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Par alexandre clement le 23 Juin 2014 à 08:16
Ce film est censé avoir un aspect documentaire et donc permettre à la population d’être édifiée quant à l’ampleur de la menace communiste sur les Etats-Unis. Pour cela le film fait sa pub en racontant qu’il s’agit de l’histoire authentique d’un vrai agent du FBI Matt Cvetic. Il est bien possible que celui-ci ait existé. Et il est vrai que le FBI infiltrait le parti communiste au détriment de ses autres missions, notamment celles de lutter contre la mafia. L’emploi de moyens du FBI pour contrer la menace représentée par le parti communiste américain était tel qu’on a dit pas la suite qu’il y avait plus d’agents du FBI au parti communiste que de vrais militants. Je passe sur cet aspect des choses : à cette époque, et sans parler des coups que lui donne le FBI, le parti communiste est isolé au sein même de la gauche américaine à cause de son sectarisme et de son alignement sur Moscou, c’est une organisation en perte de vitesse.
Le film va jouer sur ce rapport apparent avec la réalité. C’est une vieille ficelle du film noir hollywoodien que de chercher à se donner des airs de documentaires. Et du reste le film sera lauréat au titre de meilleur documentaire pour les Oscars ! Le terrain du film avait été préparé par une émission de radio populaire qui durera plusieurs années et qui déclinera l’anticommunisme sous toutes ses formes : les communistes manipulent les enfants à l’école, les communistes espionnent pour le compte d’un pays étranger, les communistes aiment l’argent facile, etc.
L’histoire est très simple, voire simplette. Matt Cvetic, ouvrier métallurgiste à Pittsburgh, espionne le parti communiste pour le compte du FBI. Mais comme son action est secrète, il ne le dit même pas à sa famille. Ce qui lui cause beaucoup d’ennuis. Son fils est dégouté d’avoir un père traitre – car être communiste et trahir est la même chose – son frère se fâche avec lui. Et comme ça pendant des années. Il est cornaqué par des bureaucrates importants qui vont le faire rencontrer le chef du Parti communiste qui rêve de renverser la démocratie en Amérique. En même temps, il est sous la surveillance d’une jeune institutrice, car les communistes ont infiltré complètement les institutions scolaires.
Dans le feu de l’action il va fomenter des grèves violentes évidemment pour mettre l’économie américaine en péril, car, comme on le sait, les ouvriers américains ne peuvent pas améliorer leur sort par l’action syndicale, mais seulement en travaillant plus. Il sera aussi contraint de commettre un attentat sur un de ses camarades pour que celui-ci soit remplacé par un membre du parti communiste. Mais la fin de l’histoire est très heureuse, car Matt va expliquer à toute sa famille pourquoi il a dû agir ainsi, se camoufler, et finalement mentir. Cela lui permettra de rendre sa fierté à son fils qui comprendra que son père a agi en bon patriote en dénonçant les traitres et la famille retrouvera son harmonie.
Le FBI surveille les membres du part
Le film est d’abord un mensonge éhonté car ce qu’on sait du véritable Matt Cvetic n’a rien à voir avec ce héros qui fait le coup de feu, qui risque sa vie à tout moment. C’était dans la réalité un ivrogne qui battait sa femme. Il passait son temps à réclamer de l’argent au FBI, faisant monter les enchères, leur laissant croire qu’il avait quelque secret bien croustillant à révéler. Mais la moisson de renseignements qu’il apporta au FBI était plus que maigre. C’est pour cette raison que la FBI était d’abord réticent à ce que le cinéma s’empare de cette histoire pour la porter à l’écran. Il semble bien que si Matt Cvetic s’est mis à faire des révélations publiques, sous forme de mémoires et d’émissions de radio, ce soit d’abord parce que le FBI ne voulait plus de lui.
Les historiens de la chasse aux sorcières pensent que le film n’a pas été commandité par le gouvernement fédéral, ni même part l’HUAC, mais ce sont plutôt la Warner qui aurait fait des excès de zèle, espérant par la échapper aux censeurs de l’HUAC.
Matt doit se cacher pour appeler le FBI
Dans le film Matt Cvetic est interprété par le sévère Frank Lovejoy, un physique aux antipodes de ce qu’était le vrai Matt Cvetic qui était plutôt un petit bonhomme gros au front dégarni. Mais cette transposition est nécessaire, car au-delà de la réalité il faut bien présenter cet infiltré comme une sorte de détective, solide sur ses jambes. On le verra d’ailleurs faire le coup de feu et occire plus ou moins directement deux méchants communistes. Il se transforme en détective pour suivre des individus plus que suspects, avec d’ailleurs des très belles scènes qui se passent la nuit et sous la pluie
Les incohérences se succèdent. Ainsi, Matt est présenté comme un ouvrier métallurgiste, mais il est trop bien habillé pour cela et loge dans une maison spacieuse et richement meublée. Ou encore les communistes sont présentés comme des racistes qui montent les différentes ethnies les unes contre les autres, sans s’intéresser véritablement à leurs intérêts. Le plus grossier est sans doute cette apologie de la famille américaine, unie, patriotique, stable dans ses fondements, d’ailleurs le prêtre n’est jamais très loin. C’est une constance des films anticommunistes qui prennent pour cible les communistes américains que de les opposer à la famille « normale » et à la religion qui la couve. C’est à mon sens le centre du film, la lutte contre le communisme c’est d’abord la défense de la famille à l’américaine.
La belle institutrice qui est aussi son mentor est tout de même une militante sincère
Evidemment on n’échappera pas non plus au cliché moralisateur qui nous encourage à la délation et à la dénonciation de ceux qui visent à faire dévier l’Amérique de son destin. Les scènes finales où l’on voit le frère de Matt et son fils, les larmes aux yeux, approuver la dénonciation sans retenue qu’il fait au nom de l’Amérique sont tout à fait édifiante. Le thème récurrent selon lequel « ils » sont partout est bien sûr repris, avec une insistance particulière sur le fait que les professeurs endoctrinent les élèves et minent la patrie. Ce n’est pas seulement un message qui est envoyé à l’HUAC et qui veut dire au fond, ne vous occupez pas du cinéma, nous y feront le ménage, occupez-vous plutôt de l’école.
Les communistes essaient de monter les noirs contre le système
La réalisation du film a été confiée à Gordon Douglas vieux routier déjà à l’époque qui avait donné dans tous les genres. IL n’est guère possible de le rattacher à une école particulière, ni même en faire un spécialiste du film noir. Il en connaissait pourtant suffisamment les codes pour s’en approprier quelques-uns. Quelques scènes sortent du lot, comme celles déjà mentionnées de la filature dans le noir et sous la pluie, ou la poursuite et la fusillade auprès d’une voie de chemin de fer. Le reste est assez convenu, que ce soit les discussions dans les bureaux du FBI ou les palabres devant la justice.
Le scénario est de Wilbur Crane, ce même Wilbur Crane qui signera le script du très intéressant Crime Wave d’André de Toth deux ans plus tard et aussi The Phoenix city story mis en scène par Phil Karlson.
Un méchant communiste se fait écraser par un train
Ce film est un des rares films anticommunistes à avoir eu du succès en salles, malgré le caractère peu glamour de la distribution – en dehors de Dorothy Hart bien sûr qui campe l’improbable institutrice communiste. Mais il reste avant tout pour les Américains comme une marque honteuse d’une propagande aux desseins obscurs.
Le fils et le frère de Matt sont fiers de lui lorsqu’il dénonce les membres du parti communiste
Le vrai Matt Cvetic qui vendit sa véritable aventure en l’édulcorant
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Par alexandre clement le 19 Juin 2014 à 10:06
Des films anticommunistes, les Américains en ont fait beaucoup. Cependant, il faut distinguer trois sortes de films anticommunistes :
1. les premiers qui prennent pour cible le régime dictatorial qui s’était établi à l’Est de l’Europe et en URSS. Il s’inscrit dans une logique géostratégique et mise sur les peurs qui anticipent un conflit violent, peut-être atomique.
2. les seconds qui s’intéressent aux conflits militaires qui ont déjà surgi à la périphérie des Empires : Berlin, la Corée ou le Viêtnam.
3. enfin les troisièmes s’intéressent à la propagation des idées communistes au cœur même des Etats-Unis, minant la démocratie, l’armée et les autres piliers de l’american way of life. Ce dernier groupe est celui qui apparaît comme le plus sournois, le plus faux. Prompt à aiguiser la paranoïa latente du public, il procède à un amalgame douteux entre des revendications sociales pour faire évoluer le système et les activités d’espions prêts à tout pour amener la guerre. C’est à ce dernier groupe que My son John appartient.
Est-ce le pire film de propagande que les Américains ont produit ? Peut-être. Unanimement considéré comme un navet, ce film est pourtant intéressant dans une perspective historique, aussi bien en ce qui concerne la formation d’une mentalité américaine, que parce qu’il enseigne sur le cinéma et la chasse aux sorcières. L’histoire est de Leo McCarey qui fut pourtant un réalisateur marqué à gauche. Contrairement à beaucoup de films de ce genre, celui-ci bénéficiera d’un solide budget et d’une distribution soignée. On peut se demander pourquoi Leo McCarey plutôt connu pour ses comédies décapantes avec Laurel et Hardy ou les Marx Brothers s’est lancé dans cette entreprise périlleuse avec le zèle des convertis de fraîche date. En vérité à cette époque le FBI comme l’HUAC ne sont pas dans une forme éblouissante. J. Edgar Hoover est contesté, notamment parce qu’il s’amuse à traquer les communistes – du moins ce qu’il en reste aux Etats-Unis – et délaisse la lutte contre la mafia avec laquelle il est acoquiné. Et puis l’HUAC n’a pas fait la preuve que le communisme était un réel danger pour la nation. Il faut donc augmenter la pression sur Hollywood de façon à montrer au public que le FBI et l’HUAC font leur travail et que cela porte des résultats, qu’on ne dépense pas l’argent du contribuable sans bonne raison.
Avant que les deux bons fils partent combattre le communisme en Corée, ils vont un petit peu à l’Eglise
L’histoire est simplette, et les caractères plus qu’indigents. John revient dans sa famille après avoir passé du temps à l’étranger. Cette famille est une famille de patriotes, de bons chrétiens qui vont à la messe tous les dimanches. John a deux autres frères qui partent pour la guerre en Corée, de bons américains, bien sains et solides. John déjà est présenté comme un intellectuel, mauvais point pour lui, car on sait ce que ça donne quand on réfléchit un peu trop. Mais en outre, il n’est pas marié, et sa préciosité semble indiquer qu’il aurait des mœurs douteuses (un peu comme le chef du FBI quoi !). Pire encore il ricane quand on lui parle de religion, c’est dire s’il est vraiment mauvais.
John réapparaît pour le plus grand plaisir de sa mère
Cependant les parents, bons chrétiens, bons patriotes, ne sont pas si bêtes. Rapidement la mère comprend que les coups de fil douteux que John reçoit, ses mystérieux rendez-vous, ne sont pas très catholiques. D’autant qu’un bon agent du FBI, Stedman, se ramène avec de drôles de questions sur John. Finalement pour en avoir le cœur net, maman Jefferson va espionner son fils en le suivant et va découvrir le pot aux roses. John est un agent communiste ! La logique du film est que John meure dans un accident d’auto alors qu’il essaie d’échapper à la police, mais il a eu le temps de laisser ses confessions, et pour l’amour de sa mère il va dénoncer sur des bandes magnétiques la perversité des communistes qui sont partout, même là où on les attend le moins, au sein de votre propre famille peut être.
Les rapports de John avec son père se tendent
Ce n’est évidemment pas le premier film anti-communiste. Mais c’est presqu’un modèle des dérives que ces films à message peuvent amener. Souvent citer comme un archétype de la paranoïa ambiante de l’époque, il surprend par sa grossièreté et ses mensonges appuyés comme des mantras. Le pire est sans doute de vouloir imposer un modèle familial comme modèle indépassable : tous ceux qui s’en écartent sont maudits et finissent mal. Ils ne peuvent être habités que par le démon. De même John est peut-être homosexuel, il n’a pas de fiancée, il ne songe pas à se marier. C’est déjà suspect. Le communisme vu sous cet angle est un manquer de virilité évident. Pire que ça, John fait le malin, il dénigre les valeurs patriotiques et religieuses, il ricane. A l’inverse de cet idéaltype, l’agent du FBI Stedman, qui est bien un peu louche au début, apparait comme fort sympathique et compatissant. On comprend bien qu’il est là pour aider. La mère aime son fils bien sûr, et même si elle est déchirée, elle va choisir la défense de la patrie. C’est d’ailleurs toute l’ambiguïté de ce film car d’un côté on présente la famille comme un horizon indépassable, et de l’autre on montre que celle-ci passe nécessairement après les intérêts supérieurs de la nation. IL y a cependant un point essentiel qu'il faut retenir : avec le développement du capitalisme libéral, toutes les valeurs familiales et patriotiques vont être emportées
Stedman pose des questions
Film éminemment paranoïaque, My son John est difficile à analyser. Certes il est facile de saisir la grossièreté du message, sa lourdeur, son côté bourrage de crâne au premier degré. Il autant plus difficile à analyser qu’on ne connait pas ce qu’a pu faire John pour le compte des sournois communistes, on sait seulement qu’il a un poste assez élevé à Washington. Si bien que le film devient complètement abstrait et se rabat sur les signes qui indiquent que John est passé à l’ennemi. La preuve du communisme de John n’est pas dans le vol d’un document, dans un acte de sabotage, mais plutôt dans la trahison des valeurs américaines. Ces fameuses valeurs qui n’existent pas dans une tradition particulière et qui vont d’ailleurs se construire très précisément dans ce moment de la chasse aux sorcières à Hollywood. Cette approche nécessaire pour un film de propagande, en fait une œuvre parfaitement abstraite et assez incompréhensible aujourd’hui. Mais le fait que Leo McCarey joue sur le fait que les communistes sont athées, intellectuels, travaillent à Washington, ne sont pas mariés, un peu efféminés s’inscrit dans cette tradition de l’extrême-droite américaine qui dès le début du New Deal avait l’administration Roosevelt dans le viseur. Le fait que la famille se nomme Jefferson en dit long aussi sur la trahison de John. Il y a aussi cette idée étrange selon laquelle le communisme ne peut être qu’une idée importée de l’étranger, sous-entendant par-là que l’américanisme, lui n’est pas une idée importée, mais bien l’expression d’une vérité fondamentale liée à cette terre.
Evidemment un communiste qui jure sur la Bible ne peut être qu’un fourbe
La réalisation proprement dite du film souffre d’un problème de fond : Robert Walker qui incarne John est mort pendant le tournage du film. Ce qui veut dire qu’il a fallu le rapetasser avec des plans sortis de nulle part, voire empruntés à Strangers in the train d’Alfred Hitchcock. Est-ce que le film aurait été meilleur pour autant ? On n’en sait rien, mais le fait qu’il faille entendre la confession de John sur bande magnétique donne une couleur particulière à l’histoire.
La mère de John va jusqu’à Washington pour essayer de comprendre
Très théâtral, saturé de dialogues, peu de décors, la mise en scène est très statique. On notera cependant quelques scènes intéressantes, comme ces images de carte postale au début du film qui montre la vie heureuse des banlieusards unis au sein d’une bonne famille. Ou encore les agents du FBI visionnant les scènes qu’ils ont espionnées et qui montre le désarroi de la mère. La photo est excellente, elle est due à Harry Strading Sr qui a fait entre autre celle de Johnny Guitar, Angel Face et plusieurs films avec Elia Kazan.
Stedman découvre la mort de John
Si la mise en scène apparaît décousue, la distribution n’est pas forcément des plus probantes. Certes Robert Walker est toujours très bon dans un rôle cynique, et on comprend bien quelle carrière il a ratée. Dean Jagger qui joue le père Jefferson, ne paraît pas très convaincu par son texte. Il paraît gêné aux entournures, comme s’il ne croyait pas à son personnage. Van Heflin surjoue le bon agent du FBI, Stedman, qui, malgré la sympathie qu’il éprouve pour la mère, doit faire son travail au nom des intérêts supérieurs de la nation, Van Heflin a troujours eu des difficultés à jouer des rôles carrés et sans ambiguité. Seule Helen Hayes paraît convaincu par l’intérêt de ce film. Elle est très bien en mère tourmentée qui voit son fils mal tourner, la priver d’une vie de famille dont elle avait rêvée.
Ce film est considéré aux Etats-Unis comme l’archétype du film de propagande pour les idées anticommunistes, et tous les commentateurs le désignent comme une sorte de pièce de musée, probablement sont-ils fascinés par cette facilité et la grossièreté avec laquelle Leo McCarey assène des poncifs servant de socle à la propagande d’extrême-droite. L’effet est encore plus net soixante ans plus tard. Comment a-t-on pu commettre pareille horreur ?
Leo MacCarey dirige Robert Walker
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Par alexandre clement le 16 Juin 2014 à 09:15
Ce film intervient après Le passager de la pluie de René Clément. Il marque le renouveau de la carrière de Charles Bronson en Europe : il atteignait cependant déjà la cinquantaine. C’est le moment où il devient une vedette internationale, orientée vers les films d’action. Mais en même temps il s’inscrit dans cette longue liste de films italiens qui prennent pour héros des bandits ou des tueurs. Volontiers cyniques, ces films ne s’embarrassent guère de vraisemblance et de psychologie. Ça tombe bien parce que la psychologie ça n’intéresse pas vraiment Charles Bronson.
Jeff est traqué par des tueurs
L’histoire est des plus sommaires. Jeff Heston, tueur à gages pour l’organisation, qui passe des vacances avec Vanessa va être poursuivi par des truands qui veulent lui faire la peau. Il n’en mourra pas, mais après une fusillade, il va aller en prison. Ce qui lui laissera le temps de comprendre que Vanessa l’avait trahi avec son ancien amant qui est aussi un gangster. Un avocat va le faire sortir de prison assez rapidement, et avec l’aide de Killain, il va rechercher Vanessa mais aussi à se venger de celui qui a voulu le tuer. Il va arriver à ses fins, les comptes étant réglés, il peut vivre une relation torride avec Vanessa qui entre temps s’est mariée avec Weber, le grand boss. Celui-ci cherche toujours à enrôler Jeff qui retarde toujours le moment de se prononcer. Cependant Vanessa s’est mise en cheville avec l’avocat qui vise à éliminer Weber en le faisant tuer par Jeff. Tout marchera comme sur des roulettes, sauf que Vanessa va se révéler plus gourmande que prévue et surtout que Jeff va se débrouiller d’échapper à la police après avoir tué Weber et va revenir se venger de Vanessa et de Steve avant d’être abattu par la police.
L’avocat de l’organisation vient voir Jeff en prison
Très italien dans sa manière de faire, Sollima a œuvré dans le cinéma de genre, le western, le péplum ou le film d’horreur. Sa courte carrière au cinéma n’a pas laissé un souvenir impérissable. Citta violenta a été sûrement le sommet de sa carrière. Le film a été distribué dans le monde entier et aux Etats-Unis il a eu un petit succès. Son intérêt, sa modernité si on peut dire pour un film qui a plus de quarante ans, réside dans cette manière froide et impersonnelle de mettre en scène. En même temps il revisite les archétypes du film noir. Ainsi la femme fatale reste un peu la même, mais ici elle ne cache ni son jeu, ni ses ambitions, et elle attend la mort avec une certaine volupté. Jeff quant à lui est un tueur professionnel qui est consciemment aspiré par la passion sexuelle : il va vers la mort, en le sachant.
Jeffe règle ses comptes
Tous les personnages sont de la même veine. Et d’ailleurs il n’y en a aucun à qui on peut accorder sa confiance. Killain le vieil ami de Jeff le trahira pour 15 000 $. C’est un drogué, et d’ailleurs il ne s’en cache même pas. Tous les personnages jouent à livre ouvert. Tous, sauf peut-être l’avocat. Ce sera d’ailleurs lui qui sera le plus surpris de se faire avoir.
Il retrouve la belle Vanessa qu’il soupçonne de l’avoir trahi
L’interprétation est adéquate au propos. Charles Bronson est impavide, le sourire en coin, il se regarde sombrer. On peut aimer ce style de jeu. C’est tout de même bien sommaire. Jill Ireland a un jeu plus nuancé, ce qui n’est pas un exploit. Elle montre les fesses au bon moment. C’est à partir de ce film qu’elle sera très souvent associée avec Charles Bronson, son mari, et ce n’est qu’avec lui qu’elle atteindra une certaine renommée en tant qu’actrice. Mais elle n’est pas mal du tout dans ce film. Telly Savalas joue le rôle de Weber le chef de l’organisation. Il manie l’ironie juste ce qu’il faut. Plus étonnant est la participation de Michel Constantin à ce film. Il joue le rôle d’un drogué dont les cheveux sont teints. C’est lui qui donne un aspect étrange à un film qui en manque par ailleurs pas mal. Umberto Orsini, dans le rôle de l’avocat véreux, complète la distribution.
Jeff rencontre Weber, le patron de l’organisation
Le film ne présente pas d’intérêt particulier sur le plan cinématographique, si ce n’est une utilisation judicieuse des extérieurs tournés à la Nouvelle Orléans et dans ses alentours. Un effort a été fait pour donner de la vigueur aux poursuites automobiles. Manifestement inspirées de Bullit, elles restent tout de même assez sages et filmées de façon assez conventionnelle. Quelques scènes sortent cependant du lot. Notamment le flingage de l’avocat et de Vanessa à travers la vitre de l’ascenseur qui est censé hissé Vanessa au sommet de la fortune et du pouvoir. Ou encore la fusillade du début du film qui intervient après une longue poursuite et qui ressemble à une scène de western.
Killain va convaincre Jeff qu’il ne l’a pas trahiC’est un film noir qui sonne un peu creux tout de même, mais il reste animé par un rythme soutenu et le plaisir de se ressourcer aux débuts des années soixante-dix. Comme il a été tourné la même année que Le passager de la pluie de René Clément, on pourra comparer les deux réalisateurs dans la maîtrise de la direction d’acteurs. Dans le film de Clément Bronson est intéressant, ici il est transparent.
Vanessa finira mal
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Par alexandre clement le 11 Juin 2014 à 08:09
Voilà une autre production anti-communiste qui, sans faire trop dans la dentelle, est cependant moins simpliste que le film de John Wayne, Big Jim McLain. Plus subtil, il est aussi mieux réalisé et emprunte beaucoup de traits au film noir. Il date de 1949, donc au moment où l’HUAC se met vraiment en ordre de marche.
Brad Collins est un homme qui a réussi, il est devenu vice-président d’une entreprise de transport maritime. Et puis, il vient de se marier avec la jeune et jolie Nan qui elle est issue d’un milieu très modeste. Ils en sont à savourer leur lune de miel, quand Brad Collins va être rattrapé par son passé. Il a eu en effet une liaison avec la très belle Christine Norman. On va apprendre qu’ils étaient tous les deux communistes. Brad à l’époque s’appelait Johnson, et dans l’enthousiasme de sa jeunesse il croyait pouvoir changer positivement le système capitaliste dans le sens d’une plus grande justice sociale. Et puis il s’est aperçu que le parti communiste n’était pas précisément au service des pauvres, mais aux ordres de l’étranger et il s’en est éloigné.
Nan et Brad sont de jeunes mariés heureux
Cependant sa rencontre avec Christine va bouleverser la vie du jeune couple, en effet, Christine pense à utiliser Brad et à la faire chanter. L’idée des méchants communistes est de saboter les négociations entre le patronat et les gentils syndicalistes qui veulent bien s’entendre, ils veulent en venir à la lutte des classes qui est comme la continuation de la guerre avec d’autres moyens. Dans un premier temps Brad ne veut pas céder, mais Vanning détient les preuves d’une sale histoire et le force à agir selon les intérêts du parti. Il va donc servir les intérêts du parti, mais entre-temps Christine est tombée amoureuse de Don Lowry, le jeune frère de Nan qu’elle a endoctriné pour en faire un militant communiste. Cela lui fera ouvrir les yeux sur le parti et son rôle néfaste dans la vie des gentils américains.
Vanning oblige Brad à œuvrer pour le parti
Vanning n’aimant pas du tout que Christine lui échappe va faire assassiner Don Lowry. Nan se lance alors sur la piste du tueur, Baimley, et tout finira dans un ultime règlement de compte qui amènera Brad à avouer qu’il fut communiste, mais il se rachètera en détruisant le réseau communiste, retrouvant ainsi l’estime de sa femme avant de mourir.
Il y a plusieurs façons de lire ce film : d’abord, le message le plus apparent, les communistes sont mauvais et n’hésitent pas à tuer ceux qui s’opposent à eux. Leurs tueurs ne fonctionnent même pas à l’idéologie, mais plutôt au pognon. Le sinistre Bailey en réclame toujours un peu plus. Ensuite il y a une lecture de la lutte des classes, ce qui est sans doute le plus original dans ce film où l’on fait l’effort de comprendre ce qui pourrait bien attirer les travailleurs dans les idées communistes. Bien sûr les conditions de travail sont dures, et les salariés ont des revendications à faire valoir, mais la solution est dans le compromis de classe : il faut que les syndicats comme les armateurs fassent des efforts, l’unité de l’Amérique est à ce prix.
Brad assiste impuissant à l’assassinat d’un communiste par les membres du parti
Et puis il y a les histoires d’amour. Au fond n’est-ce pas ce qui est le plus dangereux pour les idées communistes ? En effet, chaque fois qu’un militant communiste et touché par la grâce de l’amour, il en vient à abandonner les idées communistes. On peut se demander si ce n’est pas là un message à l’attention d’Hollywood, un conseil pratique : si on veut éviter le communisme, il faut bien diffuser les romances à l’eau de rose qui charment le peuple et le tient éloigner de la lutte sociale.
Don se sent trahi par Christine
Le film emprunte beaucoup aux codes du film noir, on insiste sur les choix difficiles, sur l’ambiguïté des uns et des autres, cependant son moralisme un rien frelaté l’en éloigne finalement. Même si la réalisation a disposé de gros moyens, la mise en scène est seulement soignée, sans plus. Au passage on sent la patte d’Alberto S. D’Agostino qui a œuvré dans une quantité industrielle de films noirs. Le scénario souffre d’un manque de crédibilité que ce soit dans la description des manigances des communistes, ou dans la peinture des relations entre les syndicats et le patronat. Cette niaiserie propagandiste est compensée par une sur-dramatisation des situations.
On prétend que le scénario a été proposé par Howard Hugues, cette vieille crapule étant le propriétaire de la RKO, à plusieurs réalisateurs, dont Joseph Losey, pour tester leur patriotisme (sous-entendu leur motivation a lutter contre le communisme). C’est Robert Stevenson dont la carrière est des plus insignifiantes qui s’y est collé. Mais l’ensemble reste mou.
Dans la scène finale, Brad retrouve toute sa virilité et détruit les communistes
La distribution aurait pu être intéressante. On y retrouve plusieurs habitués du film noir. En premier lieu Robert Ryan, sauf qu’ici il a l’air de s’emmerder, il n’est vraiment pas bon, sans doute était-il puni pour avoir dans le passé manifesté des idées de gauche, et obligé par contrat de tourner dans un film qui ne lui plaisait pas. Larraine Day semble manifester un peu plus d’enthousiasme, mais ne sauve pas son rôle de jeune fille bien naïve. Par contre Janis Carter est un peu plus convaincante en Christine, il faut dire qu’elle a un rôle moins monolithique puisque dans le cours du film elle est transfigurée par l’amour. On trouve également l’excellent Thomas Gomez qui va tourner l’année suivante Force of Evil avec John Garfield, film qui sera l’exact contraire dans son esprit de I married a communist. Et puis il y aussi William Talman, cet acteur aux yeux globuleux, toujours à interpréter des canailles un rien psychopathes.
Le film n’a eu aucun succès, comme la plupart des films ouvertement anti-rouge, et c’est pour cette raison qu’il changea de titre. Howard Hugues espérant relancer sa carrière en le rebaptisant d’un titre plus ouvertement anti-communiste. Preuve qu’il ne comprenait pas très bien son public.
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Par alexandre clement le 9 Juin 2014 à 14:15
John Wayne est bien connu pour ses engagements politiques à l‘extrême droite, c’était le Clint Eastwood de l’époque. Ce film de 1952 est assez particulier à plus d’un titre, dans sa fonction comme dans sa forme. D’abord parce qu’il intervient en 1952, comme un soutien à l’HUAC qui est contestée aux Etats-Unis même pour sa violence, son manque de discernement et sa conduite bien peu démocratique. Le film est produit par John Wayne lui-même qui, dans la lutte anti-communiste se sentait investi d’une mission, peut-être parce qu’il n’avait pas fait la guerre, et que cela lui permettait de se racheter. Mais il emprunte aussi des formes au film noir, forme détestée par l’HUAC, forme qui sera quasiment détruite à cause de cette commission justement.
Deux grands couillons débarquent discrètement à Hawaï pour lutter contre le communisme
L’histoire est assez simple, voire simplette, conçue pour la propagande active, pour l’endoctrinement. Deux agents de l’HUAC sont expédiés à Hawaï pour y démanteler un réseau d’espions russes. Car comme l’explique Jim McLain dès le début du film, être communiste, ce n’est pas une opinion politique, c’est être un traitre à sa patrie, c’est être à la solde des Russes dont le seul et unique but est bien sûr de réduire le monde entier en esclavage. L’enquête est banale, mais Big Jim va rencontrer rapidement l’amour en la personne de la jolie Nancy qui tombe elle aussi sous le charme de ce grand niaiseux qu’elle trouve intelligent. C’est dire combien ce film illustre le lieu commun selon lequel les femmes sont folles… d’une manière ou d’une autre. Mais le copain de Big Jim, Mal Baxter, va se faire lâchement assassiner. Evidemment les Américains étant par nature – et aussi parce qu’ils ont le bon droit de leur côté – plus rusés que les Russes, ils finiront par l’emporter.
Le chef des espions russes parle américain avec un fort accent étranger et marche en canard preuve de sa fourberie
Au passage le film aura prouvé que l’HUAC – la Commission des Activités Anti-Américaines – non seulement fait du très bon travail, mais qu’elle a bien le droit puisqu’on est en guerre contre les rouges, de s’asseoir sur les droits de la défense. Bien entendu tout le long du film on aura droit au catéchisme anti-rouge, les professeurs bourrant le mou à noter jeunesse pour mieux miner le système de l’intérieur, ou encore ces parents qui courageusement et après une longue vie de labeur dénoncent leur fils qui a été endoctriné par la propagande communiste. D’ailleurs n’est-il pas syndicaliste ? De même une infirmière d’origine japonaise qui soigne les lépreux – la métaphore entre les lépreux et les communistes est du reste un peu épaisse – n’oublie de « courageusement » dénoncer son ex-mari. Elle a divorcé de lui parce qu’au fond on ne peut pas vivre avec un communiste. C’est donc un film qui appelle à la délation et au repentir pour ceux qui auraient eu l’étrange idée de croire que le communisme pouvait être une alternative politique valable.
Jim McLain a tout de même le temps de nouer une idylle
Le film est une caricature, il n’y a pas de raisonnement, ni même une ébauche d’analyse. Les communistes sont mauvais, un point c’est tout, et on perdrait son temps à chercher à expliquer pourquoi ils le sont devenus. Nancy essaie bien d’avancer des explications par la frustration, mais Big Jim la coupe sèchement, pour pas qu’elle y revienne : il suffit juste de savoir qu’on est en guerre avec eux.
Ce film, plutôt répugnant, est un concentré de John Wayne, la malveillance ajoutée à l’imbécilité. Si son jeu raide et sans finesse peut passer quand il joue les cow-boys mal dégrossi, il ne peut donner le change quand il interprète un enquêteur rusé et plein de finesse. Déjà vieillissant, dans le film il porte une moumoute, il n’a guère de crédibilité en séducteur de la jeune et jolie Nancy Olsen.
Ni fait, ni à faire, le scénario hésite entre le drame, la mort de Mal, et la comédie. On voit Big Jim se marrer comme un bossu quelques instants après avoir montré les mâchoires serrées devant le cadavre de Mal. Des scènes de comédie incongrues, comme la visite d’une sorte d’illuminé qui prétend avoir ses entrées au Kremlin, ou encore les relations entre Big Jim et Madge qui tournent au vaudeville. L’ouverture du film se fait sur les séances de travail de l’HUAC histoire de donner un côté documentaire à cette histoire simplette et sans saveur.
Une sorte de clown se targue d’avoir un contact direct avec Staline
Le film n’eut aucun succès aux Etats-Unis et je crois qu’il n’a jamais été distribué en France. Ce qui montre les limites de la propagande quand elle est aussi mal faite. Qu’espérait donc John Wayne en se lançant dans cette entreprise ? Etre pris pour un politologue ? Un bon américain ? Je n’ai pas assez d’éléments pour comprendre par quelle démarche on peut devenir John Wayne. Je ne suis pas le seul. En 1970 Paul Newman produisait le film de Stuart Rosemberg WUSA qui s’attaquait directement à John Wayne – sous le nom de John Wayno toutefois – le désignant comme le véhicule d’une morale fasciste et raciste. Il n’avait pas tort. D’ailleurs le racisme est omniprésent dans Big Jim McLain. Il nous fait remarquer la haute taille de Big Jim et de son acolyte Mal qui est encore plus grand que lui. C’est une manière de remettre à leur place les asiatiques, ou les Hawaïens qui sont a peine bons à chantonner des petites romances et à se placer sous la protection des « grands » américains.
Big Jim aura finalement le dernier mot
Beaucoup ne veulent pas prendre ce film au sérieux, et avancent qu’on peut tout de même se délecter d’autres films de John Wayne, notamment ceux qu’il a tournés avec John Ford par exemple. Ce n’est pas mon avis. Tout John Wayne est dans Big Jim McLain. Ses autres films ne sont que la même chose en mineur, en plus discret. D’ailleurs quand John Wayne ne combat pas les communistes il combat une autre variété de rouges, les indiens qui sont eux aussi des mauvais américains.
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