oppositions et les contradictions. Elle se trouve encore dans la façon de filmer la ville de New York, ses avenues, ses recoins, ses quartiers atypiques et ses dangers.

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    C’est la mafia qui financera le casse

    La morale de l’histoire est que notre gang Anderson pour lequel on a pris fait et cause tout au long du film est un ramassis d’amateurs. Ils n’ont pas compris que la modernité c’était d’abord cette capacité de la société ou de la mafia de se regrouper et de faire front avec la puissance du nombre ou celle de l’argent. Ce ne peut donc être qu’un film rempli d’amertume et de rancœur, malgré sa philosophie anarchiste qui met l'accent sur la liberté individuelle.

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    Anderson doit se séparer d’Ingrid

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    Le casse est parfaitement planifié et exécuté

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     Sidney Lumet et Sean Connery sur le tournage d’Anderson tapes

     

     

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    C’est la vie de Bonnie Parker qui est racontée ici. On pourrait dire Bonnie sans Clyde, tant celui-ci parait transparent! Le film est réalisé par William Witney, spécialisé dans les films de série B dont la quasi-totalité ne sont jamais arrivés à traverser l’Atlantique, mais qui est parait-il un des réalisateurs préférés de Tarantino. The story of Bonnie Parker est un peu plus connu parce qu’il existe en référence avec Bonnie & Clyde d’Arthur Penn. Et bien sûr, lorsqu’on voit le film de Witney, on ne peut que faire la comparaison avec celui de Penn.

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    Bonnie enlève ses bas dès le générique 

    L’histoire est connue, Bonnie Parker, dont le mari se trouve en prison, s’ennuie à mourir dans une petite ville du sud des Etats-Unis, harcelée par les hommes. De caractère irascible, elle se défend comme elle peut. Jusqu’au jour où elle va rencontrer Guy Darrow (c’est le nom qu’on a donné ici à Clyde Barrow). Celui-ci l’impressionne fort avec sa mitraillette. Et sans trop calculer elle décide de partir à l’aventure avec lui. Ils vont collectionner les coups minables, semant la terreur sur leur passage, et poursuivi par la police. Mais elle a le sens de la famille, et Guy aussi. Celui-ci va faire d’abord venir son frère et sa belle-sœur, histoire de muscler leur bande. Mais la police justement piste le frère et retrouve Bonnie et Guy. Seuls ces deux derniers vont se sortir de ce premier guet-apens. Bonnie décide alors d’aller délivrer son mari qui est en prison pour 175 longues années. Le curieux trio va reprendre ses activités délictueuses, mais bientôt la police les retrouve, les piège et les tue.

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    Guy aime jouer avec une mitraillette 

    La différence avec le film d’Arthur Penn qui a manifestement été inspiré par celui de Witney, est dans le caractère abrupt de la mise en scène. Contrairement à Penn, il ne joue pas avec la nostalgie et le côté glamour. Le film est plus brutal. Tandis que Penn s’exerce à un exercice périlleux entre parodie et film à message, Witney impose la réalité brute des désirs de Bonnie. Certes, il n’a pas les moyens de Penn. C’est un film avec un budget minimum qui ne cherche pas à impressionner avec des images bien léchées, ni à produire une reconstitution d’époque. Mais il possède finalement une vérité plus profonde : la cruauté de Bonnie. Penne en avait fait une jeune fille un rien nunuche qui verse facilement dans le romantisme larmoyant. Witney la présente comme une femme en colère que rien ni personne ne peut éteindre, faisant apparaître finalement comme bien niaise l’approche de Penn. 

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    Bonnie et Guy prennent du plaisir à braquer un restaurant 

    Le film ne serait pas ce qu’il est sans la prestation de Dorothy Provine qui trouve là le rôle de sa vie et qui par la suite ne jouera que des seconds rôles. En blonde platinée, ayant plus le look des années cinquante que des années trente, elle mène son monde à la baguette. Elle n’est pas devenue criminelle pour rigoler ou pour faire de l’argent contrairement à Guy, mais pour vivre une vie pleine d’aventures qui se terminera nécessairement très mal. Witney manifestement aime son actrice. Il adore la filmer en train d’enlever ses bas. Il lui donne un caractère érotique d’autant plus fort qu’il la montre se refusant à son mari et à son amant. Les seuls moments où elle redevient une femme sans colère sont ceux où elle entame une idylle avec son voisin apprenti architecte, imaginant sans le dire ce que pourrait être une vie sans braquage. Ce qui la rend un rien amère et encore plus enragée. 

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    Bonnie aime l’action et reproche à son amant de se laisser aller 

    Les autres acteurs sont très bien, mais évidemment ils passent après. Jack Hogan est Guy Darrow, c’est un acteur sans charisme particulier qui fera une très longue carrière à la télévision, comme Richard Bakalyan qui interprète le mari. C’est d’ailleurs une idée plus qu’audacieuse d’avoir mis en scène un ménage à trois, surtout que Bonnie se permet en plus des escapades, une fois avec l’apprenti architecte, et une autre fois avec deux paysans qu’elle embarque soi-disant pour les éloigner du lieu où Guy doit cacher une arme pour faire évader le mari de Bonnie.

    On l’a dit, le rythme est sans temps mort, mais Witney a aussi une grande capacité de jouer de l’espace, par exemple quand il filme les intérieurs en saisissant d’un même mouvement l’ensemble des personnages en pieds. Des idées assez drôles parsème le film, par exemple cette scène où le mari de Bonnie essaie de s’introduire dans son lit qu’elle a entouré de clous pour éviter d’être ennuyée par les hommes ! Ou encore lorsqu’elle met le feu au fourgon de la banque qu’ils ont immobilisé en pleine campagne. 

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    Son amant et son mari l’ayant déçue, Bonnie dort seule

          Contrairement à ce qui est dit ici et là, c’est un très bon film, sans prétention, qui ne se perd pas dans des pseudo-justifications de ce qui fait la carrière d’un délinquant. L’action précédant la psychologie, c’est bien plus efficace que tous les discours. Certes il est probable qu’il s’éloigne dans les faits de la réalité biographique du couple Bonnie et Clyde, mais il met en scène une cruauté émancipée tout à fait réjouissante. La saga de Bonnie et Clyde a engendré finalement quatre films, J’ai le droit de vivre de Fritz Lang, Gun Crazy, de Joseph H. Lewis, The story of Bonnie Parker, de Witney et Bonnie & Clyde de Penn. C’est dire la fascination de l’Amérique pour ses voyous et leur destin.

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    Bonnie entraine son amant et son mari dans l’action 

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    Plus courageuse que son mari et son amant, elle n’hésite pas à donner de sa personne 

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          Les policiers ne laisseront aucune chance à Bonnie

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    La vraie Bonnie Parker qui aimait la publicité

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    John Cromwell est un réalisateur un peu sous-estimé, mais il a œuvré dans le film noir et y a réalisé un certain nombre de films qui ne manquent pas d’intérêt, à commencer par Caged, film de prison de femmes et en continuant par Dead reckoning avec Humphrey Bogart et Lizabeth Scott. On lui doit aussi un remake de Pepe le moko, Algiers, avec Charles Boyer. Sa carrière fut cependant entravée par la chasse aux sorcières, et justement, après The racket, il fut contraint de ne plus tourner jusqu’en 1958, moment où cette chasse aux rouges commençait à se calmer un peu. 

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    Nick Scalon n’aime pas les mauvaises nouvelles, le coiffeur l’y prépare

     The racket est une histoire assez traditionnelle, sur un scénario de W. W. Haines et de W.R. Burnett, elle raconte l’opposition d’un flic incorruptible et d’un truand un peu brutal et inquiet qui songe à mettre la ville en coupe réglée. Il est aidé en cela par un procureur corrompu qui se fait élire grâce à l’argent du gang. Incidemment c’est un remake d’un film tourné en 1928 sous la direction de Lewis Milestone pour Howard Hugues, adapté lui-même d’une pièce de théâtre où Edward G. Robinson jouait le rôle du racketteur.

    Cette version bénéficie d’atouts importants, d’abord la distribution prestigieuse qui concentre toute une série d’acteurs habitués aux films noirs. Scanlon est interprété par Robert Ryan, un Robert Ryan très en forme qui joue un peu plus nuancé qu’à son ordinaire, passant de la colère à l’attitude rusée et manipulatrice de son personnage avec une grande décontraction. Il domine complètement le reste de la distribution. McQigg c’est Robert Mitchum, qui jusque là était plutôt habitué à des rôles de mauvais garçons et moins à ceux de défenseur de l’ordre et de la morale. Lizabeth Scott est Irene Hayes, la chanteuse ambiguë qui hésite entre le parti de l’ordre et de la société et celui de la soumission à la loi des racketteurs. Elle est ici un peu plus qu’une doublure de Lauren Bacall à qui elle a été constamment comparée. 

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    Nick demande des comptes à ses associés

     Mais les seconds rôles sont tenus aussi par des grands acteurs du film noir. Turk est interprété par William Conrad, le fameux tueur du film de Siodmak, The killers, il avait aussi joué entre autres dans le fameux Body and soul. On trouve encore l’excellent William Talman et son étrange physique pour incarner le policier incorruptible Johnson, ou Ray Collins dans celui du procureur corrompu.  

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    Le capitaine McQuigg aime que ses hommes soient dévoués

     Cependant ce qui fait l’intérêt de ce film est ailleurs. Au-delà de l’histoire proprement dite, qui semble se terminer avec une morale sommaire, le méchant est tué et le policier incorruptible triomphe, est bien plus ambigu que cela. En effet derrière cette parodie de justice c’est la nouvelle forme de gangstérisme qui triomphe : le vieux qu’on ne voit jamais en l’occurrence et qui est l’apôtre d’un gangstérisme soft, non violent, qui ne se fait pas remarquer. En effet Scanlon est tué par Turk. Mais cela arrange bien ce dernier qui est compromis jusqu’au cou dans les affaires de racket. L’ultime fin qui voit la justice s’attaquer enfin au procureur Welsh et à Turk son homme de main laisse entrevoir que ce ne sera pas si simple de remonter un peu plus haut dans l’organisation. 

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    La chanteuse Irene Hayes se méfie de la justice de son pays

     Notez que Scanlon, tout abominable qu’il soit, n’en est pas moins humain, et qu’à sa manière il s'inquiète du sort qui peut advenir à son frère qu’il essaie de protéger et de promouvoir dans la société. Il est finalement moins monolithique que McQigg complètement obsédé par sa lutte contre les gangs. De même son frère est prêt à tout lâcher pour l’amour de la chanteuse de cabaret qui elle au contraire ne semble guère avoir des sentiments à partager avec quiconque. La façon dont elle finit part s’acoquiner avec le reporter n’est pas particulièrement romantique : elle fait une fin en quelque sorte.

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    McQigg et Scanlon s’affrontent autour des questions de droit

     Le film souffre tout de même un peu de ses origines théâtrales et peine à mettre en scène des situations d’extérieur. Le principal de l’action se passe au commissariat et dans la chambre d’hôtel de Scanlon. Il est assez curieux que les scènes de cabaret où on voit Lizabeth Scott chanter n’aient pas été un peu mieux exploitées. De même les poursuites en voiture ne sont pas très bien filmées, n’utilisant pas suffisamment à mon sens la géométrie de la ville. Cette ville qui n’est jamais nommée mais qui ressemble à New York. Malgré sa violence latente le film n’est pas un film d’action. Les affrontements sontplus verbaux que physiques.  

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    McQigg peut compter sur l’incorruptible Johnson, mais un peu moins sur le fourbe sergent Turk

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    Le reporter Dave tente de convaincre Irene de témoigner contre Scanlon 

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    Turk tente d’infléchir le cours de la justice

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    Scanlon se voyant perdu perd son sang froid

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    Hier au soir Alain Delon était à Cannes pour monter les marches avec à son bras la ministre de la culture Aurélie Fillipetti. En vérité et contrairement à ce que des journalistes idiots ont raconté, il s’agissait surtout de rendre hommage à René Clément et à son film Plein soleil qui lança la carrière d’Alain Delon et fut aussi en 1960 un succès mondial, notamment au Japon. Cette hommage est plus que justifié car non seulement le film de René Clément n’a pas pris une ride, mais l’ensemble de l’œuvre de celui-ci peut être vue et revue sans lassitude.

    Alain Delon est donc passé au journal de TF1 pour parler avec Claire Chazal de cet événement. Comme la plupart des journalistes sont des canailles ou des menteurs, ils ont pris un morceau de phrase qu’Alain Delon a prononcé pour essayer de montrer qu’il avait toujours une aussi grosse tête. La phrase incriminée était « Je suis un Dieu vivant au Japon ». Or si on regarde d’un peu près cette interview, elle est au contraire d’une très grande modestie. Non seulement Alain Delon répétait que l’hommage s’adressait à René Clément et non pas à sa personne, mais en outre il racontait tout ce qu’il lui devait pour le reste de sa carrière. René Clément aurait eu cent ans cette année. Et en rappelant que Plein soleil avait connu un succès énorme au Japon Delon raconta qu’il y était devenu un Dieu vivant. C’est ce bout de phrase que les jorunalistes ont bien voulu retenir. Pour le reste il s’évertua à rappeler, avec beaucoup d’émotion dans la voix que c’est grâce à Plein soleil que Visconti le découvrit et lui proposa le rôle magnifique de Rocco et ses frères.

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    Tout le monde connait l’histoire de Plein soleil. On sait aussi que Delon insista pour obtenir le rôle de Ripley, alors que Clément voulait lui confier seulement celui de Greenleaf. Et bien sûr Delon avait raison comme le souligna René Clément plus tard. On sait moins cependant que les deux hommes eurent une très bonne entente et on peut le dire une admiration mutuelle. Ils tournèrent quatre films ensemble, Plein soleil, Quelle joie de vivre, Les félins et Paris brûle-t-il ? Ce sont d’excellents films et Alain Delon aime particulièrement Quelle joie de vivre, film méconnu et l’une des rares comédies dans lesquelles il a tourné.

    Quand Alain Delon se lança dans la mise en scène il dédia Le battant « A mon maître René Clément »

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    Alain Delon et René Clément en 1961

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    Ce film bénéficie d’une certaine indulgence par rapport au reste de la filmographie de Charles Bronson. Cele provient essentiellement du fait qu’il est signé Richard Fleischer. Et plus le temps a passé et plus Richard Fleischer voit sa cote augmenter. Le scénario est signé Elmore Leonard, producteur à la chaîne d’histoires toutes plus réactionnaires les unes que les autres. Mais ce film est aussi souvent cité comme un des préférés de Quentin Tarantino dont les goûts cinématographiques se reflêtent assez exactement dans ses propres produits.

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    Vincent veut embaucher pour rentrer sa récolte de pastèques

     L’histoire est assez simple, voire simplette. Un cultivateur de pastèques, Vincent Majestik, cherche à embaucher de la main d’œuvre mexicaine pour ramasser rapidement le produit de son labeur. Il recrute une partie de celle-ci, mais il va se heurter à Kopas, jeune apprenti racketteur. Celui-ci le menace, et comme Vincent n’est pas un homme à céder au chantage les choses dégénèrent. Kopas prend sa raclée et va pleurnicher dans le giron de la police qui fout Vincent au trou. Le hasard fait qu’en prison il croise un tueur professionnel, un vrai de vrai, Renda. Les amis de ce dernier attaquent le convoi qui transfère les prisonniers. Beaucoup d’hommes restent sur le carreau, mais Vincent arrive à se sortir de ce guet-apens, il capture Rena et se propose de le livrer à la police si celle-ci passe l’éponge sur le passage à tabac de Kopas. Mais Rena n’est pas né de la dernière pluie et s’enfuit. Dès lors il va vouloir se venger de Vincent qu’il veut tout simplement assassiner. En guise d’hors-d’œuvre, il va effrayer les peones qui travaillent pour Vincent,  privant celui-ci de la main d’œuvre nécessaire à sa récolte. Tout cela va bien énerver le taciturne Vincent qui va tuer les tueurs les uns après les autres, car on ne peut pas faire confiance aux fonctionnaires de l’Etat et donc à la police.

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    Cette petite crapule de Kopas veut faire la loi à Vincent

    Tous les poncifs de la droite archaïque sont convoqués pour soutenir cette daube. Les pauvres mexicains sont bien contents de trouver un patron compatissant qui les paie 1,42 $ par jour étant bien conscient qu’à ce tarif c’est presque de la charité. Les peones mexicains sont juste bons à ramasser les pastèqaues et dès que les coups de feu commencent à claquer, il n’y a plus personne, car les Mexicains s’enfuient avec la merde au cul, c’est du moins leur rôle » dans ce film. On l’a dit un peu plus haut, tout repose sur le fait que les fonctionnaires de la police sont des fainéants, juste bons à mettre en cabane les vrais travailleurs qui se lèvent tôt. Ils n’ont même pas l’idée de faire confiance à Vincent, hors pourtant la confiance c’est le b-a-ba de la vertu économique et de la prospérité. Voilà pour l’histoire et le message. C’est bien du Elmore Leonard.

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    Mais Vincent à du répondant 

    On pourrait se dire cependant qu’une telle histoire n’a pas d’importance et qu’il ne faut pas voir le mal partout. Et au fond que ce qui est important, c’est la réalisation. Et bien parlons en de la réalisation. C’est filmé à la va comme je te pousse. Les images sont laides et les acteurs cabotinent à qui mieux mieux. Charles Bronson en tête, mais il a toujours été comme ça à quelques petites expression près. Or vers cette époque, il commençait à pouvoir porter un film sur son seul nom. C’est probablement ce qui a fait que sa carrière a tourné en eau de boudin. Al Lettieri qui venait de triompher dans Le parrain et dans Guet-apens reprend un rôle de psychopathe qu’il surjoue un peu. Ce film emprunte beaucoup à Peckinpah, sauf le talent bien sûr. Non seulement il lui emprunte Al Lettieri, mais aussi les scènes de violence dans les rues d’une petite ville du Sud profond.

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    En prison Vincent croise le dangereux tueur Renda

    Il ne se passe donc strictement rien dans ce triste film qui pue l’ennui et la naphtaline. Il démontre que Richard Fleischer, même si ici et là il a pu parfois faire quelque chose, n’est pas un grand réalisateur, et que Charles Bronson livré à lui-même n’est qu’une silhouette.

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    Les amis de Renda cherchent à le faire évader

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    Vincent ne supporte pas que Renda lui ai gaché sa récolte

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    Renda commence à avoir peur

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    Vincent repart avec la belle Nancy après avoir mis tous les truands au pas

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